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marchands (Moyen Âge)

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

marchands (Moyen Âge), au Moyen Âge, intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs, formant bientôt de véritables groupes de pression.

Revivifiée par la fin des Grandes Invasions, à partir du Xe siècle, la structuration des pratiques commerciales, comme la montée en puissance des marchands, se fait en parallèle avec l’évolution de la féodalité.

2   APPARITION D’UN COMMERCE DU NORD

Dès le VIIIe siècle, les échanges entre les Francs et les Frisons sont suffisamment actifs pour que se constituent des trésors en monnaie d’or byzantine, le besant. Au plus fort des Grandes Invasions, les envahisseurs peuvent, à l’occasion, se transformer en fournisseurs (peaux, armes) ou en clients (céréales, boissons, bois). Chez les Vikings, les raids entraînent une vague d’occidentalisation, de christianisation et un enrichissement considérable qui permet de créer dans la Baltique des flux commerciaux intensifs.

Au cours du haut Moyen Âge, le commerce méditerranéen décline au profit de celui du Nord, à la fois maritime et continental. Le besant est progressivement remplacé par des monnaies d’argent : vers 670, les Frisons frappent ainsi des pièces d’argent, marquant la rupture avec la pluriséculaire domination méditerranéenne. Les pôles du commerce sont alors les ports frisons comme Dorestad, ou saxons comme Quentovic, dans le Cotentin.

Si, dans le royaume franc, la ville de Boulogne décline, Nantes et Rouen demeurent les grands ports de la Neustrie. La Meuse, la Moselle et le Rhin sont les axes continentaux de cette nouvelle géographie du commerce.

3   LE MARCHAND MÉDIÉVAL

Au XIe siècle, les marchands commencent à imprimer leur empreinte dans l’histoire politique. En Normandie, Aiulfus domine de sa richesse la ville de Caen, dont il a fait ouvrir les portes à Henri Ier Beauclerc, roi d’Angleterre ; il fonde plusieurs abbayes, dont celle d’Ardenne (1121). À Cambrai, Werimbold s’enrichit en achetant et en revendant récoltes et troupeaux ; il emploie également sa fortune à des fondations pieuses. Forme primitive d’accumulation, le réinvestissement aux XIe et XIIe siècles ne tient pas compte du profit. Les marchands deviennent, du nord au sud de la chrétienté, des notables à côté des patriciens nobles.

La création des consuls (dans le Sud) et des échevins (dans le Nord) permet aux notables roturiers de donner une dimension politique à leur rôle économique. En 1194, Philippe Auguste octroie à Arras une charte qui entérine le rôle politique de ce nouveau patriciat urbain. Après ceux de Rouen, les « marchands de l’eau « de Paris, regroupés dans une hanse, obtiennent la reconnaissance de leur prévôt et de leurs échevins. Dans le Sud, on assiste au même phénomène. Ce nouveau patriciat urbain, allié par mariages aux patriciats nobiliaires, trouve dans le commerce, l’artisanat et les activités bancaires les sources d’une fortune, qu’il place dans l’acquisition de fiefs : les marchands du Moyen Âge sont des aristocrates en puissance.

Leurs relations avec les pouvoirs politiques montrent, de fait, la diversité des situations politiques du monde du négoce : si, à Laon à la fin du XIe siècle, les marchands s’appuient sur les classes populaires pour obtenir de l’archevêque une charte de franchise, en revanche, lors de la révolte des ciompi de Florence, le popolo grasso (opposé au popolo minuto) a recours au mercenariat des condottieri. Nombreux sont également les marchands qui se mettent au service des princes : ainsi, les Zapondi pour les ducs de Bourgogne, Jacques Cœur pour le roi de France Charles VII ou, plus tard, les Fugger pour l’empereur Charles Quint.

4   LES FOIRES

L’avènement des grandes principautés et la relative paix des XIIe-XIIIe siècles permettent une expansion considérable du commerce et une évolution sensible des méthodes. Cette période est l’âge d’or des foires, les plus actives étant celles de Champagne, avec de grands centres comme Troyes, Bar, Provins, Lagny, etc.

Réparties sur l’année, les six foires champenoises accueillent des Italiens, des Flamands, des Français. Les transactions y sont considérables et nécessitent l’édification de bâtiments en pierre pour entreposer les produits, essentiellement textiles ; des consulats représentant les différentes origines des marchands sont installés à demeure ; tout une administration garantit la régularité des échanges. Le succès des foires de Champagne est dû à leur excellente situation géographique, entre pays scandinaves et méditerranéens, mais aussi à une politique systématique de privilèges accordés aux marchands, exonérés des taxes frappant les forains. De plus, la sécurité sur les routes est contrôlée par une police très présente. Les foires de Champagne sont un modèle dont s’inspireront bientôt les places d’échange comme Lyon ou Paris (Saint-Denis), lorsque les foires déclinent à la fin du XIIe siècle.

5   LE GRAND COMMERCE

Après le déclin des foires, les marchands se sédentarisent et développent les transactions à distance. Pour le commerce maritime, le système de la commandise permet de déléguer le frêt à des armateurs, avec lesquels les commanditaires partagent l’investissement initial, la charge d’équiper les navires et d’assurer le transport. Les bénéfices de la transaction, portant sur un voyage, sont ensuite partagés, les trois quarts revenant au prêteur.

Sur terre, il existe deux types de contrats : la societas terrae, assez semblable à la commandise, et la compania, où prêteur et voyageur sont associés pour toutes les phases de la mission — y compris en cas de perte sèche. Les grands négociants florentins (comme les Peruzzi, les Bardi et les Médicis) disposent d’antennes dans toutes les grandes villes de la chrétienté, antennes habilitées à contracter ou à reconduire les commandes, les compagnies ou les sociétés. Quelques tentatives ont lieu pour contrôler d’amont en aval tout le commerce d’un produit : au XIVe siècle, c’est le cas pour l’alun par les Médicis avec l’appui du pape.

6   LES GRANDES INNOVATIONS COMMERCIALES

Avec le déclin de l’insécurité au XIVe siècle et l’accroissement des sommes mises en jeu par le grand commerce, les méthodes de vente se développent.

6.1   Les progrès maritimes

Le grand commerce se fait sur des distances de plus en plus considérables grâce aux progrès techniques de la marine, dus aux Basques, aux Arabes et aux Portugais : boussole, voile latine ou gouvernail d’étambot. Les grandes découvertes commencent à la fin du XIIIe siècle vers l’Asie, l’Afrique, puis les Indes. D’ailleurs, des entreprises aussi spectaculaires que les voyages de Marco Polo attestent du dynamisme des marchands dès le XIIIe siècle. Plus sans doute que les croisés, les marchands ont permis ces découvertes géographiques.

6.2   La lettre de change

Les innovations concernent également l’assurance, qui porte au départ (comme la commande) sur une mission. Après le retour de la monnaie d’or, permettant des spéculations monétaires, apparaît la lettre de change : le tiré prête une somme au bénéficiaire dans un lieu donné, contre une lettre dite « de change « adressée par le prêteur. La somme étant comptée en or et versée dans la monnaie du lieu du prêt, le prêteur peut ainsi jouer sur le différentiel entre les monnaies d’usage. Les lettres, combinant à la fois crédit et change monétaire, font l’objet de transactions et de spéculations.

6.3   La comptabilité

Enfin, la comptabilité en partie double constitue, elle aussi, une véritable révolution, après le « livre secret «, les livres de clientèle, les livres des succursales et les budgets. Ces innovations s’imposent néanmoins lentement : elles sont adoptées au XVIe siècle en France, mais les richissimes négociants toulousains du pastel évitent encore frileusement toute forme de crédit.

De ces progrès s’ensuit une spécialisation du commerce : les « pieds poudrés « sont champenois ou flamands ; les Cahorsins et les Lombards optent pour le prêt, le change, voire l’usure. Le changeur, comme le commanditaire, devient l’une des figures emblématiques du marchand médiéval.

Durant le Moyen Âge, il existe également un commerce de moindre envergure qui dessert pour le quotidien les bourgades et les villes. Mais, par l’éducation et les techniques commerciales utilisées, ces marchands se rapprochent beaucoup plus du petit peuple que de ces grands commerçants.

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