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Nord, guerres du

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Nord, guerres du, conflits armés (1655-1660 et 1700-1721) ayant opposé la Suède à une coalition d’États voisins, entrés en guerre pour lutter contre les visées hégémoniques du royaume suédois.

2   LA PREMIÈRE GUERRE DU NORD (1655-1660)

La première guerre du Nord (1655-1660) peut être considérée comme l’ultime phase de la lutte entre souverains de la dynastie Vasa pour la possession des trônes de Suède et de Pologne. En 1655, sous le prétexte d’empêcher son cousin, le roi polonais Jean II Casimir, de s’emparer de la couronne suédoise, Charles X Gustave envahit la Pologne. Ayant reçu l’appui de Frédéric-Guillaume, Grand Électeur de Brandebourg, et au terme d’une campagne fulgurante en Pologne, Charles X vainc les Polonais lors de la bataille de Varsovie (juillet 1656).

Inquiet de cette avancée suédoise susceptible d’accroître la puissance de ce royaume en mer Baltique, le roi Frédéric III de Danemark et de Norvège entre en guerre contre Charles X en mai 1657. Il est bientôt suivi par Ferdinand III du Saint Empire (auquel succède Léopold Ier), qui retourne l’alliance du Grand Électeur de Brandebourg en sa faveur. Chassées de Pologne, les troupes suédoises prennent cependant l’armée danoise à revers, menaçant dangereusement Copenhague ; par le traité de Roskilde (février 1658), Charles X contraint le Danemark à lui céder les provinces de Scanie, de Halland, de Belkinge et de Bohuslän (la question de la possession suédoise de ces provinces va ressurgir au cours de la seconde guerre du Nord).

Mais la paix entre le Danemark et la Suède est rapidement rompue, Charles X craignant une alliance entre Frédéric III et les autres belligérants. Le souverain suédois entame alors un second siège de la ville de Copenhague ; craignant à leur tour une hégémonie suédoise en mer Baltique, les Provinces-Unies viennent au secours du Danemark, et mettent en échec la flotte de Charles X (novembre 1659).

Face à cette vaste coalition d’États, la Suède est contrainte à accepter la paix. Cependant, conclus grâce aux pressions de la France (alliée de la Suède), les différents traités de paix — traités d’Oliva (avril 1660), de Copenhague (juin 1660) et de Kardis (juin 1661) — se font finalement à l’avantage de la Suède : cette dernière conserve ses conquêtes, ainsi que la mainmise sur plusieurs régions côtières et sur les îles de la mer Baltique.

3   LA SECONDE GUERRE DU NORD (1700-1721)

La seconde guerre du Nord, dite aussi grande guerre du Nord (1700-1721), met fin aux ambitions impérialistes suédoises, et voit l’émergence de la puissance russe. La cause profonde du conflit est l’expansion suédoise au cours du xviie siècle, au détriment de la Saxe, de la Pologne et du Danemark-Norvège — lequel a perdu plusieurs territoires en Scandinavie (notamment la Scanie) —, faisant de la Suède une puissance hégémonique en mer Baltique.

En 1697, la fragilité supposée de la Couronne suédoise — avec l’accession au trône du jeune Charles XII (âgé de quinze ans) — décide le tsar Pierre le Grand de Russie à organiser la reconquête de la rive orientale de la Baltique. Pour ce faire, il met en place une nouvelle alliance contre la Suède, rassemblant bientôt Auguste II (Électeur de Saxe, récemment élu roi de Pologne), Frédéric IV (roi de Danemark et de Norvège), mais aussi les souverains de Prusse, de Hanovre et d’Angleterre. En 1700, les armées de la coalition lancent plusieurs attaques simultanées sur les territoires suédois : les troupes polonaises envahissent la Livonie, celles du Danemark-Norvège s’avancent dans le Schleswig-Holstein, tandis que les forces russes mettent le siège devant Narva.

Déployant d’extraordinaires talents stratégiques, Charles XII réagit vigoureusement. Il défait d’abord les Danois à Copenhague en août 1700, auxquels il impose la paix (paix de Traventhal, 8 août 1700). Il retourne ensuite son armée contre les Russes, qu’il vainc en quelques heures à la bataille de Narva (30 novembre 1700). Il entame enfin une lutte prolongée avec la Pologne ; après quatre années de guerre, les Polonais sont contraints d’abandonner l’alliance russe et d’accepter Stanislas Leszczyński, allié de Charles XII, sur le trône de Pologne. Parallèlement, Charles XII poursuit le roi déchu Auguste II jusqu’en Saxe et l’oblige à signer la paix d’Altranstädt (24 septembre 1706).

Cependant, Pierre le Grand, qui a reconstruit son armée, met un terme à la progression des Suédois en Ukraine en remportant une victoire décisive lors de la campagne de Poltava (8 juillet 1709). La quasi-totalité de son armée ayant été faite prisonnière, Charles XII prend la fuite et trouve refuge en Turquie. La coalition se reforme aussitôt : Auguste II chasse l’« usurpateur « Stanislas Leszczyński et recouvre son trône polonais ; les russes conquièrent l’Estonie, la Livonie et la Finlande, qu’ils mettent à sac. La Poméranie passe en partie sous la coupe de la Prusse après l’entrée de cette dernière dans la coalition.

La Suède a alors perdu la plupart de ses possessions sur la Baltique, mais Charles XII veut rassembler ses forces pour une dernière offensive dans l’espoir de rétablir la suprématie de son pays. Pendant les négociations de paix, il lève une armée et envahit la Norvège, mais il est tué devant Fredrikshald (aujourd’hui Halden) le 11 décembre 1718.

Il revient à ses successeurs, Ulrique-Éléonore et Frédéric Ier, d’établir la paix. Par le traité de Stockholm (1er février 1720), qui règle le conflit avec la Pologne et la Saxe, la Suède perd les évêchés de Brême et de Verden au profit du Hanovre, et abandonne la Poméranie occidentale à la Prusse ; par celui de Frederiksborg (juillet 1720) avec le Danemark, elle récupère les forteresses prises par les Danois, mais doit céder le duché de Schleswig ; enfin, par la paix de Nystad (10 septembre 1721), elle doit céder à la Russie la Livonie, l’Estonie, l’Ingrie et la Carélie occidentale. La Russie est ainsi la première bénéficiaire du déclin de la Suède dans la mer Baltique. La seconde guerre du Nord marque également l’entrée de l’Empire russe sur la scène politique européenne.

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