L'hommage à Jean Moulin

Mémoire 1964 - Les cendres de Jean Moulin reposent au Panthéon après avoir reçu, samedi (19 décembre 1964) en présence du général de Gaulle, l'hommage de la nation. Depuis la veille, le cercueil contenant l'urne funéraire était installé sur une estrade recouverte de draperies aux couleurs nationales, dressée devant le monument.. C'est de là que le président de la République, en uniforme, avec le manteau militaire, ayant à ses côtés Mlle Laure Moulin et le premier ministre, a assisté à la cérémonie. Dans quatre grandes tribunes, aménagées à l'entrée de la rue Soufflot et place du Panthéon, les personnalités avaient pris place et une foule nombreuse, contenue par un important service d'ordre, était massée entre le boulevard Saint-Michel et le Panthéon, jusqu'à la rue d'Ulm et à la rue Valette. A 12 h 15, M. André Malraux, qui commandait dans le maquis la brigade Alsace-Lorraine, a prononcé l'éloge funèbre de l'ancien préfet d'Eure-et-Loir, devenu l'unificateur de la résistance intérieure et " le chef d'un peuple de la nuit ". Après cet hommage qui, par-delà la personne de Jean Moulin, est rendu à la Résistance intérieure tout entière, s'élève le Chant des partisans. Puis c'est le défilé des troupes, le dernier hommage de l'armée. Six soldats s'approchent alors du catafalque, placent le cercueil sur leurs épaules et, cependant que la musique de la garde républicaine joue la belle Marche lugubre de Gossec, pénètrent à l'intérieur de l'édifice, où un reposoir a été aménagé, sous le dôme aux quatre piliers réunis par quatre grands arcs. C'est là qu'en attendant d'être déposés à leur place définitives dans la crypte, les restes de Jean Moulin reposeront. Accompagné seulement du premier ministre, du ministre d'Etat chargé des affaires culturelles et du ministre des anciens combattants et victimes de guerre, le général de Gaulle va s'incliner, peu après, devant le cercueil drapé des couleurs nationales. Le Monde du 20 décembre 1964