Devoir de Philosophie

M. Le Pen cherche en vain à nouer des alliances européennes

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

le pen
21 avril 2002 AU SEIN de l'extrême droite européenne, Jean-Marie Le Pen n'a pas que des amis. Certains responsables de ces partis voisins se refusent en effet à avoir un quelconque lien avec le président du Front national, qu'ils trouvent peu fréquentable. Jorg Haider, l'ancien président du FPÖ autrichien, qui participe à un gouvernement de coalition dans son pays, est de ceux-là. De même que Pim Fortuyn, qui a été assassiné le 6 mai, chef d'une formation d'extrême droite néerlandaise qui a rassemblé 34 % des voix aux élections municipales à Rotterdam en mars 2002, et Karl Hagen, en Norvège, qui n'a pas accepté les félicitations de M. Le Pen après qu'il eut réuni environ 15 % des suffrages aux élections législatives en 1997. « Tout cela montre que la nouvelle respectabilité que M. Le Pen veut se donner n'est pas perçue par nombre de responsables d'extrême droite en Europe » , commente le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite. Le président du FN n'a pourtant jamais ménagé ses efforts pour acquérir une reconnaissance internationale. Au Parlement européen d'abord, sans grand succès : ni le FPÖ autrichien ni le parti du peuple danois n'ont répondu à ses avances. L'Alliance nationale de Gianfranco Fini, en Italie, a été plus coopérative. En 1989, elle a cependant rompu toute relation avec le FN lorsque M. Le Pen a noué une entente avec les Republikaner allemands de l'ancien Waffen SS Franz Schönhuber. Dans une tribune publiée dans Le Monde du 26 juin 1998, M. Fini expliquait l' « impossibilité de définir des valeurs communes avec le FN » , jugé trop raciste. Entre-temps, M. Schönhuber avait lui- même pris ses distances avec M. Le Pen, expliquant, en décembre 1990 : « Nous sommes contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie. » M. Le Pen tente également de rassembler les partis amis des pays européens non représentés au Parlement. En 1995, il crée Euronat, qui regroupe le Vlaams Blok flamand et des partis d'Europe centrale et orientale, comme l'ultra-droite serbe ou le parti national slovaque. « Pour Le Pen, il s'agissait de se donner une stature d'homme d'Etat, explique M. Camus. Même chose pour ses alliés d'Europe centrale et orientale. » Avec la scission du parti lepéniste, fin 1998, le réseau Euronat disparaît quasiment. Ce qui n'empêche pas certains de ses participants d'assister à la convention du FN à Lyon, en février 2002. On y trouve notamment l'allemand Gerhard Frey, président très fortuné du DVU, connu notamment pour ses positions xénophobes et sa volonté de récupérer les territoires perdus par l'Allemagne au sortir de la guerre. « On y trouve aussi le Tchèque Miroslav Sadek, président du SPR qui, lui, est anti-allemand et revendique les Sudètes. On voit que M. Le Pen rassemble des personnalités qui, a priori, n'ont rien pour s'entendre », constate M. Camus. Le MNR de Bruno Mégret n'a pas encore eu le temps de se consacrer à son rayonnement international. Mais le 10 novembre 2001, il a participé à un rassemblement en Autriche, organisé par le rédacteur en chef du journal Zur Zeit , Andreas Mölzer, un cadre du FPÖ. S'y trouvaient aussi plusieurs membres du FPÖ ainsi que le Hongrois Istvan Csurka, chef du parti MIEP, ou encore Filip Dewinter, le dirigeant du Vlaams Blok. Pour M. Camus, « tous appartiennent à des mouvements qui participent ou veulent participer à des coalitions gouvernementales, et nombreux sont ceux qui sont issus des rangs de la droite parlementaire, y compris Csurka, qui a quitté en 1993 le parti de centre droit MDF, et Mégret issu du RPR néogaulliste ». Le FN, qui refuse totalement cette logique, n'était pas invité. VIRGINIE MALINGRE Le Monde du 27 avril 2002

Liens utiles