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orale, tradition

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

orale, tradition, préservation et transmission de la culture par le moyen de la communication orale.

Dans les régions où l’écriture est d’origine récente, la littérature orale garde encore son importance. Elle englobe aussi bien les contes et les légendes populaires que les récits épiques et les généalogies royales.

2   LES MAÎTRES DE LA TRADITION ORALE

L’histoire de l’Europe, antérieure à la conquête romaine, n’a longtemps été connue qu’à travers les seuls écrits de l’Antiquité gréco-romaine, puis à travers les récits, rédigés en latin, des hommes d’église des pays concernés. Il en a été de même pour l’Afrique dont les seules sources écrites ont été celles des chroniqueurs arabes du Moyen Âge, qui tenaient leurs informations de voyageurs, puis des commerçants européens. La population, qui n’avait pas accès à l’écrit en raison de l’absence d’écriture, conservait la connaissance des siècles passés dans une littérature orale abondante.

À cet égard, l’exemple de la Scandinavie, qui a été l’une des dernières régions d’Europe à se convertir au christianisme (XIe siècle environ), montre comment des civilisations dépourvues d’écriture ont perpétué les traditions nécessaires au fonctionnement de l’État, les croyances populaires s’enracinant dans les épopées. Premiers à posséder un Parlement (thing) votant des lois (Pingwellir, Islande, XIe siècle), les anciens Danois préservent celles-ci dans la mémoire d’un « gardien des lois « dont le rôle est de les connaître par cœur et à qui on fait appel en cas de contestation. La fonction de ce personnage chargé de « dire la loi « se transmet au cours de l’histoire. En Angleterre, héritière de plusieurs institutions vikings, elle donne naissance au speaker, nom donné au président du Parlement.

3   LES BIBLIOTHÈQUES ORALES

Dans la plupart des civilisations, ces gardiens de la mémoire des États sans écriture sont nombreux à la cour des souverains où ils jouent le rôle de bibliothèques, chargées, en premier lieu, de conserver les généalogies royales, sources de la légitimité. Au service du pouvoir, ils sont, comme les textes, soumis à la censure, et servent ceux dont ils étaient chargés de chanter les louanges ou de présenter un arbre généalogique favorable. De même, les grands récits fondateurs sur lesquels s’appuient les prêtres (les druides chez les Celtes) pour assurer la cohésion du peuple et donner des fondements aux rites (fête des solstices par exemple) doivent répondre à une stricte orthodoxie. La christianisation en Europe et l’islamisation en Afrique se substituent aux grands personnages mythiques et aux génies bienfaiteurs de la nature (sources, rochers) à travers le culte des saints et leurs spécialisations (maladie, récolte, fécondité, etc.).

4   LE RECUEIL DES TRADITIONS ORALES

Très tôt, l’écriture a permis de sauvegarder les grands mythes de l’humanité. Ainsi, des fragments en sumérien et en akkadien, aux contenus parfois complémentaires, gravés sur des tablettes d’argile cuite datant du IIIe millénaire av. J.-C., transcrivent l’Épopée de Gilgamesh, personnage de la mythologie assyro-babylonienne. Ils évoquent l’histoire du Déluge, reprise en hébreu dans les premiers livres de la Bible. Dans le monde grec, l’Iliade et l’Odyssée sont des récits historiques et mythiques consignés par Homère (VIIIe siècle av. J.-C.), et passés dès cette époque dans la littérature écrite. De même, la diffusion de l’arabe littéraire et l’expansion du commerce musulman dans l’océan Indien sont à l’origine des Mille et Une Nuits (Xe siècle), recueil de vieux contes populaires (Ali Baba ou Hadji Baba) et de récits de marins (Sindbad) datant de l’époque préislamique et de l’antique route des épices et des aromates.

En Europe, les relations avec l’Orient et l’accès aux textes de la Grèce ancienne sont à l’origine des Fables d’Ésope (Phrygie, IVe siècle av. J.-C.) — qui inspireront plus tard à Jean de La Fontaine ses Fables (1668) —, mais que l’on trouve sous différentes variantes probablement plus anciennes encore en Inde et en Afrique.

Le premier recueil raisonné des traditions orales est l’œuvre des frères Grimm avec les Contes d’enfants et du foyer (Blanche-Neige et les sept nains, Hänsel et Gretel, 1812-1815). Ils précèdent les folkloristes qui se penchent sur la culture populaire dont les traditions orales, les fêtes et les rites sont porteurs de civilisation et d’histoire. Leur étude systématique est à mettre au compte des ethnographes, dont la discipline, branche de l’anthropologie, se propose de « faire connaître à tous les points de vue des différentes races humaines « (Armand de Quatrefages de Bréau, 1869). Le premier des grands folkloristes ethnographes est Arnold Van Gennep dont les Rites de passage (1909), synthèse établie d’après des enquêtes ethnographiques, ouvrent la voie à de nombreuses recherches dans les régions où la tradition orale reste vivante à défaut d’une pratique ancienne de l’écriture.

5   L’AFRIQUE, CONTINENT DES TRADITIONS ORALES

En Afrique, particulièrement en Afrique subsaharienne, la tradition orale gouverne la vie quotidienne des populations rurales jusqu’à la multiplication des postes de radio dans les années cinquante (voir africaine, radio), l’écriture étant réservée aux lettrés en milieu islamisé (depuis le XIe siècle environ) et à une petite élite de cadres administratifs sous la colonisation depuis le début du siècle. La connaissance des traditions et leur diffusion sont réservées aux griots, une caste dotée d’un statut à part, le terme recouvrant aussi bien le généalogiste royal que le conteur traditionnel. Les missions de Marcel Griaule, entreprises à la veille de la Seconde Guerre mondiale et portant notamment sur les mythes dogon et bambara, donnent lieu au célèbre Dieu d’eau (1948), une transcription de la cosmologie dogon. Les recueils de traditions orales, aidés par l’existence du magnétophone, se multiplient. Mais, en raison du développement économique qui ouvre les régions isolées au monde extérieur (migrations temporaires, exode rural, essor de la radio), les récits du passé se trouvent soumis à des altérations de plus en plus importantes. Ainsi, des récits traditionnels adaptés pour la radio avec les additifs nécessaires à leur dramatisation, ou des théories historiques nouvelles, se trouvent intégrés dans les récits oraux comme issus de la parole des ancêtres. C’est pourquoi Amadou Hampâté Bâ, formé à la pensée scientifique et humaniste de Théodore Monod — qui lui a ouvert les portes de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), à Dakar — a lancé son célèbre appel de l’Unesco : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ! «

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