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national-socialisme

Publié le 19/02/2013

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1   PRÉSENTATION

national-socialisme, doctrine prônée par le Parti national-socialiste allemand des travailleurs (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, NSDAP) ou parti nazi.

Le national-socialisme constitue le fondement idéologique du IIIe Reich, régime totalitaire et raciste institué en Allemagne sous la direction de Adolf Hitler entre 1933 et 1945. L’idéologie nazie, prônant la purification de la « race germanique « et la réunion de toutes ses composantes au sein d’un même État, a cherché à étendre sa domination sur toute l’Europe centrale. Cette politique militariste a été à l’origine de la Seconde Guerre mondiale et n’a pris fin qu’avec l’effondrement du nazisme et de l’Allemagne face aux Alliés, en 1945.

2   ORIGINES DU NAZISME

Le national-socialisme, associé au fascisme italien, est un mouvement enraciné dans la tradition militaire prussienne d’autoritarisme et d’expansionnisme, qui puise également ses sources dans la tradition romantique allemande d’hostilité au rationalisme, au libéralisme et à la démocratie. Rompant avec la République de Weimar, son idéologie s’inspire de certaines doctrines racistes selon lesquelles les peuples germaniques, les prétendus purs Aryens, sont non seulement physiquement supérieurs, mais également porteurs d’une morale et d’une culture plus élevées que celles des autres peuples. Opposé au libéralisme de la Révolution française autant qu’aux théories marxistes, le nazisme puise dans certaines traditions philosophiques une idéalisation de l’État. L’individu n’existe plus en dehors du groupe fondamental qu’est la communauté de sang.

Parmi les théoriciens et les planificateurs du national-socialisme, le général Karl Ernst Haushofer, un géographe, a une grande influence sur la politique étrangère allemande ; Alfred Rosenberg formule les théories racistes nazies dans le Mythe du xxe siècle (1930) en s’inspirant des œuvres de l’écrivain anglo-allemand Houston Stewart Chamberlain ; le financier Hjalmar Schacht est le principal artisan de la politique économique et financière du régime. L’idée du « grand Reich « est empruntée aux pangermanistes de 1848, celle de la supériorité de la race aryenne à Joseph Arthur Gobineau (Essai sur l’inégalité des races humaines, 1853-1855). De Oswald Spengler, les nazis reprennent l’idée d’un socialisme allemand, tandis que Nietzsche inspire le mythe du surhomme.

Mais c’est surtout Hitler qui définit dans Mein Kampf (« Mon combat «), écrit pendant sa détention (1923-1924), le projet nazi. Nourri d’anti-égalitarisme et d’antiparlementarisme, hostile à la démocratie, il prône la purification de la race aryenne et l’élimination des Juifs. Grand orateur, il va élever cette mystique obsessionnelle à la hauteur d’une mission quasi sacrée. Profondément marqué par la défaite de 1918 et par le traité de Versailles, vécus comme des humiliations, il entend redonner à l’Allemagne toute sa grandeur et récupérer les territoires perdus.

Hitler impute aux Juifs la responsabilité du désastre économique et les accuse d’être les propagateurs d’idéologies néfastes comme le marxisme ou le libéralisme. Il inscrit ainsi l’élimination des Juifs dans le programme politique national-socialiste, tout en affirmant qu’une régénération du sang aryen du Reich devra comprendre l’exclusion des non-Allemands des fonctions publiques, l’interdiction des mariages mixtes et la stérilisation des malades incurables. Lorsqu’il aura atteint ces buts, le Reich pourra être guidé selon le Führerprinzip par le Reichsführer qu’incarnera Hitler, à qui les Allemands seront liés par un serment de fidélité (institué par la loi du 26 janvier 1937). La réalisation de ce programme inclut l’annexion des territoires de langue germanique (notamment en Pologne et en Tchécoslovaquie), la création d’une « grande Allemagne « et d’un « espace vital « (Lebensraum), en Europe, zone d’influence économique et politique destinée à l’expansion de la « race « allemande.

