MAURICE BOUCHOR : Chanson provençale

Maurice Bouchor est d'origine provençale. Ses principales oeuvres sont : l'Aurore (1883), les Symboles, 1re et 2e séries (1885-1895), les Chants populaires pour les Écoles, trois séries (1895-1902-1907), Vers la pensée et par l'action (1892), Théâtre pour les jeunes filles (1906), les Poésie de la vie humaine (1906), la Vie profonde (1927). —Toutes ces oeuvres sont d'une haute inspiration : le poète, soucieux de jouer un utile rôle social, y célèbre le travail, la liberté, la concorde, la justice, la patrie. On trouve dans ses poésies, des vers qui, par leur pureté, leur harmonie et leur fluidité, méritent de compter parmi les plus beaux de notre langue.
Véritable apôtre de l'éducation, Maurice Bouchor s'est toujours préoccupé de répandre la joie saine dans l'école, comme d'autre part, il s'est constamment efforcé, par ses conférences et ses lectures, de faire pénétrer le beau dans les milieux populaires.

Chanson provençale (1893).

Soleil de la Provence,
Ardente fleur d'été,
Tu vis ma brune enfance
Grandir en liberté;
Mon âme, quand j'y pense,
Rayonne de clarté.
Souvent au mois splendide
Où brille l'or du grain,
J'allais bien loin sans guide
Cueillir le romarin ;
Dans l'air, d'un bleu limpide,
Soufflait le vent marin.
O pins, sous vos ramures,
Léger fut mon sommeil.
J'aimais vos longs murmures
A l'heure du réveil;
J'aimais les figues mûres,
La grappe au sang vermeil.
Vers toi, Provence aimée,
S'en va mon souvenir,
Vers toi, terre enflammée
Qui sais me rajeunir,
Vers toi, terre embaumée,
Toujours pour te bénir!

(Chants populaires pour les Écoles)