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«Mes romans sont les 1 001 nuits de l'Occident» (lettre à Mme Hanska).

Publié le 05/06/2015

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Balzac est notre Homère, notre Shakespeare, son oeuvre une oeuvre-monde, « speculum mundi «. Avec ses 137 romans et nouvelles, ses 2 209 personnages, La Comédie humaine restitue un demi-siècle de notre his­toire, du Consulat à la monarchie de Juillet, embrassant toute une société dans son fourmillement humain, la multiplicité de ses lieux et de ses milieux, l'enchevêtrement de ses détails matériels. Œuvre monumentale, qui ouvre toutes grandes les fenêtres du roman sur la vie historique et en fait un témoignage et un document de première main. Le réalisme pourtant dont on l'affuble ne fut jamais simple soumission au réel. Contemporaine de la photographie naissante, l'ceuvre balzacienne ne reproduit pas la vie, elle la reconstruit. «J'enveloppe alors le monde par ma pensée, je le pétris, je le façonne, je le pénètre, je le comprends « (Louis Lambert).

Par le récit d'abord qui, en dramatisant le monde social, dégage, derrière son apparence confuse, ses structures profondes, ses conflits, son dyna­misme. Par la description, qui ne se borne pas à enregistrer les surfaces des êtres et des choses, mais opère un véritable déchiffrement du réel. Par les personnages enfin, qui, élevés à la hauteur de types humains représen­tatifs, cristallisent les forces et les aspirations à l'oeuvre dans la profondeur de la vie collective. Réalisme qui dévoile, met à nu la laideur, le grotesque, l'étrangeté, la violence du réel. Constamment tendu sur les abîmes sociaux et individuels : la souffrance de Bénassis, la haine démesurée de la cousine Bette, la déchéance de Valérie Marneffe ou Flore Brazier, le désespoir des suicidés balzaciens, Athanase Granson, Esther Gobseck et les autres, l'égoïsme monstrueux des «femmes sans coeur «... Réalisme accusateur et cru qui renvoie d'une époque une image en forme de réquisitoire. De là, sans doute, ces accusations de vulgarité et d'immoralité qui accueillirent l'oeuvre. Réalisme d'autant plus paradoxal qu'il émanait d'un écrivain conservateur, monarchiste, qui prétendait écrire «à la lueur de deux Vérités éternelles : la Religion, la Monarchie«. Et qui, pourtant, mettait au jour le mécanisme impitoyable du monde moderne, la loi d'airain de l'argent-roi ; l'inhumaine comédie du libéralisme du xixe siècle.

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Moderne, Balzac l'était encore parce qu'il est le premier de nos grands écrivains pour lequel la littérature est un métier. Il fait l'expérience de la transformation des oeuvres de l'esprit en marchandise. Ni protégé, ni pen­sionné, ni rentier comme le sera plus tard Flaubert, il vit de sa plume. Condamné à une vie de forçat de l'écriture, voué à une perpétuelle course contre la montre avec les éditeurs et les directeurs de journaux pour remettre les manuscrits promis. Pendant près de dix ans, il a connu les cuisines de la gloire littéraire. Nulle sacralisation de l'oeuvre chez lui, nulle mystique de l'art. Pour Balzac, la littérature est un moyen et non une fin. Une des voies possibles de l'ascension sociale. «Que me faut-il ? Je n'ai que deux passions : l'amour et la gloire.« Et pourtant aucun écrivain avant lui n'avait autant sacrifié à sa création. Au point que celle-ci a fini par dévo­rer son créateur, épuisé prématurément par l'oeuvre immense qu'il avait entreprise. Vérifiant cette affirmation de La Cousine Bette: «Les grands hommes appartiennent à leurs oeuvres. «

« Moderne, Balzac l'était encore parce qu'il est le premier de nos grands écrivains pour lequel la littérature est un métier.

Il fait l'expérience de la transformation des œuvres de l'esprit en marchandise.

Ni protégé, ni pen­ sionné, ni rentier cornrne le sera plus tard Flaubert, il vit de sa plurne.

Condamné à une vie de forçat de l'écriture, voué à une perpétuelle course contre la montre avec les éditeurs et les directeurs de journaux pour remettre les manuscrits promis.

Pendant près de dix ans, il a connu les cuisines de la gloire littéraire.

Nulle sacralisation de l'œuvre chez lui, Ruile mystique de l'art.

Pour Balzac, la littérature est un rnoyen et non une fin.

Une des voies possibles de l'ascension sociale.

"Que rne faut-il? Je n'ai que deux passions: l'amour et la gloire., Et pourtant aucun écrivain avant lui n'avait autant sacrifié à sa création.

Au point que celle-ci a fini par dévo­ rer son créateur, épuisé prématurément par l'œuvre irnrnense qu'il avait entreprise.

Vérifiant cette affirmation de La Cousine Bette: " Les grands hornrnes appartiennent à leurs œuvres.

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