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Sacerdoce et de l'Empire, lutte du

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Sacerdoce et de l'Empire, lutte du, conflit, opposant la papauté et le Saint Empire romain germanique, du milieu du XIIe siècle à 1250.

Après le concordat de Worms (1122) qui a mis fin à la querelle des Investitures, la conception pontificale du pouvoir est devenue théocratique tandis que l’empereur affirme un pouvoir germanique souverain, puisé dans le droit romain et la tradition franque. Même si le conflit a pour enjeu la domination territoriale de l’Italie, pouvoirs temporel et spirituel cherchent d’abord mutuellement à exercer la suzeraineté symbolique de l’Occident chrétien.

2   FRÉDÉRIC IER BARBEROUSSE FACE À ALEXANDRE III

Entre l’empereur Frédéric Ier Barberousse (également roi d’Italie), cherchant à dominer la politique européenne et la papauté, défendant ses intérêts italiens pour asseoir ses ambitions séculières, la lutte est ouverte à partir du milieu du XIIe siècle. À la mort du pape Adrien IV (1159), un opposant à l’empereur est élu au pontificat, sous le nom d’Alexandre III. Dès l’année suivante, Frédéric Ier fait reconnaître au synode de Pavie Victor IV comme antipape, ce qui déclenche ouvertement les hostilités entre le Sacerdoce et l’Empire. Seuls les royaumes de France, d’Angleterre, de Sicile et les villes lombardes continuent à soutenir Alexandre III. Sous son patronage, les villes du Nord, pourtant théoriquement vassales de l’Empire, s’unissent en 1167 dans une ligue d’intérêt, dite Ligue lombarde. Près de dix ans après sa fondation, la Ligue est victorieuse de l’armée impériale à Legnago (29 mai 1176). La paix de Venise, conclue en juillet 1177, est une grave humiliation pour Frédéric Barberousse. Néanmoins, ce dernier réussit à menacer l’alliance faite autour du pontife, en mariant son fils (le futur Henri VI) à l’héritière du royaume de Sicile, Constance (1186).

3   UNE PAPAUTÉ PUISSANTE FACE AUX DERNIERS HOHENSTAUFEN

Le mariage d’Henri VI a pu inquiéter le Saint-Siège, mais le nouvel empereur, pourtant ambitieux dans la lutte qui oppose les Hohenstaufen à la papauté, meurt à l’âge de trente-deux ans, en 1197. Théoricien de la théocratie pontificale, le nouveau pape Innocent III (depuis 1198) déplace la discorde sur le plan de la théologie politique. Selon lui, le pouvoir temporel des rois doit se soumettre à la pleine souveraineté du pape, vicaire du Christ et détenteur du pouvoir spirituel. Distinguant auctoritas pontificale et potestas royale, il veut donner une double dimension symbolique et séculière à la primauté européenne du Saint-Siège. Pour cela, il tente de rétablir son autorité sur Rome et ses propres États, inflige des sanctions spirituelles aux souverains européens, se pose en arbitre de la rivalité des prétendants à l’Empire (Philippe de Souabe contre Othon de Brunswick) et réunit le IVe concile œcuménique de Latran (1215).

Après avoir préféré le guelfe Otton au gibelin Philippe, la tromperie du nouvel empereur, Otton IV fait pencher Innocent III pour un troisième candidat, Frédéric-Roger, le futur Frédéric II. Couronné roi en 1212 et empereur en 1220, celui-ci abuse également le pape lorsqu’il réunit, contrairement à sa promesse, les royaumes de Sicile et de Germanie et cherche à reconstruire l’Empire universel.

Sous les successeurs d’Innocent III, Grégoire IX et Innocent IV, la lutte s’exacerbe entre papauté et Empire pour la primauté en Occident. Elle se place avant tout sur le plan de la polémique juridique et théologique, alors que le véritable enjeu reste la domination de l’Italie et de l’Occident chrétien. Excommunié en 1227, Frédéric II traite avec Grégoire IX le 13 juillet 1230 à San Germano ; ne s’étant pas repenti, il châtie les villes lombardes en 1237, ce qui entraîne sa seconde excommunication (mars 1239). Grégoire IX décédé depuis 1241, Frédéric occupe alors les États de l’Église. Le nouveau pape Innocent IV reprend la lutte mais doit se réfugier à Lyon où il convoque un concile œcuménique aboutissant à l’excommunication et à la déposition de Frédéric II (17 juillet 1245). La lutte du Sacerdoce et de l’Empire atteint alors son paroxysme, un pape s’étant octroyé le droit de déposer un empereur.

En 1250, la mort de l’empereur déchu consacre la victoire de la papauté ; après la mort de Conrad IV (1254), fils de Frédéric II, l’Empire reste sans tête jusqu’en 1273 (voir Interrègne, le Grand). Cependant, la papauté victorieuse s’affaiblit vers la fin du XIIIe siècle face au pouvoir montant des monarchies nationales. Elle est à son tour vaincue par le roi de France, Philippe le Bel, après l’attentat d’Anagni (1303).

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