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M. Chirac et l'écologie

Publié le 17/01/2022

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3 mai 2001 JACQUES CHIRAC s'intéresse-t-il à l'écologie ou aux électeurs écologistes ? Sa conversion aux thèmes de l'environnement manifestée par son discours d'Orléans, jeudi 3 mai, à un an de l'élection présidentielle, est si spectaculaire que la question ne peut manquer d'être posée. Le président de la République peut, comme d'autres, vivre une prise de conscience tardive, accélérée par ce qui ressemble fort aux premières manifestations du réchauffement climatique. Mais cette prise de conscience s'opère dans un contexte de crise de la majorité plurielle : elle apparaît donc aussi comme une opération de récupération politique d'un thème devenu central dans les préoccupations des électeurs. La suite dira si elle est habile. Jacques Chirac est bien placé pour observer les difficultés de Lionel Jospin et du PS à s'approprier un domaine qui ne fait pas partie de leur tradition politique. Il a remarqué, comme tout le monde, les maladresses de Dominique Voynet et des Verts, qui semblent souvent plus motivés par les préoccupations d'appareil ou par les sujets de mobilisation classiques de l'extrême gauche (licenciements, sans-papiers...) : les cafouillages de Dominique Voynet au moment du naufrage de l 'Erika, le silence des Verts face aux inondations sans précédent de la vallée de la Somme l'ont bien montré. Cet éloignement des Verts vis-à-vis de leurs « fondamentaux » est probablement mal perçu par une partie de l'électorat sensibilisé à l'écologie qui a, par exemple, mal reporté ses voix sur les candidats de gauche au second tour des municipales. Le contexte est donc favorable pour tenter d'entraîner la droite sur ce terrain. Le seul problème est que celle-ci est sans doute, spontanément, encore moins écologiste que la gauche. Jacques Chirac lui-même ne craint pas de défendre le principe « pollueurs- payeurs », tout en soutenant une agriculture qui, aujourd'hui, pollue beaucoup plus qu'elle ne paye... Les tentatives de « verdissement » du premier ministre et de sa majorité plurielle, comme celles du président de la République, doivent être mises en regard avec la réalité du terrain. Si Lionel Jospin a incontestablement opéré plusieurs gestes significatifs, les condamnations de la France par Bruxelles pour non-respect des directives de l'environnement, tout comme le jugement récent du tribunal administratif de Rennes, qui a estimé que l'Etat était responsable de la pollution de l'eau en Bretagne, montrent le chemin qui reste à parcourir. M. Chirac est dans la position la plus facile, celle du magistère de la parole, qui n'est pas confronté à l'action. Les électeurs se laisseront-ils convaincre ? S'il réussissait à se faire réélire après avoir notamment enfourché ce nouveau cheval de bataille, oubliera-t-il ses engagements une fois élu, comme il l'avait fait en 1995 avec la « fracture sociale » ? Si tel était le cas, il serait responsable d'une nouvelle déception et d'une désaffection supplémentaire vis-à-vis du politique.

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