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négationnisme

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

négationnisme, position idéologique visant à minimiser l’importance du génocide perpétré par les nazis contre la communauté juive et, plus fréquemment, à contester l’existence même des chambres à gaz installées dans les camps d’extermination nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Le négationnisme a conduit nombre de ses défenseurs à nier purement et simplement l’existence même des crimes contre l’humanité commis par l’Allemagne nazie.

Le négationnisme est essentiellement le fait de certains cercles d’extrême droite, mais aussi de transfuges venus de la gauche, que leur antisionisme pousse à épouser ce type de thèse radicale. Bien que les promoteurs de cette position se présentent comme des révisionnistes, il est consensuel d’utiliser le vocable négationnisme pour souligner la spécificité de cette attitude par rapport à la science historique révisionniste — une pratique constante des historiens qui, dès la mise au jour d’une nouvelle information, remettent en cause le bien fondé d’une thèse antérieure.

2   ORIGINES DU NÉGATIONNISME

Le négationnisme a été « inventé « dans les années cinquante par Paul Rassinier (1906-1967), ancien instituteur, militant socialiste de tendance pacifiste, qui avait pris part à la Résistance ; il avait lui-même été déporté, d’abord à Buchenwald, puis à Dora, et avait siégé en 1946 à l’Assemblée constituante en tant que député du Territoire de Belfort. Après avoir publié ses souvenirs de déportation, sous le titre de Passage de la ligne, (1949), Rassinier s’oriente, à partir de la publication d’un nouvel ouvrage, le Mensonge d’Ulysse (1950), que suivra notamment Ulysse trahi par les siens (1961), vers des positions négationnistes qui lui valent plusieurs condamnations en justice.

Son analyse de la réalité concentrationnaire tend à neutraliser la spécificité de celle-ci : insistant notamment sur l’organisation très particulière des camps et sur l’existence de phénomènes de protection ou de collaboration (notamment autour de la figure du kapo, victime consentante de la barbarie) entre les SS et leurs victimes, Rassinier, qu’un anticommunisme virulent conduit à placer sur le même plan le génocide nazi et le goulag soviétique, postule le caractère universel du phénomène répressif et de la barbarie humaine.

Dans le cadre de ce raisonnement, Rassinier nie d’abord la destination destructrice des chambres à gaz, puis l’existence même des chambres à gaz, en se fondant sur les contradictions et les inexactitudes que peuvent receler certains témoignages de l’époque (notamment celui du commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss), pour conclure à l’inexistence de la « solution finale «.

Abandonné par ses amis socialistes, Rassinier trouve alors de précieux appuis à l’extrême droite qui fait un accueil particulièrement favorable à ces thèses, à la fois par haine du « résistentialisme « et par volonté de minorer les responsabilités des autorités françaises dans la persécution des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

3   RENAISSANCE ET EXPANSION DU NÉGATIONNISME

Dans les années soixante-dix, le négationnisme connaît une diffusion beaucoup plus large, à la suite du scandale qui accompagne la diffusion d’un texte de Robert Faurisson, maître de conférences à l’université de Lyon, suspendu d’enseignement en 1978. Relayées par l’extrême droite, mais aussi par un groupe d’ultragauche, la Vieille Taupe (qui dispose à Paris de sa propre librairie éponyme), les positions de Faurisson donnent lieu à d’intenses polémiques dans la presse. En 1979, un texte signé par des membres éminents de la communauté historique française (dont Pierre Vidal-Naquet, qui publiera en 1987 les Assassins de la mémoire) rappelle la réalité indiscutable du génocide des Juifs. Les travaux de Robert Faurisson ont d’autant plus de retentissement que le linguiste américain Noam Chomsky les préface, au nom de la défense de la liberté d’expression.

Dès lors, le phénomène négationniste prend une certaine ampleur. D’une part, ce phénomène atteint une partie de l’extrême gauche, venue au négationnisme soit par opposition au sionisme, soit par sympathie pour l’identité musulmane ou encore par haine du capitalisme (souvent présente dans la rhétorique antisémite), voire par opposition au communisme (qui conduit à récuser toutes les bases de l’antifascisme). D’autre part, les tenants du négationnisme inventent une stratégie subtile, empruntant deux voies principales : celle de la publicité (le fait de diffuser les thèses négationnistes ne pouvant conduire qu’à les banaliser) et celle du travestissement (consistant à donner à ces positions une apparence raisonnable pour provoquer un débat « public et scientifique « avec les historiens professionnels et relancer l’audience des thèses négationnistes).

Périodiquement réactivée, cette stratégie a notamment conduit un jury universitaire à décerner une mention à une thèse d’histoire révisionniste soutenue à l’université de Nantes (1985), décision qui a été annulée par un arrêté ministériel l’année suivante. Tout récemment encore, en 1995, Roger Garaudy, ancien théoricien du Parti communiste français converti au catholicisme puis à l’islam, s’est fait l’écho des thèses révisionnistes dans un ouvrage intitulé les Mythes fondateurs de la politique israélienne, dont certains passages de la réédition de 1996 ont été jugés diffamatoires et ont entraîné, en février 1998, la condamnation de Roger Garaudy par le tribunal correctionnel de Paris pour « contestation virulente et systématique de l’existence même des crimes contre l’humanité commis contre la communauté juive «.

Il est à noter que, dans le cadre de la lutte contre le racisme et la xénophobie, la loi Gayssot (1990) a modifié la loi sur la presse pour y introduire un article punissant « ceux qui auront contesté l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité «.

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