Le contexte politico-économique de l’après-guerre favorise l’émergence du national-socialisme et l’adhésion des Allemands à son programme démagogique défendu par Hitler. Selon les clauses du traité de Versailles, l’Allemagne est reconnue seule responsable de la guerre. Elle est privée de son empire colonial et contrainte de payer de lourdes réparations aux vainqueurs, ce qui perturbe gravement son économie. L’inflation galopante, qui culmine en 1923, affecte plus particulièrement la classe moyenne, qu’elle ruine et laisse désemparée. Effrayée par la perspective d’une arrivée au pouvoir des communistes en Allemagne, elle va fournir les gros contingents des groupes politiques radicaux qui fleurissent au début des années 1920.

3   LA CRÉATION DU PARTI NATIONAL-SOCIALISTE

Après l’échec de la révolution communiste à Munich, en mai 1919, de nombreux groupuscules extrémistes et ultranationalistes apparaissent dans la capitale bavaroise. Le Parti ouvrier allemand (DAP) y est créé par le journaliste Karl Harrer et le serrurier Anton Drexler dès janvier 1919 ; il est à l’origine du Parti national-socialiste.

Lorsque Hitler en devient membre en septembre 1919, le Parti ouvrier allemand ne compte que vingt-cinq membres environ, dont six seulement participent aux débats et aux conférences. Hitler, grâce à ses talents d’orateur, devient chef de la propagande dès janvier 1920. Lors de la première grande réunion du parti à Munich, le 24 février 1920, il expose un programme inspiré par les deux premiers intellectuels du parti, le journaliste Dietrich Eckart et l’ingénieur Gottfried Feder. Ce programme, résumé plus tard en vingt-cinq points, associe des revendications nationalistes extrémistes et des idées socialistes mal assimilées à des doctrines racistes et antisémites. L’article 25 proclame : « Pour la société moderne, un colosse aux pieds d’argile, nous créerons un centralisme sans précédent qui donnera tout pouvoir au gouvernement. Nous établirons, au sein de la société, une hiérarchie telle que n’importe quel mouvement de n’importe quel individu sera contrôlé. « Le 8 août 1920, le DAP est rebaptisé Parti national-socialiste allemand des travailleurs (NSDAP). Hitler en prend la tête le 29 juillet 1921, après avoir écarté Drexler. Le drapeau rouge avec un cercle blanc contenant une croix gammée noire est adopté comme emblème cette année-là. Le NSDAP prend peu à peu de l’importance, surtout en Bavière. Convaincu de la nécessité, et même de la vertu, de la violence pour arriver à ses fins, Hitler crée (août 1921) les SA (Sturmabteilungen, « sections d’assaut «), sous couvert d’une association sportive. Ces « chemises brunes « sont censées assurer la protection de ses réunions politiques, mais s’ingénient à perturber celles des adversaires (libéraux, socialistes, communistes et syndicalistes) et à persécuter les Juifs, surtout les commerçants. Elles sont pour une bonne part composées d’anciens combattants, d’officiers mécontents et de membres des corps francs, placés sous l’autorité d’Ernst Röhm. En 1923, l’organe du parti, le Völkischer Beobachter (« l’Observateur raciste «), fondé en décembre 1920, est transformé en quotidien.

4   LA LONGUE MARCHE VERS LE POUVOIR

Hitler, voulant exploiter le mécontentement suscité par l’occupation de la Ruhr par les armées française et belge, organise avec le général Erich Ludendorff un coup de force à Munich, premier pas vers une prise du pouvoir à Berlin. Le 8 novembre 1923, il se rend avec 600 membres des SA à la brasserie Feldherrnhalle, où Gustav von Kahr, le chef du gouvernement bavarois, tient une réunion. Von Kahr et ses collaborateurs sont appréhendés et contraints de proclamer la formation d’un nouveau gouvernement national. À peine relâché, il se retourne contre Hitler et Ludendorff, qui doivent s’enfuir après une brève échauffourée avec la police, le 9 novembre. Le putsch de Munich a échoué ; Hitler est condamné à cinq ans de prison et son parti interdit. En prison, où il ne reste que treize mois, Hitler commence à rédiger Mein Kampf, qu’il dicte à Rudolf Hess. Dans cet ouvrage sont clairement exposées les doctrines du national-socialisme, les techniques de propagande et la stratégie pour conquérir l’Allemagne puis l’Europe.

