Devoir de Philosophie

Richesse et différence Michel LEIRIS

Publié le 24/03/2020

Extrait du document

leiris

Richesse et différence

Michel LEIRIS

1901 - 1990

Cinq études d'ethnologie (1969)

Nos idées sur la culture étant elles-mêmes partie intégrante d’une culture (celle de la société à laquelle nous appartenons), il nous est impossible de prendre la position d’observateurs extérieurs qui, seule, pourrait permettre d’établir une hiérarchie valable entre les diverses cultures: les jugements en cette matière sont nécessairement relatifs, affaire de point de vue, et tel Africain, Indien ou Océanien serait tout aussi fondé à juger sévèrement l’ignorance de la plupart d’entre nous en fait de généalogie que nous sa méconnaissance des lois de l’électricité ou du principe d’Archimède. Ce que, toutefois, il est permis d’affirmer comme un fait positif, c’est qu’il est des civilisations qui, à un moment donné de l’histoire, se trouvent douées de moyens techniques assez perfectionnés pour que le rapport des forces joue en leur faveur et qu’elles tendent à supplanter les autres civilisations, moins équipées techniquement, avec lesquelles elles entrent en contact; c’est le cas aujourd’hui pour la civilisation occidentale, dont on voit — quelles que soient les difficultés politiques et les antagonismes des nations qui la représentent — l’expansion s’exercer à une échelle mondiale, ne serait-ce que sous la forme de la diffusion des produits de son industrie. Cette capacité d’expansion à base techno-scientifique apparaît finalement comme le critère décisif permettant d’attribuer à chaque civilisation plus ou moins de «grandeur»; mais il est entendu que ce mot ne doit être pris qu’en un sens, si l’on peut dire, volumétrique et que c’est, d’ailleurs, d’un point de vue strictement pragmatique (c’est-à-dire en fonction de l’efficacité de ses recettes) qu’on peut apprécier la valeur d’une science, la regarder comme vivante ou morte et la distinguer d’une magie : si la méthode expérimentale — dans l’emploi de laquelle excellent les Occidentaux et occidentalisés d’aujourd’hui - représente un progrès indiscutable sur les méthodes aprioristes1 et empiristes2 c’est, essentiellement, dans la mesure où ses résultats (à l’inverse de ce qui en est pour ces autres méthodes) peuvent être le point de départ de nouveaux développements susceptibles, à leur tour, d’applications pratiques. Il est entendu, en outre, que, les sciences dans leur ensemble

leiris

« VISAGES DE L'INCONNU étant le produit d'innombrables démarches et processus divers aux­ quels toutes les races ont contribué depuis des millénaires, elles ne peu- 35 vent en aucune manière être regardées par les hommes à peau blanche comme leur apanage 3 exclusif et le signe, en eux, d'une aptitude qui leur serait congénitale.

Ces réserves expressément formulées, on peut souligner l'impor­ tance capitale que la technologie (soit les moyens d'agir sur l'environ- 40 nement naturel) a non seulement pour la vie même des sociétés, mais pour leur développement.

Les grandes étapes de l'histoire de l'huma­ nité sont marquées par des progrès techniques qui ont eu de profondes répercussions sur tous les autres domaines culturels.

Cinq études d'ethnologie, © by Éd.

Denoël.

1.

Méthodes fondées sur des a priori, des préjugés et non sur des faits.

-2.

Méthodes fondées sur l'expérience.

-3.

Pro­ priété.

• Quel est l'intérêt, pour la suite du texte, de l'observation formulée dans la première 1 9hrase? l • ~noncez les critères pris en compte par Michel Leiris pour juger une civilisation.

• l : • ~eformulez, en trois ou quatre lignes maximum, la thèse développée par l'auteur .

.

• V,ous direz, dans un développement structuré et argumenté, quels critères autres que 1•;efficacité technologique permettent d'évaluer une civilisation.

> Groupement de textes: voir 56 -59.

,.._ -·-· -- ---- ~ - - -- 102. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles