Devoir de Philosophie

noblesse

Publié le 07/02/2013

Extrait du document



1   PRÉSENTATION noblesse, corps social jouissant de privilèges, de droits, de titres et d’honneurs spéciaux héréditaires.
2   DE LA NOBILITAS À LA NOBLESSE L’Empire romain a défini une nobilitas, recensée tous les cinq ans par les censeurs : cette catégorie, qui regroupe les futurs sénateurs, constitue l’aristocratie politique et financière du monde romain. Pour peu que les conditions de fortune soient réunies, la nobilitas est héréditaire.
Après la chute de l’Empire (voir Invasions, Grandes), les Barbares conservent certaines titulatures (celle de consul, par exemple) et le nom de nobilitas, francisé en « noblesse « au XIe siècle, pour désigner leur propre aristocratie. Celle-ci s’identifie par l’exercice du pouvoir politique et militaire et, surtout, par la possession d’importants domaines territoriaux dont la cession en échange de l’hommage donne naissance à la féodalité. L’élément déterminant n’est plus, en l’occurrence, la fortune financière, mais la richesse foncière, combinée à l’exercice de la guerre — exercice fondamental dans les civilisations des Barbares germaniques. La possession du fief permet, à partir de l’an mil, de distinguer en théorie la noblesse de la chevalerie.
L’un des éléments du succès progressif du catholicisme est l’adaptation du dogme à la réalité politique : dès le XIe siècle, l’évêque Adalbéron de Laon définit la mission de la noblesse, l’ordre des bellatores, chargé de défendre le monde chrétien contre les pécheurs et les infidèles par la volonté de Dieu en personne. Deuxième ordre dans la hiérarchie après celui des oratores, la noblesse voit donc son pouvoir légitimé par Dieu, de même que les privilèges et les droits que celle-ci détient sur ses fiefs : justice, impôts, levée d’hommes (voir Seigneurial, système). Le noble doit, d’une part, protéger son fief au nom de Dieu et il obtient, d’autre part, grâce à la cérémonie de la foi et de l’hommage qui lie vassal et suzerain, un droit qu’il estime supérieur à tout sur son fief.
3   APOGÉE DE LA NOBLESSE Le Moyen Âge voit l’apogée de la noblesse, et ce dans toute l’Europe. Principaux détenteurs des terres, les nobles, assistés par leurs chevaliers et vavasseurs (ou arrière-vassaux), peuvent, pendant un bon siècle, résister à l’extension du pouvoir des suzerains. Ceux-ci, le roi de France en particulier (voir Monarchie), doivent guerroyer contre les grands nobles pour leur imposer leur autorité. Certains, comme les comtes de Champagne, savent devenir les protecteurs d’un commerce prospère dont ils touchent, par des taxes nombreuses, une partie des dividendes (foires de Champagne).
Lorsque, à partir du XIVe siècle, sont délimitées de grandes principautés à l’intérieur desquelles les petits nobles châtelains doivent céder une partie de leurs prérogatives aux suzerains (Bretagne, Bourgogne, France ou Angleterre, par exemple), ceux-ci admettent en échange les nobles dans leur cour et leurs conseils. La participation des nobles aux croisades permet à de nombreux cadets sans fiefs de trouver une légitimité et un prestige nouveaux, tandis que les proches parents des rois de France reçoivent de vastes domaines en apanage sur le domaine royal (maison de Bourbon, maison d’Orléans, Artois, Anjou, Bourgogne).
3.1   Le genre de vie nobiliaire Autour des princes se constituent de brillantes cours (celle de René d’Anjou au XVe siècle est restée célèbre) tandis qu’à travers la littérature courtoise des troubadours et trouvères comme Bertrand de Born émerge un idéal chevaleresque. Des cycles, tel le cycle arthurien inauguré par Geoffroi de Monmouth au XIe siècle, proposent des types idéaux : Lancelot, Galaad ou Roland en sont des exemples. Vivre noblement, c’est combattre loyalement pour défendre le Christ (ainsi dans la Jérusalem délivrée du Tasse) ou pour plaire à la dame de ses pensées (lors de tournois : faible écho des grandes batailles livrées par ailleurs). La pratique du duel, réservée aux seuls nobles et perçue comme un jugement divin, place la noblesse hors du champ de la justice commune.
Le château reste la demeure nobiliaire par excellence. En Allemagne et en France, la noblesse s’identifie par la particule « von « et « de «, respectivement, qui la rattache intimement à son fief principal. Mais, sur la longue durée, c’est le mode de vie lui-même qui définit la noblesse : même la petite noblesse provinciale se doit à l’observance de l’inactivité professionnelle sous peine de dérogeance.
3.2   L’anoblissement Les princes, habilités à décerner les titres de noblesse, élargissent les possibilités d’anoblissement : nombre de services civils rendus au roi, comme ceux de parlementaires (voir Parlement), permettent — à partir du XIVe siècle — d’accéder à la noblesse. À l’ancienne noblesse, dite d’épée — au sein de laquelle se distinguent déjà clairement les petits et les grands nobles — s’ajoute alors une noblesse de service, qui peut être « de robe « ou « de cloche «, selon l’origine de son anoblissement. De plus, nombre de roturiers peuvent se considérer comme nobles après avoir racheté des fiefs à des seigneurs désargentés, moyennant le droit de « franc-fief « payé au suzerain : ils sont peu à peu incorporés à la noblesse, procédant fréquemment à l’usurpation initiale de la particule.