Quand Hitler est libéré, le Parti national-socialiste a disparu ; la situation économique du pays, qui s’est améliorée, est devenue favorable aux partis politiques modérés. Le 27 février 1925, il recrée toutefois le NSDAP, qui compte 27 000 membres dès la fin de l’année. Il entreprend de le réorganiser avec l’aide de quelques fidèles et décide de prendre le pouvoir par les voies légales plutôt que par la force. En 1926, il se nomme Führer (« guide «) du parti et s’entoure d’une garde personnelle, les SS (Schutzstaffeln, « échelons de protection «), qui devient une sorte de police militarisée. Les SS sont chargés de superviser et de surveiller le parti et les SA constituent sa branche paramilitaire.

La crise économique mondiale de 1929 interrompt le flux de capitaux étrangers vers l’Allemagne, ce qui entraîne une baisse des exportations et une chute de la production industrielle. Le chômage augmente considérablement, tandis que les prix agricoles s’effondrent. La dépression fragilise la République de Weimar, soumise à des attaques de plus en plus vives de la droite et de la gauche, et crée les conditions favorables à une révolution. Le Parti national-socialiste reçoit d’importants subsides de Fritz Thyssen et des Krupp, dirigeants de puissants conglomérats sidérurgiques et industriels, ainsi que d’autres capitalistes. Toutefois, nombre d’industriels allemands s’opposent au national-socialisme.

5   LE PARTI AU REICHSTAG

Le mouvement prend rapidement de l’ampleur, rejoint par des milliers de fonctionnaires au chômage, des commerçants et des petits entrepreneurs ruinés, des agriculteurs sans ressources et des ouvriers déçus par les partis socialiste et communiste. Une foule d’adolescents issus de toutes les classes sociales, qui ont grandi pendant les années d’après-guerre et ont perdu l’espoir de connaître la stabilité économique, adhèrent au mouvement. Les progrès sont fulgurants. Le parti nazi, qui a obtenu 800 000 voix en 1928 (environ 2,5 p. 100 des suffrages), en obtient presque 6,5 millions (plus de 18 p. 100) aux élections de septembre 1930. Avec 107 sièges, il devient le deuxième parti du Reichstag, après les sociaux-démocrates (143 sièges) et devant les communistes, eux aussi en progrès (77 sièges). Le nombre de ses membres passe de 176 000 en 1929, à 806 000 en 1931 et à 4 millions en 1933. Malgré les efforts du chancelier Heinrich Brüning, qui tente de sauver la République de Weimar par des mesures d’urgence, la hausse du chômage n’est pas enrayée. L’inefficacité de son gouvernement ébranle la crédibilité de la démocratie parlementaire. Allié à la droite conservatrice, qui pense pouvoir le contrôler, Hitler obtient un bon score (36,8 p. 100) lors de l’élection présidentielle d’avril 1932, qui voit la victoire du maréchal Hindenburg.

La montée en puissance fulgurante du parti hitlérien ne peut être stoppée par la dissolution des SS, des SA et de la Jeunesse hitlérienne (Hitlerjugend), prononcée par le ministre de la Guerre, le général Groener, le 13 avril 1932. Aux élections de juillet 1932, les nazis obtiennent 13,7 millions de voix et deviennent le premier parti du Reichstag avec 230 sièges sur 670. Le président Hindenburg leur propose de rentrer dans le gouvernement de coalition mais Hitler refuse, exigeant les pleins pouvoirs. Le Reichstag est dissous et les élections de novembre marquent un recul du NSDAP, qui remporte 11,7 millions de voix (196 sièges) mais reste le premier parti à l’assemblée. À gauche, les sociaux-démocrates et les communistes obtiennent ensemble plus de 13 millions de voix et 221 sièges, mais la lutte acharnée qu’ils se livrent interdit toute perspective d’alliance. Hitler refuse à nouveau de participer à un gouvernement de coalition, et, après l’échec du chancelier Kurt von Schleicher, Hindenburg nomme Hitler chancelier le 30 janvier 1933, sur les conseils de l’ancien chancelier conservateur Franz von Papen.

