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Lionel Jospin, l'homme que l'on n'attendait pas

Publié le 17/01/2022

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2 juin 1997 - Il est des joueurs de tennis qui ne lâchent aucun point, convaincus qu'une partie n'est jamais perdue avant la dernière balle. Ecoeurants à force de ténacité, décourageants de persévérance. Lionel Jospin est de ceux-là. En remportant les élections législatives, le 1er juin, il vient de gagner en cinq sets, au jeu décisif, un match engagé voilà un quart de siècle. Le match d'une vie. La première manche avait été étonnante. En dix ans, mine de rien, Lionel Jospin gravit quatre à quatre tous les échelons du nouveau Parti socialiste jusqu'à en devenir le premier secrétaire en 1981, au seuil de la campagne présidentielle qui conduit François Mitterrand à l'Elysée. D'autres guignaient cette succession. C'est lui qui s'impose. Le deuxième set fut plus tactique. Dès l'automne 1981, L'Express s'interroge : "Est-ce Jospin qui gouverne ?". Prudemment, l'intéressé élude, sans pour autant récuser la question. Rarement à la volée, le plus souvent du fond du court, il défend solidement, relance inlassablement, tente de trouver des réponses au contre-pied de la "rigueur" économique. Et c'est avec un guilleret "Bonjour la vie !" qu'il referme, en 1988, la porte de son bureau de la rue de Solferino pour entrer au gouvernement avec la place de numéro deux, le titre de ministre d'Etat et la charge de l'Education nationale. Certains l'avaient pris, sept ans plus tôt, pour un fondé de pouvoir. Ils en sont pour leurs frais. Puis vint le temps des doutes. Avant comme après le fatidique congrès de Rennes, en 1990, Lionel Jospin hésite, tergiverse, s'englue dans d'inexpiables rivalités. Peu à peu, il agace en haut lieu, et s'agace, impuissant, de ce second septennat qui s'enlise dans l'immobilité, la crise et les affaires. Il décourage ses amis et jusqu'à ses électeurs. Il a perdu la main. Battu aux législatives de mars 1993, il ne lui reste plus qu'un mince titre de gloire : conseiller général de Cintegabelle. L'ancien député de Haute-Garonne connaît, alors, un sévère passage à vide. La droite triomphe, Rocard, Fabius, Emmanuelli et quelques autres s'étripent sans vergogne. Lui reste sur la touche, hors jeu, l'oeil aux aguets mais les bras ballants, sur le point de tout perdre. Arrive enfin ce cinquième set mirobolant : une déclaration de candidature présidentielle, en janvier 1995, qui laisse sur place les derniers Mohicans d'un PS en perdition, un triomphe auprès des militants qui l'intronisent un mois plus tard, la divine surprise du 23 avril où il distance les duettistes de la droite, une défaite "pleine d'avenir" le 7 mai, un retour sans bavure rue de Solferino à l'automne, la patiente remise en état de marche du parti depuis, et cette campagne législative très "force tranquille" qui vient de le conduire jusqu'à l'hôtel Matignon. Tout cela est banal, dira-t-on, chez un politique de haut niveau. Avant lui, un Mitterrand ou un Chirac n'ont-ils pas connu, eux aussi, ces septennats de doute, ces solitudes, ces espoirs, ces victoires effleurées et échappées, ces KO que l'on croyait irrémédiables ? N'ont-ils pas su, de la même façon, rebondir, se libérer, l'emporter ? Sans doute. D'entrée de jeu, pourtant, il y a quelque chose de singulier dans le parcours de Lionel Jospin. Voilà vingt ans, en effet, que cet homme est sous-estimé par la plupart de ses adversaires et par bon nombre de ses "amis". Jacques Chirac vient d'en faire l'amère expérience, lui qui croyait le patron du PS en perte de vitesse et qui voyait en lui un indécrottable "archaïque", dépourvu de tout "charisme". Georges Marchais fut le premier à l'apprendre à ses dépens un soir d'avril 1980, en direct à la télévision. Le bouillant secrétaire général du Parti communiste croit moucher ce blanc-bec en lançant, péremptoire, qu'il n'y a pas de travailleurs à la tête du PS. La réplique est sans appel : "Moi, aujourd'hui, j'ai donné des cours. Vous, ça fait trente ans que vous n'avez pas été en usine." L'habitude de jouer en contre, déjà... Marchais aurait dû se souvenir que, depuis six ans déjà, Jospin était chargé par François Mitterrand de suivre les relations entre les deux partis de gauche et de piloter, à ses côtés, cette union qui est un combat. Il aurait dû se rappeler que, dès l'été 1977, celui qui n'était pas encore numéro deux du PS signait, à la une du Monde, des lignes cinglantes, fustigeant un "partenaire communiste" à peine sorti de "la longue nuit du stalinisme", mais "donneur de leçons, critique sans nuance, fort complaisant pour lui-même". Un partenaire dont il n'acceptait "ni les semonces ni les sermons". Un peu plus tard, quelques caciques socialistes commettent la même erreur de prendre Jospin à la légère. Le congrès extraordinaire de Créteil, en janvier 1981, vient d'officialiser la candidature de François Mitterrand à la présidence de la République et de porter Lionel Jospin à la tête du parti. Louis Mermaz donne alors la parole au nouveau "premier secrétaire par intérim". Savoureux lapsus