Schumacher, Kurt

Schumacher, Kurt (1895-1952), homme politique allemand, président du Parti social-démocrate de 1946 à sa mort, qui a été l'un des principaux opposants à la politique d'intégration de la République fédérale d’Allemagne (RFA) dans l'Europe de l'Ouest, menée par Konrad Adenauer.

Né à Kulm (Westphalie), grièvement blessé durant la Première Guerre mondiale, Kurt Schumacher est membre du Conseil des ouvriers et des soldats, lors de la révolution de 1918 et s’oppose aux spartakistes. Il étudie le droit et les sciences politiques aux universités de Halle, Leipzig et Berlin, où il obtient un doctorat en 1926. Dès janvier 1918, il adhère au Parti social-démocrate (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) et est député du Wurtemberg (1924-1931) puis, entre 1930 et 1933, membre du Reichstag. Adversaire résolu du Parti national-socialiste allemand des travailleurs (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, NSDAP), il est interné, de 1933 à 1945, dans plusieurs camps de concentration.

En 1946, Kurt Schumacher réorganise le SPD, dont il est élu président à l'unanimité, puis devient membre du Conseil parlementaire (1948-1949). Entre 1945 et 1952, fortement hostile aux communistes comme aux chrétiens-démocrates, il s’oppose au fédéralisme et fait campagne pour une Allemagne unie et souveraine ; sous la direction du SPD, il pense que cette nouvelle Allemagne pourrait devenir le point de ralliement d'une Europe socialiste et démocratique et, par conséquent, le soutien d'une troisième force constructrice, dans le contexte dangereux de la guerre froide. Doutant des intentions de l'Est et de l'Ouest, il rejette une association trop étroite avec les nations d'Europe occidentale, comme celle envisagée par le plan Schuman, et s'oppose à l'idée d’une remilitarisation comme d'une intégration de l'Allemagne de l'Ouest dans l'Union de l'Europe occidentale (UEO). Selon lui, une telle orientation gênerait la réunification allemande et ferait de la RFA un pion dans la politique étrangère franco-anglo-américaine.