6   LA MISE EN PLACE DU RÉGIME TOTALITAIRE

Le 25 février, alors que s’achève la campagne électorale pour le renouvellement du Parlement, le bâtiment du Reichstag est détruit par un incendie, très probablement déclenché à l’instigation des nazis. Des milliers de communistes, accusés d’être à l’origine de l’attentat, sont arrêtés (voir incendie du Reichstag).

Les élections du 5 mars 1933 ne donnent qu’une majorité relative aux nazis (43,9 p. 100) mais, dès le 23 mars, Hitler obtient de l’assemblée les pleins pouvoirs pour quatre ans. La République de Weimar disparaît sans jamais avoir été formellement abrogée. Le procès des incendiaires du Reichstag sert de prétexte à l’interdiction du Parti communiste et du Parti social-démocrate, ainsi qu’à l’annulation des droits civils et constitutionnels et à l’ouverture des premiers camps de concentration (Dachau est construit en mars). La Gestapo est créée en avril, les syndicats sont dissous le mois suivant. Devenu parti unique en juillet, le Parti national-socialiste obtient 92 p. 100 des voix lors des élections d’octobre 1933 et est déclaré « indissolublement lié à l’État « par une loi du 1er décembre 1933. L’opposition interne et externe au mouvement nazi est progressivement éliminée. Le 30 juin 1934, lors de la Nuit des longs couteaux, Hitler fait exécuter Ernst Röhm, chef des SA, ainsi que plusieurs centaines de membres du mouvement. D’autres opposants sont assassinés à cette occasion, tels le général Kurt von Schleicher et des monarchistes favorables à la restauration de la dynastie des Hohenzollern.

Les lois de Nuremberg, votées le 15 septembre 1935, concrétisent la mise en place du programme antisémite défini dans Mein Kampf, notamment l’interdiction des mariages mixtes entre Allemands juifs et non-juifs. En janvier 1938, les biens des Juifs sont confisqués et une carte d’identité spéciale est instituée pour eux au mois de juillet suivant ; victimes de pogroms, de déportations, d’expulsions et exclus de la vie économique, ils émigrent en masse.

De 1933 à 1935, le régime démocratique allemand est remplacé par un État totalement centralisé. Les administrations régionales, héritières des anciens États ayant précédé l’unité allemande (1871), doivent renoncer à leur autonomie et sont placées sous le strict contrôle du gouvernement central. Le Reichstag perd sa fonction législative, ne gardant qu’un rôle cérémoniel.

7   L’ORGANISATION DU PARTI

Le parti et ses organes dirigeants deviennent l’instrument principal du contrôle totalitaire de l’État et de la société allemande. Fort de 1 300 000 membres en 1932, il en compte 8 millions en 1939 et 11 millions au début de 1945. Les nazis dévoués obtiennent des postes dans les gouvernements national et provinciaux, ainsi que dans l’administration. Les membres du parti de « pur « sang allemand âgés de dix-huit ans ou plus jurent allégeance au Führer et n’ont à répondre de leurs actes que devant des tribunaux spéciaux du parti. L’adhésion est en principe volontaire et des millions de personnes s’engagent de plein gré, mais beaucoup d’autres sont forcées d’adhérer, en particulier les fonctionnaires lors de la grande promotion du 1er mai 1937.

L’organisation du parti est conçue de manière à doubler les échelons de l’administration. Sa hiérarchie comporte, de bas en haut : les chefs de blocs (environ 500 000), les chefs de cellules, qui commandent quatre à huit blocs, les chefs de groupes (Ortsgruppenleiter), les chefs de cercle (Kreisleiter), qui, outre leurs fonctions au sein du parti, contrôlent les fonctionnaires de l’État, et enfin les chefs régionaux (Gauleiter), 32 en 1933, qui occupent souvent des responsabilités importantes au sein de l’État (Reichsstatthalter).