que Mitterrand se charge immédiatement de relever à la tribune : "C'est une tâche qui n'est pas, dans mon esprit, un intérim", avant de faire l'éloge de son successeur, cet "homme capable de remplir les plus hautes fonctions", même s'il n'est "pas le seul", et qui "se trouve, comme on dit, en situation". Plusieurs mirent des années à admettre, s'ils l'ont jamais admis, que Jospin n'était pas seulement "un collaborateur de Mitterrand qui gardait le parti", selon la formule de Pierre Joxe. Au milieu des années 80, Laurent Fabius tombe dans le même piège. Depuis 1981, pourtant, Lionel Jospin a assis son autorité. Deux ans après Valence et ses coupeurs de têtes, il s'est imposé, au congrès de Bourg-en-Bresse, rassemblant derrière lui tous les courants du PS et transformant en parti de gouvernement un mouvement initialement construit pour la conquête du pouvoir. Mieux, depuis que François Mitterrand est installé à l'Elysée, Jospin est abonné, tous les mardis, au petit déjeuner à l'Elysée avec le président et le premier ministre et, le mercredi, au déjeuner avec les hiérarques socialistes. Ecouté et consulté, il est associé à toutes les grandes décisions : à l'été 1984, c'est avec lui et Michel Charasse que le chef de l'Etat conçoit la contre-offensive qui le tirera du guêpier scolaire, comme il sera plus tard, à l'été 1987, mis dans la confidence par Mitterrand de l'intention de celui-ci de se représenter à l'élection présidentielle. Fabius n'en a cure. En ce printemps 1985, le jeune premier ministre se sent le vent en poupe. Les législatives approchent, il fonce, prépare à Matignon une campagne à l'américaine, est reçu en fanfare, à Marseille, par Gaston Defferre et évoque déjà, au-delà du PS, le rassemblement d'un front républicain. A ses yeux, le parti assurera l'intendance. Du moins est-ce ainsi que le comprend le premier secrétaire, ulcéré. Le choc est frontal. Intraitable, Jospin revendique pour le parti, et donc pour lui-même, la maîtrise de la campagne, menace de remettre son mandat en jeu, en appelle au comité directeur. Fabius tente, non sans succès, de l'enfermer dans le personnage d'un homme d'appareil trop raide, vieux jeu et susceptible. Il faudra un arbitrage présidentiel, qui coupe la poire en deux, pour que cette empoignade publique s'apaise. Mais la fracture est là : en négligeant Jospin, en le prenant de haut, Fabius a fait naître un redoutable rival et déclenché une vendetta où le PS s'épuisera pendant dix ans. Lionel Jospin, lui, va s'y consumer. Au point de démobiliser jusqu'à ses proches. Le scénario se met en place dès 1988. Il va inlassablement nourrir la guerre des héritiers. Le premier secrétaire a annoncé, le 18 février, son intention d'abandonner ses fonctions après l'élection présidentielle. Il a le sentiment, depuis sept ans, d'avoir rempli son contrat et a épuisé les charmes des commissions des résolutions au cours des longues nuits de congrès. De l'action gouvernementale, il attend d'autres expériences, d'autres légitimités. Rapidement, Laurent Fabius se porte candidat à sa succession. Il dispose du soutien de François Mitterrand, croit la partie gagnée. Déjà la tête au gouvernement, Jospin, "n'est pas tenté de s'y opposer", selon sa propre expression. Par respect pour François Mitterrand, il incline à laisser faire. Mais par fidélité à ses amis, au premier rang desquels Henri Emmanuelli, il rechigne à l'idée d'offrir à son rival pareil tremplin pour l'avenir. Hésitant à trancher, il louvoie et choisit la plus mauvaise solution : il laisse les siens pousser la candidature de Pierre Mauroy, sans pour autant prendre la tête de la fronde. Dans la nuit du 13 mai, salle Clemenceau, au Sénat, Mauroy l'emporte. Mais le résultat est catastrophique : la famille mitterrandiste est déchirée en deux camps hostiles. Fabius se sent floué et n'aura de cesse de prendre sa revanche. Ses partisans dénoncent la duplicité de Jospin. Quant aux amis de ce dernier, ils ont mesuré, pour la première fois, l'indécision de leur chef de file. Deux ans plus tard, le même mauvais film se reproduira, cette fois-ci sur l'écran géant du congrès de Rennes. Devant l'offensive de Fabius, Jospin renonce à aller jusqu'au bout d'une alliance avec Mauroy, Rocard et Chevènement. Il redoute le divorce avec Mitterrand, l'éclatement du parti. Dès lors, insidieusement, l'affaire est entendue. Pour ses lieutenants, Jospin n'est pas capable de sauter le pas d'une rupture franche, il n'assume pas le rôle de chef de bande. Et tandis que Fabius cajole ses partisans et consolide ses positions, lui rudoie les siens et veut refuser une logique clanique. La pente paraît inexorable : Charles Pasqua avait traité Jospin de "toquard", Jack Lang le qualifiera de "loser". En 1992, il est congédié du gouvernement Bérégovoy. En 1993, après son échec aux législatives, il abandonne toute responsabilité au sein du PS, n'assiste pas au putsch qui dépose Fabius et porte Rocard à la tête du parti. Un an plus tard à La Villette, ostensiblement, il ne prendra pas part au vote qui sanctionne Rocard et le remplace par Henri Emmanuelli. En novembre 1994 encore, hormis pour une