Petrograd, révolte de

Petrograd, révolte de, premier acte de la Révolution russe de 1917 (dite « révolution de février «) qui a balayé le tsarisme en cinq jours (23-27 février).

Début 1917, l’effort de guerre se poursuit. La Russie compte ses morts, ses blessés, ses prisonniers : plus de 7 millions. La colère et l’incompréhension de la population face à cette saignée est accentuée par de déplorables conditions de vie (notamment le rationnement). La hantise de la famine et le rejet du coût humain de la guerre cristallisent un profond sentiment d’injustice au sein du prolétariat urbain.

Le 23 février, à Petrograd, lors de la célébration de la journée de la Femme, l’exaspération populaire déborde. Les ouvrières textiles de Vyborg qui défilent se mettent en grève. Puis elles manifestent en réclamant « La Paix «, « Du pain ! « et en dénonçant l’autocratie. Malgré l’absence de mot d’ordre, la grève s’étend le 24. Le 25, elle devient générale. La troupe et les cosaques censés réprimer la rébellion ne bougent pas. Seuls les policiers harcèlent les grévistes et, le 26, l’armée ne tire sur eux que contrainte et forcée.

Dans la nuit du 26 au 27 février, la grève se métamorphose en insurrection et l’armée fraternise avec les ouvriers. C’est un coup fatal pour le régime. Le 27, une cinquantaine de représentants des ouvriers, des militaires, des mencheviks et des bolcheviks constituent le premier soviet. Il s’affirme aussitôt comme un puissant contre-pouvoir du gouvernement provisoire du prince Lvov (2 mars), formé pour stopper la flambée révolutionnaire et pour limiter les effets du choc que constituent l’abdication de Nicolas II et le renoncement à ses droits par son frère Michel.

Dès la fin mars cependant, la mobilisation ouvrière, la faiblesse gouvernementale et l’existence de 77 soviets soulignent l’ampleur de la brèche que la révolution de février vient d’ouvrir. Le tsarisme est balayé. La révolution est en marche.