Républiques sœurs

Républiques sœurs, nom donné par la France révolutionnaire aux territoires conquis et vassalisés.

Programme idéologique voté par la Convention le 19 novembre 1792, la conquête de territoires limitrophes à la France se veut être une exportation des libertés acquises par la Révolution. Au nom des frontières naturelles, les armées révolutionnaires annexent d’abord la Savoie (novembre 1792) et le comté de Nice (avril 1793) puis la Belgique (1795) et la rive gauche du Rhin (1798). De même, cette fois au nom de la liberté politique, elles envahissent la Hollande en 1795, dans laquelle est établi un pouvoir républicain propre. Ainsi naît la République batave, première « République sœur « de la France révolutionnaire. Les conquêtes de Bonaparte permettent au Directoire d’imposer des États républicains en Italie, avec les Républiques cisalpine (1797), ligurienne (1797), romaine (1798) et parthénopéenne (ou napolitaine, 1799). La neutralité suisse ne résiste pas plus à l'appétit révolutionnaire et la République hélvétique est pour sa part créée en 1898.

Les constitutions imposées par la France à ces Républiques s'inspirent de la Constitution française de la I^re République : mise en place d'un scrutin à deux degrés, séparation des pouvoirs et collégialité de l'exécutif. Les Républiques, qui servent également de laboratoire pour certaines innovations constitutionnelles, sont en définitive soumises à l’autorité parisienne. Elles subissent alors autant l'instabilité politique du Directoire que les oppositions locales à un régime de ponctions financières et militaires.

L'expression « République sœur « veut signifier l'étroite connivence entre l’État révolutionnaire français et les territoires concernés. Néanmoins, à l'exception de la République batave, les régimes installés n'obtiennent pas de soutien populaire ; la France est perçue comme un occupant, dont les troupes commettent des exactions et dont l'État est friand de nouvelles rentrées d'argent. De ce fait, les populations paysannes, très éloignées des événements politiques qu'elles subissent, se soulèvent, comme c’est le cas de plusieurs cantons suisses en 1798.

Annonciateur de l’Empire napoléonien, le glacis révolutionnaire des Républiques sœurs disparaît peu après la Révolution en 1799-1800.