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Querelle iconoclaste

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Querelle iconoclaste, ou Querelle des images, crise religieuse qui a déchiré l’Empire byzantin aux viiie et ixe siècles.

2   PREMIÈRE CRISE ICONOCLASTE (730-787)

La première manifestation byzantine de l’iconoclasme remonte au milieu des années 720, lorsque l’empereur Léon III lance campagne contre la production d’icônes figurant le Christ, s’appuyant pour cela sur une phrase de l’Ancien Testament (le deuxième des Dix Commandements). En 730, il promulgue un décret impérial interdisant la vénération de toute image sainte.

Cette décision est condamnée par le patriarche de Constantinople (qui est déposé) et par le pape de Rome (Grégoire II, puis de nouveau par son successeur Grégoire III). Elle rencontre également une farouche résistance de la part du peuple et des moines byzantins. Mais le plus sérieux argument opposé à l’iconoclasme, formulé par le théologien et Père de l’Église Jean de Damas, consiste à affirmer que cette doctrine renie l’un des principes fondamentaux de la foi chrétienne, la doctrine de l’incarnation (on parle alors d’iconodulie). Selon les défenseurs des images, la naissance du Christ en tant qu’homme permet sa représentation qui, dans un certain sens, participe de la divinité, à l’instar du sujet évoqué. Le rejet de ces images correspond donc automatiquement au rejet de leur sujet.

Malgré ces différentes réfutations, la doctrine iconoclaste reste vigoureusement défendue par l’Empire. Ainsi, l’empereur Constantin V reprend, avec plus de virulence encore, le combat de son père Léon III. En 754, il réunit un concile, le cinquième concile de Constantinople, qui condamne le culte des images comme idolâtrie. S’en suit une période de violence au sein de l’Empire byzantin, durant laquelle les monastères sont détruits, leurs occupants pourchassés, voire massacrés, et les images saintes grattées ou brûlées.

À partir de 780, lorsque la régence impériale est assumée par l’iconophile Irène, l’Empire change de politique vis-à-vis des images. Après l’échec du synode de 786, Irène convoque à son tour un concile (universel), le second concile de Nicée (787), qui reconnaît officiellement l’adoration des images (en tant que « modèles «) et condamne les iconoclastes. Le concile de Nicée est unanimement reconnu dans toute la chrétienté, à l’exception de Charlemagne (concile de Francfort, 794).

3   SECONDE CRISE ICONOCLASTE (813-843)

Au cours de la première partie du ixe siècle, une nouvelle période iconoclaste débute sous les auspices impériaux. En 815, deux ans après son accession au trône, le nouvel empereur Léon V convoque un synode qui annule les décisions de Nicée. Son successeur Michel II (empereur de 820 à 829) décide de résoudre la crise en invalidant les décisions iconoclastes du concile de Constantinople et du synode de 815, mais également celles du concile de Nicée. Il n’en demeure pas moins qu’il pratique (comme son successeur Théophile) une politique de persécution des iconophiles. La seconde querelle iconoclaste prend fin en 843, avec la condamnation finale de l’iconoclasme au synode de l’Orthodoxie, qui a lieu sous le patronage de l’impératrice Théodora II (veuve de Théophile et mère de l’empereur Michel III).

4   CONSÉQUENCES DE LA QUERELLE ICONOCLASTE

Outre ses conséquences théologiques, le mouvement iconoclaste influe fortement sur l’art byzantin. Plus encore, il affaiblit la position de l’Empire byzantin en suscitant des querelles internes et en exacerbant les différends avec la papauté, qui commence à abandonner l’alliance avec Byzance pour se tourner vers les Francs. Malgré sa victoire dans le domaine théologique, l’Église orientale échoue dans son épreuve de force avec l’autorité impériale, même lorsque Jean de Damas affirme que l’empereur n’a aucunement le droit d’intervenir dans les problèmes relatifs à la foi. L’apparition de l’iconoclasme et sa condamnation lors des conciles de 787 et 843 sont en définitive le résultat de décisions plus impériales qu’ecclésiastiques, les conciles ne répondant qu’aux ordres impériaux. Par conséquent, l’autorité de l’empereur dans les domaines spirituel et temporel, ainsi que son pouvoir sur l’Église, sortent sensiblement renforcés de la controverse.

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