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Ruhr, occupation de la

Publié le 22/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Ruhr, occupation de la, opération militaire lancée le 11 janvier 1923 par le président du Conseil français, Raymond Poincaré, et consistant à occuper le bassin industriel de la Ruhr, afin d’obliger les Allemands à respecter les clauses du traité de Versailles concernant le paiement de réparations.

2   S’ASSURER UN GAGE PRODUCTIF

L’inflation galopante dont est victime l’économie allemande depuis 1921 met les dirigeants de la République de Weimar dans l’impossibilité d’honorer le paiement des réparations prévues par le traité de Versailles et les incite à demander un moratoire dès 1922. Soutenue par la majorité de l’opinion publique, une partie de la classe politique française entend cependant faire payer l’Allemagne, rejetant toutes les solutions de compromis proposées par les Britanniques et les Américains.

Rappelé aux affaires en janvier 1922, Raymond Poincaré, partisan de la fermeté, décide en accord avec le gouvernement belge d’une opération militaire visant à contrôler les centres de production de la Ruhr. Il s’agit de s’assurer un gage économique productif afin, dans un premier temps, de se payer directement, puis, dans un deuxième temps, de contraindre les Allemands à payer. Après avoir fait constater par la commission des Réparations les manquements de l’Allemagne concernant une livraison de bois, Poincaré ordonne à trois divisions françaises commandées par le général Degoutte de pénétrer dans la Ruhr, le 11 janvier 1923. Au total, ce sont près de 60 000 soldats français et belges qui occupent les principales villes et centres miniers de la région allemande. Dans les jours qui suivent, une Mission internationale pour le contrôle des usines et des mines (MICUM) est mise en place. D’autre part, la Haute Commission interalliée des territoires rhénans (HCITR), que préside le Français Paul Tirard, saisit les forêts domaniales et l’impôt sur le charbon, et fait établir un cordon douanier isolant de fait la Ruhr du reste de l’Allemagne.

3   L’ÉCHEC DE LA RÉSISTANCE PASSIVE

Face à cette occupation, le chancelier allemand, Wilhelm Cuno, décrète la résistance passive. D’abord spontanée puis financée par le gouvernement, une grève générale s’organise. Les mines et les transports sont paralysés. Mais la réaction de l’armée française est immédiate : en quelques semaines, 147 000 Allemands sont expulsés de la Ruhr, dont 46 000 fonctionnaires. Cette situation provoque de violents affrontements avec la population. Aux assassinats de soldats français répond la répression des armées occupantes, qui à diverses reprises ouvrent le feu au cours de manifestations, blessant et tuant plusieurs participants. La violence culmine le 31 mars lorsqu’à Essen, devant les usines Krupp, les soldats français tirent sur la foule, provoquant la mort de 13 personnes.

Dans le même temps, la HCITR crée une régie franco-belge des chemins de fer, qui fonctionne tout d’abord avec des cheminots français et belges volontaires. Mais très vite, des cheminots rhénans attirés par la paye acceptent d’y travailler. De fait, face aux difficultés financières, la résistance passive s’effrite. Après avoir financé au début la grève générale, le gouvernement allemand doit faire face à une situation catastrophique, et le chancelier Cuno démissionne le 12 août. Gustav Stresemann lui succède et décide peu après de l’arrêt de la résistance passive.

4   UN SUCCÈS AMBIGU

Alors même que la politique de fermeté de la France semble porter ses fruits, le gouvernement Poincaré doit faire face à plusieurs problèmes contribuant à affaiblir la position française. Au niveau de la politique intérieure, la ferme opposition de la gauche à l’occupation de la Ruhr sème le trouble parmi l’opinion. Les arrestations de plusieurs députés communistes ne parviennent pas complètement à faire taire l’opposition, soutenue notamment par la Section française de l’Internationale ouvrière de Léon Blum. Mais surtout, pour ce qui est de la politique extérieure, la France se trouve de plus en plus isolée face à ses alliés britanniques et américains. La crainte de Londres de voir émerger un État rhénan autonome et favorable à la France l’incite à faire pression sur Paris, au moment même où l’économie française a besoin de capitaux étrangers pour se relever à la fois de la guerre et de la brève crise de 1921.

En mai 1924, l’arrivée au pouvoir du Cartel des gauches contribue à débloquer la situation. Partisan d’une solution négociée et réaliste, le nouveau président du Conseil, Édouard Herriot, accepte les conditions contenues dans le plan Dawes qui, tout en réaffirmant le principe des réparations, réaménage les paiements allemands en échange d’une évacuation de la Ruhr. Cette dernière s’achève en 1925.

Au final, cette opération militaire, qui prend fin sans véritable vainqueur ni véritable vaincu, a pour conséquence de faire comprendre aux différents gouvernements français que les clauses du traité de Versailles, telles qu’elles ont été signées, sont en pratique inapplicables. En Allemagne, la principale conséquence est d’aggraver la situation économique désastreuse, tout en redonnant une forte vigueur au nationalisme.

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