Autour d’Hitler, l’état-major du parti comprend près de vingt Reichsleiter disposant chacun d’une fonction définie. Les principaux sont Rudolf Hess, dauphin d’Hitler jusqu’à sa fuite en Angleterre en 1941, Martin Bormann, qui le remplace à la tête du parti, Heinrich Himmler, chef de la SS et de tout l’appareil répressif, Joseph Goebbels, responsable de la propagande, Hermann Göring, chef de la Luftwaffe, Alfred Rosenberg, théoricien du racisme, et Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich.

La propagande nazie est entretenue de manière omniprésente par différents organes, en particulier les organisations de jeunesse. Elle culmine lors des congrès organisés à Nuremberg, qui donnent lieu à d’impressionnantes parades et fêtes liturgiques célébrant la nation allemande rassemblée autour du Führer.

Les principaux auxiliaires du parti nazi sont les SA, officiellement reconnus comme « les garants de la révolution nationale-socialiste «. Cette organisation formée d’escouades en chemises brunes extorque d’importantes sommes d’argent aux ouvriers et aux agriculteurs — par le biais d’une collecte destinée aux pauvres — et dirige l’endoctrinement des jeunes Allemands jusqu’à l’âge de dix-sept ans. Ses méthodes d’intimidation et de terreur contribuent largement à l’ascension d’Hitler. Après l’accession de celui-ci au pouvoir, Röhm, le chef des SA, réclame une « seconde révolution «, qui affirmerait le caractère populiste du régime, et cherche à substituer ses troupes à l’armée traditionnelle (la Reichswehr). Poussé par Himmler, chef des SS et jaloux du pouvoir de Röhm, par Göring, porte-parole des conservateurs, et par les généraux de l’armée, Hitler fait éliminer leurs chefs le 30 juin 1934, au cours de la « Nuit des longs couteaux «.

Les SS, créées en 1926, restent une branche des SA jusqu’en 1934, puis elles deviennent la principale force d’intervention et l’élite du mouvement hitlérien. Elles organisent un important pogrom contre les Juifs en 1938 (la « Nuit de cristal «). Pendant la Seconde Guerre mondiale, les SS surveillent les territoires occupés et les camps de concentration, en collaboration avec la Gestapo. Elles fournissent les responsables de la propagande attachés aux armées allemandes et dirigent les forces de défense territoriale du Reich. À partir de 1942, les SS sont étroitement associées à l’extermination des Juifs dans les camps de concentration. Des divisions d’élite, les Waffen-SS, comprenant parfois des éléments étrangers, sont créées pour soutenir l’armée régulière à des moments critiques.

Ensemble avec le SD (Sicherheitsdienst, « service de sécurité «), le service d’espionnage du Reich, les SS contrôlent le parti nazi et l’armée pendant les dernières années de la guerre. Le SD met en place les camps de concentration, où sont envoyées les victimes du national-socialisme.

La Gestapo (Geheime Staatspolizei, « police secrète d’État «), est créée en avril 1933 par Göring, puis réorganisée par Heinrich Himmler en 1936. Chargée de l’élimination de toute opposition au régime hitlérien, elle dispose de pouvoirs illimités, recourant à la torture, aux exécutions sommaires ainsi qu’à la déportation. En 1936, lorsqu’elle est incorporée à l’État, la Gestapo est déclarée libre de toute restriction légale et responsable seulement devant son chef, Himmler, et devant Hitler. Pendant la guerre, la Gestapo fait régner la terreur dans toute l’Europe et, à partir de 1944, elle prend le contrôle des services de contre-espionnage, l’Abwehr.