poignée de fidèles, il présentera dans l'indifférence sa contribution solitaire au congrès de Liévin. La plupart de ses anciens amis se sont lassés de ses atermoiements, de son "égocentrisme", disent-ils, de ses sautes d'humeur, de ses éclipses. Eux aussi ont fini par le sous-estimer. Il se chargera de les détromper, quelques semaines plus tard, en obtenant haut la main l'onction des militants à sa candidature présidentielle. Il y a donc un mystère Jospin. Car c'est cet intérimaire besogneux de 1981, cet apparatchik rigide de 1985, ce "loser" solitaire de 1993, bref, ce "pauvre Lionel", qui vient, en l'espace de deux ans, de redonner l'espoir à la gauche, puis de faire subir à la droite la plus invraisemblable défaite qui se puisse concevoir. Faut-il voir là la preuve d'un ego hors du commun, de cette ambition obsédante qui permettrait seule d'entrer dans le cercle très fermé des premiers rôles en politique ? L'explication est courte. Bien sûr, les témoignages abondent d'un orgueil à fleur de peau, et de la certitude de pouvoir se trouver, un jour, "en situation" pour les plus hautes fonctions. Dès 1981, ne répond-il pas, sibyllin, à une question sur son avenir : "Quant aux destins individuels, ce n'est pas la proclamation qui les détermine. Laissez faire le temps !" Au début des années 90, rappelle l'un de ses proches, "à chaque fois qu'on lui disait ``Il faut y aller``, il répondait : ``Je ne souffre d'aucun complexe, j'ai autant de qualités que les autres, mais il faut une situation et, le jour où elle se présentera, je la saisirai. Je n'ai pas besoin, d'ici là, de prendre la posture du présidentiable``." En mars 1995, encore, évoquant l'élection présidentielle, il confiait : "C'est une chose que j'avais en arrière de la tête comme possible. Mais sans spéculer là-dessus." Même au lendemain de mars 1993, quand il annonce son intention de se tenir "éloigné, pour un temps, de l'action publique" et fait savoir au ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, qu'il est prêt à regagner son corps diplomatique d'origine et à accepter un poste à l'étranger, il n'a que très fugitivement l'envie de refaire sa vie professionnelle et publique, en même temps que sa vie privée. Et ce n'est pas récrire l'Histoire à la lumière de 1995 que de souligner qu'il ne décrochera jamais. Il est vrai qu'il se retrouve, pendant près de deux ans, décalé, isolé, comme absent, rejeté par ses propres amis qui se sont lassés de l'attendre. Mais il n'a pas renoncé à la politique, ni à l'espoir de revenir sur le devant de la scène. Aurait-il, autrement, patiemment travaillé, à l'automne 1993, à la préparation des Assises de la transformation sociale ? Aurait-il alors reçu, un à un, chez lui, les responsables de la famille communiste, orthodoxes et refondateurs, tous les chefs de file de la galaxie écologiste, des syndicalistes, des responsables du mouvement associatif ? Aurait-il, sinon pour préserver l'avenir, cherché ainsi à réconcilier le socialisme avec la gauche profonde ? Aurait-il, enfin, consacré de longues semaines, à la mi-1994, à mûrir sa contribution au congrès de Liévin ? Contribution de témoignage, sans doute, mais aussi de recours. Toute la suite y est écrite. "Je ne partirai pas, pour conduire ma réflexion, d'un discours général sur le libéralisme, ni même sur les problèmes économiques, pour importants qu'ils soient. J'examinerai d'abord les conditions mêmes d'élaboration de notre politique. Car, à mon sens, tout part de là", y écrit Lionel Jospin en introduction. C'est la logique même du discours de politique générale du premier ministre Jospin, à la tribune de l'Assemblée nationale, le 19 juin 1997. Quant aux propositions alors formulées pour "changer le style du pouvoir", pour "rebâtir une éthique républicaine", pour "centrer la politique économique sur la croissance et sur l'emploi" ou pour "recentrer notre politique européenne", elles esquissent déjà, dans bien des cas, le programme de l'actuel gouvernement. Autrement dit, "Lionel Jospin est peut-être devenu, depuis 1995, le candidat du possible par défaut", comme le note joliment l'un de ses détracteurs au PS. Mais ce n'est pas faute de s'y être préparé et de n'avoir jamais cessé d'y croire. Et d'y croire pas seulement pour lui-même. Car cet homme, qui décourage encore les caricaturistes, n'a jamais construit sa vie comme un roman. Pas davantage comme un plan de carrière. "Contrairement à d'autres, il n'est pas écrit sur son front ``Je veux le pouvoir``, même si, bien évidemment, c'est dans sa tête", note Gérard Le Gall, l'un de ses proches, aujourd'hui conseiller à l'hôtel Matignon. Et quand on lui demande quelle est sa philosophie de l'Histoire, il répond, en septembre 1994, alors que la pression enfle en faveur d'une candidature de Jacques Delors : "Je crois certes au rôle des individus; je ne crois pas aux hommes providentiels. Pas plus pour sauver la gauche que pour autre chose." A l'aventure individuelle, Lionel Jospin a, dès l'origine, préféré l'aventure collective. Avec une famille : la gauche. Une maison : le Parti socialiste. Un mentor : Mitterrand. Une obsession : donner un