MAURICE MAETERLINCK: Et s'il revenait un jour

Maurice Maeterlinck, né à Gand, en 1862, est aujourd'hui le plus connu et le plus européen des écrivains belges contemporains. Ses principales oeuvres sont : Serres chaudes (1889), Douze chansons (1897), poèmes, — la Princesse Maleine (1889), l'Intruse, les Aveugles (1890), Pelléas et Mélisande (1892), la Mort de Tintagiles (1894), drames, — l'Oiseau bleu (1911), féerie en cinq actes, d'une ravissante imagination, — le Trésor des Humbles (1896), la Sagesse et la Destinée (1898), la Vie des abeilles (1901), l'Intelligence des fleurs (1907), ouvrages philosophiques et moraux, écrits dans une prose rythmée et poétique.
Maeterlinck est un écrivain au talent souple et divers, qui a apporté dans la littérature un art vraiment nouveau. Ses poésies sont empreintes d'une délicate et troublante tristesse. Ses drames laissent en nous l'impression que la vie des hommes est soumise aux influences secrètes du subconscient, que le monde subit la double fatalité de la mort (voir notamment l'Intruse) et de l'amour (voir notamment Pelléas et Mélisande), qu'il est sans cesse en proie "à des puissances invisibles et fatales".

Et s'il revenait un jour (1897).

Et s'il revenait un jour, Que faut-il lui dire?
— Dites-lui qu'on l'attendit
Jusqu'à s'en mourir....
Et s'il m'interroge encore Sans me reconnaître?
— Parlez-lui comme une soeur, Il souffre peut-être....
Et s'il demande où vous êtes,
Que faut-il répondre?....
— Donnez-lui mon anneau d'or,
Sans rien lui répondre....
Et s'il veut savoir pourquoi
La salle est déserte?
— Montrez-lui la lampe éteinte,
Et la porte ouverte....
Et s'il m'interroge alors
Sur la dernière heure?
— Dites-lui que j'ai souri
De peur qu'il ne pleure....

(Douze chansons, Stock, éditeur.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Poésie d'un caractère mystérieux, laissant deviner une grande douleur. — 10 Sous quelle forme est-elle écrite? (Sous celle du dialogue...); Quels sont les deux personnages en présence? (Deux soeurs, vraisemblablement; l'une d'elles est sur le point de mourir, le coeur brisé par une longue attente...) Que lui demande l'autre? (Ce qu'elle devra dire ou répondre à l'absent, s'il se présente...); Quel est le caractère des réponses de celle qui va mourir? (Pas de plaintes : le pardon, la bonté, le calme...) ; Quelle impression laisse en vous la lecture de cette poésie? (Une impression de troublante tristesse, qu'accroît même le mystère dont s'enveloppe le dialogue...).

II. — L'analyse de la poésie ;— le style. — Étudiez attentivement chaque strophe : a) Que contient-elle? — b) De quelles qualités tait Preuve la soeur qui questionne? (D'esprit de prévoyance : elle envisage la possibilité du retour de l'absent, — de délicatesse morale : elle veut être, en parlant, l'interprète fidèle des sentiments de sa soeur) ; c) De quelles qualités fait preuve la soeur qui répond ? Quel est le caractère distinctif du langage, chez les deux soeurs ? (La concision...); Montrez que la concision s'impose, ici (La soeur qui questionne ne veut pas, en parlant longuement, réveiller chez sa soeur de cruels souvenirs... ; en outre, sa sœur est mourante... ; —) et, de son côté, cette dernière n'a pas à faite effort, car elle sait que sa soeur la comprendra à demi-mot; — remarquer les points de suspension qui suivent chacune de ses réponses).

III. — La grammaire. — Indiquez les conjonctions qui se trouvent dans la dernière strophe; — Analysez les propositions contenues dans les deux derniers vers de cette même strophe; — nature de chaque proposition.
 

Rédaction. — La nuit arrive..., le temps est très mauvais : il tonne (ou bien la neige tombe). — Une personne de votre famille, qui devrait être de retour à la maison depuis plus d'une heure, n'est pas encore rentrée.... Parlez de l'inquiétude que vous avez éprouvée à ce moment-là, de votre anxiété....