Le parti possède une autre formation auxiliaire, la Jeunesse hitlérienne (Hitlerjugend), qui prépare les garçons âgés de quatorze à dix-sept ans à devenir membres des SA, des SS et du parti. La Auslandsorganisation (« Organisation étrangère «) dirige la propagande national-socialiste ; elle crée, finance et dirige les organisations nazies pour les Allemands et les personnes d’origine allemande vivant à l’étranger.

8   L’ORDRE NOUVEAU

Dès son arrivée au pouvoir, la direction du parti est confrontée au problème crucial du chômage. Les industries allemandes ne tournent qu’à 58 p. 100 environ de leur capacité et le pays compte entre 6 et 7 millions de chômeurs. Nombre d’entre eux, inscrits au parti, attendent d’Hitler qu’il mette en place le programme anticapitaliste promis par la propagande national-socialiste : suppression des cartels et relance de l’industrie par la stimulation des petites entreprises. La base du parti et les SA attendent une « seconde révolution «. Hitler doit choisir entre un régime national-socialiste « plébéien « et une alliance avec les industriels et les officiers supérieurs de la Reichswehr. Il opte pour la seconde solution.

Pour supprimer le chômage et relancer l’industrie allemande, Hitler instaure « l’Ordre nouveau «. La pleine utilisation de la machine industrielle allemande exige que le pays occupe une position dominante dans le commerce mondial, l’industrie et la finance ; les ressources en matières premières dont l’Allemagne a été privée doivent être récupérées et le contrôle de toute autre ressource nécessaire doit être réalisé ; une flotte marchande adéquate et une infrastructure routière, ferroviaire et aérienne doivent être construites ; enfin, cette industrie doit être réorganisée de façon à être la plus efficace possible.

Ce programme implique la suppression des restrictions économiques et politiques imposées par le traité de Versailles et la réorganisation de l’économie en une économie de guerre. Le développement de l’industrie d’armement offre en effet la possibilité de résorber le chômage et de répondre aux projets expansionnistes hitlériens. L’Allemagne doit devenir autosuffisante en matières premières, grâce à la mise au point de substituts artificiels, fruits de la recherche scientifique. Enfin, des réserves alimentaires suffisantes doivent être assurées par un développement contrôlé de l’agriculture. La réorganisation du monde du travail est également une cause directe de la mise en place de l’Ordre nouveau.

9   L’ENCADREMENT DE LA POPULATION

Outre les organisations nazies, qui exigent de leurs membres une adhésion totale aux objectifs et aux moyens de l’idéologie, un très grand nombre de groupements est créé. Leur objectif principal est le contrôle de tous les domaines de la vie civile (professionnel, caritatif, sportif, des loisirs) afin de détecter et d’éliminer les sujets nuisibles à l’État et d’adapter la population civile allemande à la doctrine nationale-socialiste.

Par un processus de « mise au pas « (Gleichschaltung), tous les domaines de la vie publique — sociétés, organismes professionnels ouvriers et agricoles, éducation et culture — sont assujettis au parti. L’Église elle-même est placée sous contrôle. Chaque groupe de population (femmes, jeunes, anciens combattants), chaque activité (loisirs, travail) servent de prétexte à la mise en place d’organismes contrôlés par les nazis. Les syndicats libres sont interdits, remplacés par un syndicat unique (Front du travail allemand), et les différents métiers sont organisés de manière corporatiste (professeurs, juristes, médecins, fonctionnaires, techniciens, etc.).

L’Ordre nouveau exige l’abolition des syndicats et des coopératives, la confiscation de leurs ressources, l’abrogation des conventions collectives entre les travailleurs et leurs employeurs, l’interdiction du droit de grève et de lock-out, et l’obligation légale pour tous les travailleurs allemands d’adhérer au syndicat contrôlé par l’État, le DAF (Deutsche Arbeitsfront, « Front allemand du travail «). Les salaires sont fixés par le ministère de l’Économie nationale. Des fonctionnaires du gouvernement, hommes de confiance nommés par le ministère de l’Économie nationale, s’occupent des questions concernant les salaires ainsi que la durée et les conditions de travail.

