Devoir de Philosophie

Meiji, ère

Publié le 11/02/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

Meiji, ère, première période de l’histoire du Japon contemporain (1868-1912).

Meiji, littéralement « gouvernement éclairé «, est à la fois le nom de l’ère proclamée en octobre 1868 par le gouvernement impérial japonais et le nom de règne (ou nom posthume) de l’empereur Mutsuhito ou Meiji tenno.

2   LA FIN DU SHOGUNAT (BAKUMATSU) ET LA MISE EN PLACE DU NOUVEAU RÉGIME

Mutsuhito, le futur empereur Meiji, accède au trône à la mort de son père en janvier 1867. Le dernier shogun Tokugawa, Yoshinobu (1837-1913), remet sa démission le 19 novembre 1867 au jeune empereur, mettant fin à la période d’Edo, tandis que Kido Takayoshi et Ito Hirobumi du fief de Choshu, Saigo Takamori et Okubo Toshimichi du fief de Satsuma, ainsi que l’homme de cour Iwakura Tomomi (1825-1883), fomentent un coup de force : la restauration du pouvoir impérial est finalement prononcée le 3 janvier 1868 (voir Meiji, restauration de). Les armées des fiefs artisans de la Restauration et les troupes shogunales s’affrontent en une guerre peu engagée (Boshin senso), qui se solde rapidement par la défaite de ces dernières.

La restauration du pouvoir impérial réaffirme le rôle symbolique de l’empereur — tenno et donne le pouvoir réel aux artisans de la Restauration, officiers de basse extraction qui n’auraient pu y accéder autrement. Partisans d’une modernisation radicale, ces hommes désirent faire de leur pays une nation riche et puissante, capable de rivaliser sur le plan international avec les pays occidentaux. D’emblée, ils se donnent pour objectif de doter le Japon d’institutions modernes, d’une armée forte et d’une industrie de pointe, ainsi que de faire réviser les traités inégaux accordés aux puissances étrangères.

3   LES PREMIÈRES RÉFORMES
3.1   Les réformes administratives et la définition du territoire national

Dès janvier 1868, l’empereur Mutsuhito et son entourage prononcent l’abolition des charges anciennes de shogun, régent (sesshu) et de grand chancelier (kanpaku). En 1871, les domaines seigneuriaux sont abolis au profit d’un découpage administratif en départements (ken), dont la direction est confiée aux anciens daimyos et samouraïs. En mai 1869, la capitale du pays devient officiellement Tokyo, où le gouvernement impérial est déjà installé depuis 1868.

La question des limites du territoire, en particulier avec la Russie et la Chine, se pose d’emblée : au nord, le Japon étend sa souveraineté sur Ezo (aujourd’hui Hokkaido) en 1869, puis sur Chishima (voir îles Kouriles) en 1875, tandis que Sakhaline est laissée à la Russie. Au sud, le Japon annexe les îles Ogasawara (1876) et Ryukyu (1879).

3.2   La « promesse impériale « et l’abolition du régime féodal

Le 6 avril 1868 est promulgué un édit, en partie rédigé par Kido Takayoshi, qui prévoit de réorganiser le gouvernement selon des principes démocratiques, d’assurer la prospérité et le bonheur de tous, d’abolir les coutumes anciennes et de promouvoir l’étude des pratiques occidentales dans tous les domaines. Cette « promesse impériale « (goseimon) est complétée dès le mois de juin par la mise en place d’institutions provisoires.

La réforme de la société est réalisée en 1871 : les quatre classes sont ainsi abolies et la mobilité sociale rétablie. La pension des samouraïs est liquidée et le port du sabre leur est interdit : ils se reconvertissent pour la plupart dans l’éducation, l’industrie et l’administration. En échange, ils sont libérés de leur obligation militaire et une conscription nationale est établie en 1872. L’année suivante est mis en place un impôt foncier équitable fondé sur un recensement complet des terres du pays.

La réforme sociale provoque des mouvements de mécontentement, aussi bien parmi les paysans, qui contestent l’estimation trop rapide des terres, que parmi les anciens samouraïs, qui s’accrochent à leurs privilèges.

4   VERS « L’ÉPANOUISSEMENT DE LA CULTURE « (BUNMEI KAIKA)

Iwakura Tomomi organise, aussi rapidement que possible, une mission d’étude aux États-Unis et en Europe. Entre 1871 et 1873, la plupart des réformateurs partent observer les institutions occidentales. L’influence de cette mission est considérable et permet au Japon de se mettre « à l’école de l’Occident «, notamment en ce qui concerne l’enseignement, le droit, les sciences et le système politique.

Au début des années 1870, s’engage une controverse entre les membres du gouvernement à propos des grandes orientations à donner à la politique japonaise. Certains aimeraient remettre à l’honneur le slogan des clans Satsuma et Choshu : « un pays riche, une armée forte « (fukoku kyohei), tandis que d’autres, et en particulier Iwakura Tomomi et Okubo Shigenobu, préfèrent nuancer ce mot d’ordre, refuser la tentation militaire et se concentrer plutôt sur la promotion de l’éducation et la relance de l’industrie. Cette décision provoque la colère et la rébellion de Saigo Takamori en 1874, tandis que Itagaki Taisuke (1837-1919) passe à l’opposition, où il anime le Mouvement pour la liberté et les droits du peuple (jiyu-minken undo) avant de fonder en 1881 le parti libéral (jiyuto).

L’éducation devient obligatoire pour tous, garçons et filles, dès 1868. Un système éducatif inspiré des systèmes américains et français se met en place à partir de 1872 et la première université japonaise ouvre ses portes en 1877.