sens à la politique. La gauche, c'est d'abord une affaire de famille. "Du fait de nos parents, nous nous sommes trouvés, très jeunes, de plain-pied avec les inégalités et la violence sociales", note Noëlle Chatelet, l'une des soeurs de Lionel, en évoquant les tournées de sage-femme de la mère, Mireille, et les jeunes de milieux défavorisés qui étaient accueillis dans les centres pour enfants difficiles dont le père, Robert, a été responsable après-guerre. "Nos parents n'ont pas eu la volonté de nous donner une éducation politique, ajoute Olivier, le frère de l'actuel premier ministre; mais il restait de leur protestantisme d'origine une morale laïque très forte, et nous avons baigné dans un formidable réseau d'amitiés, dans toute la France." Quand on l'interroge sur son implantation rapide, presque naturelle, au coeur du Parti socialiste dans les années 70, alors qu'il n'avait adhéré au PS qu'au lendemain du congrès d'Epinay, à trente-quatre ans, Lionel Jospin l'admet sobrement : du fait de son père, il était "considéré comme du sérail". "La racine paternelle le rattachait à la tradition du monde ouvrier", ajoute Pierre Mauroy. Adhérent à la SFIO dès 1924, candidat aux législatives dans l'Indre en 1936, franc-maçon, anti-communiste, tribun et séducteur, ce père, en effet, ne peut laisser indifférent. Pacifiste viscéral, munichois, il suit Paul Faure et, sans verser dans la collaboration active, acceptera des responsabilités municipales à Meudon, en avril 1944. Cela vaudra à Robert Jospin d'être exclu de la SFIO en 1945, et il devra attendre dix ans pour être réintégré dans la "vieille maison". Fidèle, alors, à Guy Mollet, il deviendra, jusqu'en 1965, secrétaire de la fédération de Seine-et-Marne, avant de s'éloigner et de retrouver sa fibre libertaire, au moment précis où son fils adhère au PS nouveau de François Mitterrand. Suez, Budapest, l'Algérie : l'Histoire et la politique s'invitent sans détours à la table familiale des Jospin. Dans ce premier bain politique s'entrecroisent bien des racines de la gauche, des anciens pivertistes comme Colette Audry aux écologistes avant l'heure comme René Dumont, du socialisme de préaux aux révoltes humanistes. Sciences-Po et la cité universitaire d'Antony haut lieu étudiant, militant et tiers-mondiste de cette fin des années 50 sont le second melting pot où Lionel Jospin aiguise ses convictions. Il n'a pas eu vingt ans dans les Aurès, mais il est, profondément, de cette génération-là, portée par l'UNEF et le refus de cette sale guerre. De façon tout à fait symptomatique, son premier engagement véritablement politique le conduit, en 1959, à l'Union de la gauche socialiste (UGS). L'ambition affichée de ce petit mouvement, qui se fondra un peu plus tard dans le PSU, est de refonder une nouvelle gauche, à égale distance de l'opportunisme de la SFIO et du stalinisme du Parti communiste. S'y retrouvent des chrétiens de gauche et des intellectuels marxistes, d'anciens compagnons de route du PC, des socialistes dissidents, des trotskistes à la recherche d'un point d'appui, tous en quête d'union de la gauche. Le service militaire en Allemagne, la scolarité à l'ENA, le Quai d'Orsay, où il entre en 1965 à la direction des affaires économiques et financières, l'éloignent du militantisme. Jospin ne suit pas Jean-Pierre Chevènement, son condisciple à l'ENA, quand celui-ci l'invite à se joindre à l'aventure du CERES, car cela aurait signifié adhérer à la SFIO. Il esquive également les avances de Pierre Joxe, qui l'a repéré au Quai d'Orsay, et souhaite l'attirer vers la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand. Il faudra qu'il voie passer mai 68 sous ses fenêtres de haut fonctionnaire, qu'il quitte la diplomatie, où il se sent piégé et bridé, qu'il entame une vie d'enseignant d'économie à l'IUT de Sceaux, et enfin que l'unité de la famille socialiste se reforme à Epinay pour que Lionel Jospin se sente disponible. A-t-il pour autant abandonné toute tentation politique pendant ces dix ans ? On en doute. Il suffit, pour s'en convaincre, de mesurer avec quelle rapidité il est repéré par Mitterrand, intégré au groupe des experts qui entoure celui-ci, promu d'un seul coup, deux ans après son adhésion, au secrétariat du Parti, au bureau exécutif et au comité directeur. Certes, souligne un Georges Sarre, alors membre du secrétariat, il faut se rappeler combien Mitterrand était alors avide de voir naître une nouvelle génération de socialistes et prêt à faire confiance à de nouveaux talents; il recevait longuement chacun, sondait, discutait, testait. Et Jospin avait, chacun l'admet, les qualités requises : "socialiste authentique", selon Gilles Martinet, "intelligent, travailleur, disponible", selon Pierre Joxe, d'une "loyauté absolue", selon Pierre Mauroy. Cela suffisait-il pour que Mitterrand lui confie, en 1974, une part de son domaine réservé : le dossier-clé des relations avec les communistes, où se joue l'avenir de la gauche ? A cette question, la rumeur a répondu depuis longtemps : si Jospin possédait cette solide culture de gauche et cette pugnacité à l'égard des communistes, si Mitterrand était sûr qu'il "était le seul qui ne se cacherait pas sous la table si les communistes tapaient dessus", n'est-ce également parce qu'il était passé par la meilleure école contre le stalinisme : le trotskisme, et plus précisément sa branche lambertiste, née après une scission en 1953, l'Organisation communiste internationaliste (OCI) ? C'est même, dit-on, "en service commandé" qu'il aurait adhéré au PS, à l'instigation de la direction de l'OCI. Celle-ci avait misé sur la rénovation du PS autour de la vieille garde molletiste et d'Alain Savary, où elle ne manquait pas d'antennes, et se serait retrouvée fort dépourvue, au lendemain d'Epinay, devant la victoire de François Mitterrand. Il est vrai qu'en 1970-1971 l'OCI est tout sauf une organisation "gauchiste". Elle se démarque au contraire avec vigueur des groupuscules qui pullulent au lendemain de mai 68 et cherche avec insistance à se faire reconnaître par les organisations "ouvrières", principalement le PC et le PS, pour constituer avec elles un "front unique ouvrier". Cette thèse est donc plausible. Elle se nourrit de témoignages de première main. Ainsi celui de Boris Fraenkel, un militant internationaliste atypique, intellectuel plutôt libertaire, qui s'était chargé de recruter, pour les lambertistes, des militants parmi les étudiants, notamment à l'Ecole nationale du sport et de l'éducation physique, où Lionel Jospin est surveillant, tout en préparant l'ENA, en 1960. Fraenkel assure l'avoir alors repéré et "formé". Resté en contact étroit avec Jospin jusqu'au milieu des années 60, il admet cependant que le futur haut fonctionnaire n'avait pas été intégré formellement à l'OCI. Deux autres témoignages portent sur la période qui suit le départ de Jospin du Quai d'Orsay. A la suite de ce changement de cap brutal, il aurait alors été durant deux ans beaucoup plus actif dans l'organisation, prenant le pseudonyme de "Michel", mais toujours dans une position relativement discrète, comme la plupart des fonctionnaires qui militaient dans le secteur recherche et enseignement de l'OCI. Cette thèse, cependant, bute sur deux objections majeures. Hormis Fraenkel, les deux témoins précis de cette période de toute façon antérieure à l'adhésion de Jospin au PS refusent que leur nom soit divulgué. Pourquoi ? D'autre part, Lionel Jospin lui-même, s'il n'a jamais contesté avoir été en contact, voire en sympathie, avec des trotskistes, à l'UGS fort logiquement, puis à nouveau en 1969-1970, a toujours démenti avoir appartenu à l'organisation lambertiste et expliqué qu'il y avait confusion avec son frère, Olivier, effectivement membre très actif de l'OCI jusqu'au milieu des années 80. "Un homme n'est pas ce qu'il cache. Il est ce qu'il fait." Cette phrase d'André Malraux est la vraie réponse, qui rend les choses on ne peut plus simples : Lionel Jospin a toujours été et reste, profondément, un homme de gauche. "Si certains mots sont morts, d'autres ne demandent qu'à revivre. Et le mot ``gauche`` est de ceux-là", écrivait-il en 1991 dans L'Invention du possible. N'est-il pas, aujourd'hui, le premier chef d'un gouvernement d'union de la gauche depuis 1984 ? Cette frontière entre la gauche et la droite, qui partage la vie politique française depuis deux siècles, il l'assume, la revendique même, quitte à apparaître, plus souvent qu'à son tour, comme le héraut d'une gauche passéiste, évidemment réfractaire à un populisme à la Tapie, mais tout aussi méfiante devant toute tentation d'ouverture au centre, cet espace "introuvable". La gauche, ce "rêve d'avenir", est le socle qui lui a permis de tenir, même aux moments de plus grand doute. Le Parti socialiste est l'autre armature, l'autre armure de Jospin. Mais le parti conçu comme creuset d'élaboration collective et de fraternité militante, comme instrument de mobilisation des énergies pour conquérir le pouvoir et des compétences pour l'exercer, le parti comme lieu de débat et d'arbitrage, sur de vraies divergences politiques le cas échéant, et non ce PS déchiré de rivalités et de soupçons dont Rennes est le symbole. Lui oppose-t-on, aujourd'hui comme hier, sa réticence à bousculer le PS pour le "moderniser" ? Il rappelle la mutation conduite, à partir de 1981, sous sa houlette, pour faire l'apprentissage d'un parti de gouvernement qui ne soit pas "godillot". Lui reproche-t-on, d'un autre côté, la difficulté du PS à accompagner le "mouvement social" ? Il oppose la nécessité de rompre avec une certaine culture révolutionnaire, sans renoncer aux valeurs de la gauche. Lui objecte-t-on les guerres claniques où il fut, bon gré mal gré, en première ligne ? Il a beau jeu de brandir les congrès de Bourg-en-Bresse, de Toulouse ou de Lille quand il était premier secrétaire, dont les orientations avaient été adoptées à l'unanimité; et plus encore le rassemblement de tous les socialistes réalisé depuis son retour rue de Solferino en 1995. "Nous sommes la colonne vertébrale du PS. Ne comptez pas sur moi pour casser l'ossature du parti", a-t-il toujours répondu à tous ceux qui le poussaient à organiser ses troupes. "Par choix, Jospin était contre l'idée même de monter des réseaux, de s'assurer des clientèles. Ce que l'on a appelé son courant n'a jamais vraiment existé, c'était le foutoir, surtout comparé à la machine impeccable construite par Fabius", note l'un de ses proches. Et un autre ajoute : "Lionel voulait bien être un chef de clan si le clan était à 60 % et lui en situation de fédérateur." La volonté obstinée de ne pas s'écarter de cette position centrale, en surplomb en quelque sorte, ressemble à s'y méprendre à celle qu'avait adoptée François Mitterrand durant les années 70 et que le jeune secrétaire du parti avait vu se construire, sous ses yeux, de congrès en congrès, de Grenoble (1973) à Metz (1979), au gré des coalitions et des alliances, invariable dans la stratégie, ductile dans la tactique. Sans doute est-ce là la première part de l'héritage que Lionel Jospin a recueilli du refondateur du PS. Ce n'est pas la seule. Jospin n'a pas tout appris de Mitterrand, mais il a tout appris auprès de lui. Très tôt s'est installée entre les deux hommes non pas cette affection complaisante ou courtisane dont Mitterrand ne détestait pas s'entourer, mais une profonde connivence politique, doublée chez l'un d'une loyauté sans faille, chez l'autre d'une totale confiance. Bien sûr, il y aura les libertés, puis les distances prises peu à peu par le plus jeune. Il y aura cette déclaration presque iconoclaste, et pourtant d'évidence, en 1991 : "Il y a une espèce de dialectique : ce n'est pas simplement M. Mitterrand qui a fait le PS; c'est aussi le parti socialiste qui a fait M. Mitterrand, en tout cas le François Mitterrand d'après 1971". Puis viendra le "droit d'inventaire" revendiqué par Jospin, sur le second septennat notamment. Ou encore, le "On voudrait rêver d'un itinéraire plus simple et plus clair...", au moment où le livre de Pierre Péan crée la polémique sur la jeunesse de François Mitterrand. Certes. Mais la connivence initiale ne s'est jamais vraiment démentie. Sur la politique considérée comme une forme d'art, sur le sens du temps et de la durée, sur l'analyse minutieuse des rapports de force, sur la recherche des points d'équilibre, ils ont partagé les mêmes intuitions, ont eu la même façon de les rationaliser ensuite. Avec la même façon de parler la politique comme leur "langue maternelle". Et il y a peut-être davantage dans la gratitude lucide mais intacte de Jospin à l'égard de son mentor. Durant vingt-cinq ans ou presque, en dépit des désaccords ou des agacements, Mitterrand fut l'un des rares à ne pas le sous-estimer. Au-delà des disputes d'héritage, tout cela fait de Lionel Jospin le successeur de François Mitterrand. Pour la quatrième fois. Il le fut en 1981 à la tête du PS. En 1995 comme candidat. Depuis, comme chef de l'opposition. Le 1er juin 1997, enfin, comme celui qui aura, après Mitterrand, réussi à battre la droite et à réinstaller la gauche au pouvoir. "En ayant sauvegardé la gauche en 1995, en ayant contribué à redresser le PS, en gagnant en 1997, en somme en prolongeant son action historique, en évitant qu'elle ne se referme comme une parenthèse, je contribue mieux que beaucoup d'autres à donner un sens à l'action de François Mitterrand", constate-t-il aujourd'hui, sans forfanterie. Mais avec une très grande sérénité. Reste l'obsession autour de laquelle s'est construit le parcours de l'actuel premier ministre : donner un sens à la politique, au risque de paraître, aux yeux des cyniques qu'il "déteste", un intellectuel raisonneur et donneur de leçons. Sans doute est-ce sur la conception du pouvoir et de l'action, d'ailleurs, que Jospin s'écarte de Mitterrand. Celui-ci avait réussi la synthèse, à cet égard, d'une conception monarchique et d'une conception révolutionnaire. "La France et, plus encore, la gauche française sont à l'intersection de deux influences : celle de la Révolution, celle de la religion catholique", écrivait Jospin en 1991, et l'on doute qu'il en retirerait un mot aujourd'hui. A cette culture révolutionnaire, réactualisée par 1917, 1936 ou Epinay, "s'accordait très bien, paradoxalement, l'imprégnation catholique de notre société. Dans l'idée de révolution, il y a toujours l'idée de trahison potentielle de la révolution. (...) L'équivalent chrétien de la trahison révolutionnaire, c'est l'idée de la faute qui crée la culpabilité". Et il poursuivait : "Tout autre est la tradition anglo-saxonne ou nordique des pays où le protestantisme domine, où la social-démocratie est forte, où le pouvoir est relativisé plutôt que sacralisé, où le réformisme est revendiqué et non honteux. (...) Introduire la dimension de la faute, du péché en politique, l'idée qu'on ne peut gouverner innocemment, alors que le problème est de fixer les règles d'une éthique de l'action dans une démocratie où la responsabilité des gouvernants peut être mise en cause, est une attitude régressive." L'essentiel est dit pour aujourd'hui et demain. C'est, au fond, le vrai paradoxe de Lionel Jospin : il a été clair, constant, prévisible; il fut pourtant à chaque étape décisive, et jusqu'à celle qui s'est ouverte pour lui le 21 avril, l'homme que l'on n'attendait pas. GERARD COURTOIS Le Monde du 4 juillet 1997

« les courants du PS et transformant en parti de gouvernement un mouvement initialement construit pour la conquête du pouvoir.Mieux, depuis que François Mitterrand est installé à l'Elysée, Jospin est abonné, tous les mardis, au petit déjeuner à l'Elysée avecle président et le premier ministre et, le mercredi, au déjeuner avec les hiérarques socialistes.

Ecouté et consulté, il est associé àtoutes les grandes décisions : à l'été 1984, c'est avec lui et Michel Charasse que le chef de l'Etat conçoit la contre-offensive qui letirera du guêpier scolaire, comme il sera plus tard, à l'été 1987, mis dans la confidence par Mitterrand de l'intention de celui-ci dese représenter à l'élection présidentielle. Fabius n'en a cure.

En ce printemps 1985, le jeune premier ministre se sent le vent en poupe.

Les législatives approchent, ilfonce, prépare à Matignon une campagne à l'américaine, est reçu en fanfare, à Marseille, par Gaston Defferre et évoque déjà,au-delà du PS, le rassemblement d'un front républicain.

A ses yeux, le parti assurera l'intendance.

Du moins est-ce ainsi que lecomprend le premier secrétaire, ulcéré.

Le choc est frontal.

Intraitable, Jospin revendique pour le parti, et donc pour lui-même, lamaîtrise de la campagne, menace de remettre son mandat en jeu, en appelle au comité directeur.

Fabius tente, non sans succès,de l'enfermer dans le personnage d'un homme d'appareil trop raide, vieux jeu et susceptible.

Il faudra un arbitrage présidentiel,qui coupe la poire en deux, pour que cette empoignade publique s'apaise.

Mais la fracture est là : en négligeant Jospin, en leprenant de haut, Fabius a fait naître un redoutable rival et déclenché une vendetta où le PS s'épuisera pendant dix ans. Lionel Jospin, lui, va s'y consumer.

Au point de démobiliser jusqu'à ses proches.

Le scénario se met en place dès 1988.

Il vainlassablement nourrir la guerre des héritiers.

Le premier secrétaire a annoncé, le 18 février, son intention d'abandonner sesfonctions après l'élection présidentielle.

Il a le sentiment, depuis sept ans, d'avoir rempli son contrat et a épuisé les charmes descommissions des résolutions au cours des longues nuits de congrès.

De l'action gouvernementale, il attend d'autres expériences,d'autres légitimités.

Rapidement, Laurent Fabius se porte candidat à sa succession.

Il dispose du soutien de François Mitterrand,croit la partie gagnée. Déjà la tête au gouvernement, Jospin, "n'est pas tenté de s'y opposer", selon sa propre expression.

Par respect pour FrançoisMitterrand, il incline à laisser faire.

Mais par fidélité à ses amis, au premier rang desquels Henri Emmanuelli, il rechigne à l'idéed'offrir à son rival pareil tremplin pour l'avenir.

Hésitant à trancher, il louvoie et choisit la plus mauvaise solution : il laisse les sienspousser la candidature de Pierre Mauroy, sans pour autant prendre la tête de la fronde.

Dans la nuit du 13 mai, salleClemenceau, au Sénat, Mauroy l'emporte.

Mais le résultat est catastrophique : la famille mitterrandiste est déchirée en deuxcamps hostiles.

Fabius se sent floué et n'aura de cesse de prendre sa revanche.

Ses partisans dénoncent la duplicité de Jospin.Quant aux amis de ce dernier, ils ont mesuré, pour la première fois, l'indécision de leur chef de file.

Deux ans plus tard, le mêmemauvais film se reproduira, cette fois-ci sur l'écran géant du congrès de Rennes.

Devant l'offensive de Fabius, Jospin renonce àaller jusqu'au bout d'une alliance avec Mauroy, Rocard et Chevènement.

Il redoute le divorce avec Mitterrand, l'éclatement duparti.

Dès lors, insidieusement, l'affaire est entendue.

Pour ses lieutenants, Jospin n'est pas capable de sauter le pas d'une rupturefranche, il n'assume pas le rôle de chef de bande.

Et tandis que Fabius cajole ses partisans et consolide ses positions, lui rudoieles siens et veut refuser une logique clanique. La pente paraît inexorable : Charles Pasqua avait traité Jospin de "toquard", Jack Lang le qualifiera de "loser".

En 1992, il estcongédié du gouvernement Bérégovoy.

En 1993, après son échec aux législatives, il abandonne toute responsabilité au sein duPS, n'assiste pas au putsch qui dépose Fabius et porte Rocard à la tête du parti.

Un an plus tard à La Villette, ostensiblement, ilne prendra pas part au vote qui sanctionne Rocard et le remplace par Henri Emmanuelli.

En novembre 1994 encore, hormis pourune poignée de fidèles, il présentera dans l'indifférence sa contribution solitaire au congrès de Liévin.

La plupart de ses anciensamis se sont lassés de ses atermoiements, de son "égocentrisme", disent-ils, de ses sautes d'humeur, de ses éclipses.

Eux aussiont fini par le sous-estimer.

Il se chargera de les détromper, quelques semaines plus tard, en obtenant haut la main l'onction desmilitants à sa candidature présidentielle. Il y a donc un mystère Jospin.

Car c'est cet intérimaire besogneux de 1981, cet apparatchik rigide de 1985, ce "loser" solitairede 1993, bref, ce "pauvre Lionel", qui vient, en l'espace de deux ans, de redonner l'espoir à la gauche, puis de faire subir à ladroite la plus invraisemblable défaite qui se puisse concevoir.

Faut-il voir là la preuve d'un ego hors du commun, de cetteambition obsédante qui permettrait seule d'entrer dans le cercle très fermé des premiers rôles en politique ? L'explication est courte.

Bien sûr, les témoignages abondent d'un orgueil à fleur de peau, et de la certitude de pouvoir setrouver, un jour, "en situation" pour les plus hautes fonctions.

Dès 1981, ne répond-il pas, sibyllin, à une question sur son avenir :"Quant aux destins individuels, ce n'est pas la proclamation qui les détermine.

Laissez faire le temps !" Au début des années 90,rappelle l'un de ses proches, "à chaque fois qu'on lui disait ``Il faut y aller``, il répondait : ``Je ne souffre d'aucun complexe, j'aiautant de qualités que les autres, mais il faut une situation et, le jour où elle se présentera, je la saisirai.

Je n'ai pas besoin, d'ici là,de prendre la posture du présidentiable``." En mars 1995, encore, évoquant l'élection présidentielle, il confiait : "C'est une choseque j'avais en arrière de la tête comme possible.

Mais sans spéculer là-dessus.". »

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