Devoir de Philosophie

Nina de Callias

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

1846-1884

 

Nina de Callias redevint pour ses amis Nina de Villard quand l'eut déçue le trop séduisant critique blond qui lui était apparu comme “ l'esprit boulevardier greffé sur l'élégance suprême ” et dont les yeux bleus, disait-elle, attiraient invinciblement ses “ yeux d'or ”. Séparée de son mari, elle vécut auprès de sa mère, “ le plus cher des camarades ”, s'entourant de beauté et d'étrangeté, cultivant ses dons de musicienne et à l'occasion de poète, recevant tous ceux que distinguait quelque talent : Coppée, Dierx, Rollinat, Mallarmé, Manet, Degas, Augusta Holmès, Villiers de l'Isle-Adam, Charles Cros, dont Catulle Mendès la prétend “ amoureuse jusqu'à l'absurdité ” et dont elle imita l'humour dans les monologues en vers de ses Feuillets parisiens. D'esprit chagrin, les Goncourt qualifiaient son salon d'“ atelier de détraquage cérébral ” et sans doute fut-elle trop bien accordée aux “ névroses ” de certains de ses hôtes : jusqu'à les vivre, jusqu'à en mourir, à trente-huit ans, en proie à une démence funèbre, elle à qui Verlaine avait connu tout un hiver “ un esprit d'enfer, avec des rires d'alouette ”. Son mérite fut considérable, cependant, d'offrir à des êtres qui n'avaient en commun que la conscience intime de leur génie une occasion de se rencontrer, dans une maison “ fantaisiste et charmante ”, le seul endroit de Paris sans doute où ils pouvaient exprimer leurs exigences et leurs faveurs en toute liberté, sûrs d'être compris.

Liens utiles