Les grandes entreprises créées par le shogun et les daimyos de la période d’Edo sont nationalisées, tandis que le gouvernement invite des ingénieurs étrangers, en particulier britanniques, à aider à la mise en place des premières structures industrielles. Les résultats de cette politique sont extrêmement rapides : la première ligne de chemin de fer est inaugurée en 1871 entre Tokyo et Yokohama. Dans les années 1870 se développent le télégraphe, l’éclairage au gaz et le chemin de fer ; dans les années 1880 l’éclairage électrique, le tramway et la photographie ; et dans les années 1890 le téléphone.

La vie intellectuelle du pays s’intensifie, sous l’influence d’hommes tels que Fukuzawa Yukichi, Futabatei Shimei, Tsubouchi Shoyo, Mori Ogai, Mori Arinori (1847-1889), Nishi Amane (1829-1897), Nakae Chomin (1847-1901), etc.

5   LE MOUVEMENT POUR LES DROITS DU PEUPLE ET L’ÉLABORATION DE LA CONSTITUTION
5.1   Les difficultés économiques

En réponse aux mouvements intellectuels des années 1870-1880, le gouvernement promet, dès 1875, la mise en place d’une constitution. Okuma Shigenobu entame l’écriture d’un texte inspiré des institutions anglaises, mais une crise économique et financière provoque sa démission. Durablement écarté du pouvoir, il fonde en 1882 le parti progressiste (rikken-kaishinto).

Pour rétablir l’économie, il entreprend en 1882 de doter le pays d’une banque moderne inspirée des grands établissements bancaires européens et de privatiser les grandes entreprises. Les familles d’industriels et de banquiers proches du pouvoir (Mitsubishi, Mitsui, Sumitomo, etc.) profitent de la situation pour s’enrichir considérablement et fonder de grands empires économiques et financiers : c’est le début des zaibatsu.

5.2   La Constitution de 1889 et la mise en place du culte impérial

Un Conseil ministériel nommé par l’empereur est mis en place en 1885, tandis qu’un nouveau texte, cette fois d’inspiration allemande, est préparé par Ito Hirobumi. Ce dernier prend en 1888 la tête d’un Conseil privé chargé de veiller au respect du texte constitutionnel.

Signée le 11 février 1889, la Constitution octroie de larges pouvoirs à l’empereur (en fait à la petite oligarchie qui gouverne en son nom), dont le caractère sacré est affirmé : il concentre le pouvoir exécutif, commande directement aux armées, décide de la guerre et de la paix, peut intervenir sur la teneur d’une loi même après son vote et peut décréter des ordonnances sans en référer à quiconque. La Constitution prévoit également la création de deux chambres, la chambre des députés et la chambre des pairs, dont le rôle est de discuter des lois et de voter le budget proposé par le Conseil ministériel.

La Constitution reconnaît au peuple japonais la liberté de déplacement, d’association et de pensée, l’égalité devant l’accès aux différents métiers et fonctions, et le droit à un jugement équitable.

En 1890 est promulgué le Rescrit impérial sur l’éducation, texte rendant obligatoire le culte de l’empereur et des dieux nationaux (voir shinto d’État).

6   LES PREMIÈRES DIFFICULTÉS DU RÉGIME ET LE DÉBUT DE L’IMPÉRIALISME JAPONAIS

La Constitution rend, en fait, le Japon quasiment ingouvernable. Ses dirigeants, confrontés à une opposition de plus en plus active — souvent menée par les premiers réformateurs — et à de grandes difficultés intérieures, cèdent cette fois à la tentation d’une politique répressive et expansionniste, menée par l’armée elle-même, dont l’indépendance au sein du gouvernement ne cesse de s’affirmer.

6.1   La guerre sino-japonaise (1894-1895)

Prenant prétexte de différents incidents survenus en Corée, ayant notamment provoqué l’envoi de troupes chinoises, l’armée japonaise dépêche dans la péninsule une première armée de 8 000 hommes, qui prend rapidement le contrôle du pays. Les échauffourées entre troupes chinoises et japonaises se transforment en août 1894 en une véritable guerre, la guerre sino-japonaise, qui tourne à l’avantage de l’armée japonaise. Le gouvernement chinois réclame l’armistice dès janvier 1895.

Les négociations aboutissent à la signature du traité de Shimonoseki, le 17 avril 1895 : le Japon annexe l’île de Formose (actuellement Taïwan), l’archipel des Pescadores (actuellement Penghu), ainsi que la péninsule du Liaodong — finalement rendue après l’intervention diplomatique des gouvernements russes, allemands et français.

6.2   La guerre russo-japonaise (1904-1905)

Fort de l’alliance signée avec Grande-Bretagne en 1902, le gouvernement japonais réclame aux Russes le retrait de leurs troupes stationnées en Mandchourie, provoquant ainsi la guerre russo-japonaise, déclarée le 10 février 1904.

La guerre s’avère longue et coûteuse en vies humaines, mais se solde cependant par une victoire du Japon. Par le traité de Portsmouth, signé le 5 septembre 1905, celui-ci obtient l’évacuation de la Corée, annexe le sud de Sakhaline et hérite des droits russes sur la concession du Liaodong, sur le chemin de fer sud-mandchourien et sur les mines de charbon de Fushun. Il n’obtient cependant aucune indemnité pour les dommages de guerre, ce qui provoque un vaste mouvement de protestation populaire.

6.3   L’annexion de la Corée

Après le retrait russe de la péninsule coréenne, les militaires japonais proclament des réformes qui permettent à Ito Hirobumi d’exercer un contrôle quasi complet sur le pays. Son assassinat en 1909 est prétexte à l’annexion complète de la péninsule, marquant le début d’une domination qui perdure jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles