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L’homme de la Nature Jean GIONO - Texte seul

Publié le 24/03/2020

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giono

L’homme de la Nature

Jean GIONO

1895 - 1970

Regain (1930)

Le Panturle est un homme énorme. On dirait un morceau de bois qui marche. Au gros de l’été, quand il se fait un couvre-nuque avec des feuilles de figuier, qu’il a les mains pleines d’herbe et qu’il se redresse, les bras écartés, pour regarder la terre, c’est un arbre. Sa chemise pend 5 en lambeaux comme une écorce. Il a une grande lèvre épaisse et difforme, comme un poivron rouge. Il envoie la main lentement sur toutes les choses qu’il veut prendre, généralement ça ne bouge pas ou ça ne bouge plus. C’est du fruit, de l’herbe ou de la bête morte ; il a le temps. Et quand il tient, il tient bien.

10 De la bête vivante, quand il en rencontre, il la regarde sans bouger : c’est un renard, c’est un lièvre, c’est un gros serpent des pierrailles. Il ne bouge pas ; il a le temps. Il sait qu’il y a, quelque part, dans un buisson, un lacet de fil de fer qui serre les cous au passage.

Il a un défaut, si on peut dire : il parle seul. Ça lui est venu aussi-15 tôt après la mort de sa mère.

Un homme si gros que ça, ça avait une mère comme une sauterelle. Elle est morte du mal. On appelle ça: «le mal», mais c’est une vapeur; ça prend les gens d’âge, ils ont les «trois sueurs», le «point de côté» puis, ça s’arrache tout, là-dedans, et ils meurent. C’est le sang qui se 20 caille comme du lait.

Regain, Éd. Bernard Grasset.

• Quel rapport le Panturle entretient-il avec la nature?

• En quoi le Panturle est-il un homme étrange?

• Quel est le registre de langue employé? Justifiez votre réponse.

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