Saint-Sacrement, compagnie du

Saint-Sacrement, compagnie du, association religieuse catholique fondée en France en 1627.

La compagnie du Saint-Sacrement a été créée sous l’impulsion du lieutenant général du roi, Henri de Lévis, et de sa femme. Après la rédaction des statuts par les ecclésiastiques Philippe d’Angoumois (capucin), Suffren (jésuite et confesseur du roi) et Condren (oratorien), la compagnie a pris son essor dès 1630.

L’originalité de la compagnie réside dans le fait qu’elle est constituée à la fois de clercs et de laïcs, et dirigée conjointement par un supérieur laïque et un directeur ecclésiastique. Nombre de ses membres sont issus de la noblesse — le prince de Conti, le maréchal de Schomberg, le duc de La Meilleraye, des grands commis de l’État tels Guillaume de Lamoignon, Olivier Lefèvre d’Ormesson — et de l’épiscopat français tel Alain de Solminihac à Cahors ; la compagnie regroupe également de nombreuses figures spirituelles comme Jean-Jacques Olier, Jacques Bénigne Bossuet et Vincent de Paul. Les membres de la société, tenus au secret, sont au nombre de 4 000 en 1638, disséminés dans une cinquantaine de villes du royaume.

Outre la dévotion au Saint-Sacrement, la compagnie a pour objectif une politique d’assistance : secours envers les pauvres et les prisonniers, fondations d’hôpitaux, financement de séminaires et de missions. De surcroît, cette société religieuse mène une sévère censure morale : elle lutte contre les protestants par l’application rigoriste de l’édit de Nantes (1598), lance des admonestations contre les jansénistes et dénonce les libertins. Ses attaques contre le cardinal Mazarin lui portent un coup fatal.

En 1660, sur ordre du Cardinal, un arrêt du parlement de Paris énonce que « toute réunion sans permission expresse du roi et lettres patentes vérifiées « est interdite. Puis, en 1664, Molière dénonce dans son Tartuffe la toute-puissance et les excès de la compagnie, ce qui, sous la pression de l’association, entraîne l’interdiction temporaire de la pièce. À partir de 1666, l’influence de la compagnie du Saint-Sacrement s’estompe peu à peu dans la capitale et ses activités se poursuivent en province avant de s’interrompre à la fin du xvii^e siècle.