Les syndicats professionnels de commerçants et d’industriels de la République de Weimar sont transformés en organes de contrôle d’État. L’adhésion est obligatoire pour les employeurs. La surveillance de ces organismes est confiée au ministère de l’Économie nationale, qui a le pouvoir d’attribuer le monopole de représentativité des organisations syndicales dans leurs branches industrielles respectives, de créer de nouvelles associations, de dissoudre ou de fusionner celles qui existent déjà et de nommer ou de renvoyer les dirigeants de ces associations.

Par l’exercice de ces pouvoirs et conformément à la loi, le ministère de l’Économie développe les cartels existants et en forme de nouveaux. Les banques sont « coordonnées « de façon similaire. Les droits à la propriété privée sont sauvegardés et les entreprises qui ont été nationalisées sont à nouveau privatisées, mais tous les propriétaires sont étroitement surveillés par l’État. Ces pratiques permettent au régime hitlérien d’éliminer la concurrence. L’Ordre nouveau finit par être dominé par quatre banques et un nombre relativement restreint de puissants conglomérats, notamment celui de la famille Krupp pour l’armement et la sidérurgie, et le célèbre IG Farben, qui produit des colorants, du caoutchouc synthétique, de l’essence et d’autres produits et participe ou dirige près de 400 entreprises.

L’Ordre nouveau permet aux nazis d’enrayer le chômage, d’offrir aux travailleurs et aux agriculteurs allemands un niveau de vie acceptable, d’enrichir l’élite dirigeante de l’État, de l’industrie et du secteur financier et de créer un prodigieux instrument de guerre. Certaines entreprises ont recours à la main-d’œuvre des prisonniers de guerre, des camps de concentration et des habitants des pays conquis, qui sont traités comme des esclaves. Les cartels fournissent également du matériel pour l’extermination systématique de millions de Juifs, Tziganes et autres groupes de populations par le gouvernement hitlérien. Voir Génocide ; Holocauste.

10   LA MARCHE À LA GUERRE

La remilitarisation de l’Allemagne et son projet de regrouper tous les peuples de langue allemande au sein d’une même nation, au cœur du projet nazi, conduisent inéluctablement l’Allemagne vers une politique expansionniste qui conduit au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Les nazis s’activent politiquement et diplomatiquement à la création de la « grande Allemagne «, au besoin par la force. Les principales étapes de ce processus sont la remilitarisation de la Rhénanie (1936), la formation de l’axe italo-allemand (1936), l’intervention dans la guerre civile espagnole (1936-1939) en faveur des nationalistes de Franco, l’Anschluss (en fait une annexion) avec l’Autriche (1938), le démantèlement de l’État tchécoslovaque (1939), la signature d’un pacte de non-agression avec l’Union soviétique, le pacte germano-soviétique, prévoyant le partage de la Pologne. L’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939 déclenche la Seconde Guerre mondiale.

Hitler affirme que le IIIe Reich durera mille ans du fait que, selon lui, il est parvenu à dépasser les contradictions du capitalisme et du marxisme. Apparu dans une période de trouble international marquée par l’émergence de régimes fascistes ou de dictatures militaires classiques dans de nombreux pays d’Europe (Espagne, Italie, Portugal, Hongrie, Pologne), le nazisme prétend être la solution à la crise économique et sociale des années 1930.

La conquête territoriale et la domination des peuples au nom de la prétendue supériorité de la « race aryenne « étant inhérentes à ce projet, l’Europe est mise à feu et à sang comme jamais dans l’histoire. La Seconde Guerre mondiale fait 50 millions de victimes. La « solution finale « mise en œuvre par les nazis pour exterminer les Juifs aboutit à un génocide (plus de 6 millions de morts). Le procès de Nuremberg, en 1945, révèle les crimes contre l’humanité commis par le régime nazi et ses collaborateurs. Aujourd’hui, des groupuscules se réclamant de cette idéologie existent en Allemagne et ailleurs. Ils s’appuient sur les thèses révisionnistes ou négationnistes (relecture de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en gommant, voire en niant les crimes du national-socialisme), et exercent des actes de violence raciste.

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