Paul-Louis Courier

1772-1825

Jamais pensée si mesquine, jamais si pauvre philosophie n'eurent à leur serviœ style d'un art si raffiné. Ce style est d'ailleurs laborieusement fabriqué, mais la réussite est parfaite : de ragots de village et de médiocres histoires électorales, ce pamphlétaire-né a su faire de redoutables machines de guerre contre la Restauration. A vrai dire, Napoléon ne trouve pas davantage grâce devant ce chef d'escadron des armées impériales. Courier est essentiellement négatif, individualiste, égoïste, tyran domestique et qui mourra misérablement, tué dans un bois à bout portant par un valet de ferme amant de sa femme ; il a su donner de lui-même l'image d'un bon homme, compatissant aux humbles, d'une fière indépendance à l'égard de “ l'autorité ”. Ses pamphlets littéraires (Lettre à M. Renouard, Lettre à MM. de l'Académie des inscriptions), politiques (Lettres au “ Censeur ”, Simple discours, Aux âmes dévotes de la paroisse de Véretz, Pétition pour des villageois qu'on empêche de danser Livret de Paul-Louis, Gazette du village, Pamphlet des pamphlets, etc.) ; ses Lettres  écrites de France et d'Italie demeurent des merveilles littéraires. Savant helléniste, ses traductions des Pastorales de Longus  dans la langue d'Amyot, du Commandement de la cavalerie de Xénophon, de l'Ane de Lucius de Patras, etc., sont de pédantesques gageures, qui complètent le portrait de ce faux “ vigneron ”.