Si nombre de princes créent des ordres de chevalerie pour que la noblesse d’épée puisse préserver son identité (comme Édouard III avec le très noble ordre de la Jarretière en Angleterre ou Philippe le Hardi avec celui de la Toison d’Or en Bourgogne), la progression de la noblesse de service autour de leur personne marque, dès la fin du XIVe siècle, un premier déclin de la noblesse : celle-ci, toujours prestigieuse et dotée de privilèges héréditaires tant honorifiques que fiscaux, ne tient plus son prestige que du roi.
4   DU SERVICE AU PRESTIGE Dans toute l’Europe, du XVIe au XVIIIe siècle, le principe absolutiste progresse — quelques pays s’en écartant, comme les Provinces-Unies détachées à partir de 1579 du Saint-Empire ou l’Angleterre après la guerre civile et la révolution du XVIIe siècle — et, de ce fait, la noblesse se voit de plus en plus soumise au roi. Les nobles résistent : la Praguerie, la ligue du Bien public, la Guerre folle et les guerres de Religion en France sont des exemples tragiques de cette tentative de restauration féodale. Cependant, avec Louis XIV en France, Pierre le Grand en Russie ou Frédéric II en Prusse, les nobles doivent se plier aux règles de la cour, dont les principes échappent largement à leur prérogative (voir Cour, société de).
En Allemagne et en Russie comme, dès le XVIIe siècle, en Angleterre, les nobles, s’adaptant à de nouvelles réalités politiques, sociales et économiques, participent activement à la construction des puissances étatiques modernes. En France, la noblesse refuse en partie de se livrer aux activités professionnelles considérées comme dérogeantes ; la fin du XVIIIe siècle est même une période où la noblesse force Louis XVI à restaurer certains privilèges : c’est la « réaction nobiliaire « que marque la loi des quartiers réservant les fonctions supérieures de l’armée aux nobles pouvant attester de quatre générations de noblesse. Mais, pour les élites roturières (voire pour nombre de nobles éclairés), de plus en plus influentes au temps des Lumières, la noblesse traditionnelle, quand elle n’est pas néfaste, est pour le moins inutile. Elle représente, selon les pays, de 2 à 10 p. 100 de la population totale.
5   LE DÉCLIN DE LA NOBLESSE À partir de la Révolution française, la tendance en Europe est à la suppression des titres héréditaires. En France, la noblesse est d’abord privée de ses droits spécifiques et de ses privilèges (nuit du 4 août 1789 ; voir Privilèges, abolition des) puis, en 1790, tous les titres héréditaires sont abolis par décret. Napoléon Ier instaure une nouvelle noblesse, octroyant des titres et des possessions à ceux qui l’ont servi, en particulier dans le domaine militaire. Après la chute de l’Empereur, Louis XVIII rend à la noblesse d’Ancien Régime ses titres et certains de ses droits. La IIe République (1848-1852) abolit à nouveau la noblesse en France, mais Napoléon III restaure les titres nobiliaires. Sous la IIIe République (1871-1940), la noblesse est une nouvelle fois abolie. Dans la France actuelle, les personnes ayant hérité de titres peuvent en faire usage dans leur nom de famille, mais ne possèdent aucun des droits ni des privilèges spécifiques de l’ancienne noblesse.
En Allemagne, les titres de noblesse existent depuis les temps médiévaux jusqu’à l’avènement de la République de Weimar, qui les abolit en 1919. En Russie, les titres de noblesse, instaurés par le tsar Pierre le Grand, subsistent jusqu’à la révolution de 1917. En Espagne, les titres de noblesse sont maintenus. Les membres de la haute noblesse portent le titre de « grand « ; ceux de la basse noblesse le nom de los titulados de Castilla. En Italie, en Belgique et au Portugal, seuls existent des titres d’apparat.
Au Royaume-Uni, le souverain accorde encore des titres de noblesse. La noblesse britannique se divise en une grande noblesse, la pairie, et une noblesse inférieure. Font partie de la grande noblesse tous ceux dont le titre héréditaire est supérieur à celui de baronnet (titre créé au XIVe siècle), c’est-à-dire les ducs, marquis, comtes, vicomtes et barons. La noblesse inférieure est représentée par les baronnets et les chevaliers. Les membres de la pairie bénéficient d’un siège héréditaire à la Chambre des lords. Certains d’entre eux détiennent leur titre jusqu’à leur mort mais ne peuvent le transmettre à leurs enfants. L’Appellate Jurisdiction Act (« loi de juridiction d’appel «), de 1876, a donné à la Couronne le droit d’accorder aux juges le rang de seigneur d’appel ainsi que la pairie à vie. Le Life Peerages Act (« loi de pairie à vie «) élargit ce droit.
Selon les pays, la noblesse, née d’une même relation complexe entre les envahisseurs barbares et l’Empire romain, a donc connu des évolutions différentes. Son prestige social demeure, jusqu’à aujourd’hui, considérable, ainsi que son désir de pérennité par l’endogamie et par la préservation des traditions qui lui sont attachées. La noblesse a fait de la possession de la terre, dans toute la société occidentale, un signe fondamental de reconnaissance de la réussite sociale.
Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles