L'Europe de L'ouest

Une rupture apparaît clairement dans l'évolution économique et sociale. La "crise", aux origines diverses (chocs pétroliers, début de la mondialisation de la production) affecte principalement les industries traditionnelles (acier, textile, automobile,...), entraînant la disparition massive d'emplois, non compensée par le développement, même spectaculaire, des nouvelles activités (aérospatiale, informatique, ...). La 3e révolution industrielle ne prend pas tout à fait le relais de la deuxième. La situation semble se retourner : ralentissement brutal de la croissance (négative en 1975 et 1982), désindustrialisation (10 points de perdus dans le secteur secondaire entre 1975 et 1995), et explosion du chômage qui met fin au plein emploi. La crise fracture la société, creuse les inégalités entre riches de plus en plus riches et "nouveaux pauvres", frappant d'abord les anciennes villes industrielles et les quartiers de logement social où le taux de chômage peut dépasser 30%. Elle nourrit les violences urbaines au Royaume Uni, en Allemagne ou en France, et nourrit le "hooliganisme" lors des rencontres sportives. L'État, sous l'influence des idéologies libérales de Hayek ou de Friedman, perd peu à peu son rôle de redistributeur ; c'est la fin de l'État-providence et le triomphe de l'individualisme néo-libéral. Mais les années 70 s'inscrivent aussi dans la continuité des 30 Glorieuses. La modernisation agricole achève de marginaliser le secteur primaire. La tertiarisation provoquée par l'explosion des services, seuls créateurs d'emplois désormais, est confirmée. Elle est d'ailleurs souvent liée au développement très rapide des activités de la 3e révolution industrielle (informatique,...) commencée dès avant les années 70 et que dissimule l'apparente désindustrialisation. Enfin, on ne saurait lire la crise dans des indicateurs de niveau de vie : des habitants toujours plus riches et consommateurs de téléviseurs et de voitures, en moyenne, ce qui en dit long sur l'importance de la fracture sociale, la consommation se maintenant surtout grâce au suréquipement des plus riches, alors que des pans entiers de la population sont au contraire privés de l'accès à la consommation, ou deviennent acheteurs exclusifs de produits bas de gamme importés des pays d'Asie, alimentant par là les délocalisations industrielles.