SÉANCE 4  Théophile Gautier, Les Nuits d'été (1841)

SÉANCE 4  Théophile Gautier,

Les Nuits d'été (1841)

L'écoute des Nuits d'été de Berlioz s'impose, mais on peut ne faire écouter que les deux « Lamentos « et réserver pour la fin de la séance l'écoute intégrale.

· Objectifs :

— Reconnaître le registre lyrique d'une pièce musicale et d'un texte

poétique. Le choix du « Lamento « se prête à l'étude conjointe des

deux formes d'expression.

— Acquérir un vocabulaire spécifique (musical).

— Réfléchir aux distinctions de genres, de registres, de motifs.

Réponses aux questions [LIVRE ÉLÈVE, P. 148] 0 Lire

1. Les deux poèmes de Gautier ont d'abord été publiés en 1838 dans un recueil intitulé Poésies diverses, comprenant « La Comédie de la mort «. Le premier, « Sur les lagunes «, est sous-titré « Chanson du pêcheur« et exprime le chagrin du deuil. Le second poème est aussi un lamento, mais l'émotion y est plus intériorisée : le souvenir y tem¬père le chagrin.

2. La recherche des allitérations peut se faire sur tout le poème. La

strophe est exemplaire, l'allitération des occlusives et des sifflantes scande le martèlement obsessionnel du sentiment de manque (b/bl/pl/s/bs/pl/s/p). Les rimes embrassées combinent sonorités étouf¬fées du [à] nasalisé et voyelles fermées des terminaisons de participes passés marquant l'achèvement : « oubliée/dépareillée «. L'accent est mis sur le passé révolu. En relisant le poème et en l'accentuant, on consta¬tera que sont accentuées les notions de mort (« cercueil «, « deuil «, «lin 

ceul «) et d'amour. Une nouvelle écoute permettra d'identifier les moyens spécifiquement musicaux (la basse chromatique descendante du refrain suggère l'abattement du pêcheur).

3. Le poème « Au cimetière« non seulement ne comporte pas de refrain en forme de cri (ou de sanglot), mais présente une alternance régulière de mètres (8/8/4/8/8/4) disposés selon l'ordre de cadences mineures. La musique de Berlioz renforce le caractère régulier de ces cadences : la répétition du même accord, le caractère immobile de la voix (proche du récitatif) assurent la continuité mélodique de la plainte, mais la 3' strophe du poème amène un changement de ton : « l'âme éveillée [...] se plaint dans un roucoulement/bien douce¬ment «. Le retour de l'absente par le souvenir est marqué par une légère envolée de la mélodie de Berlioz, toujours en harmonie avec le contenu du poème.

4. Les seuls éléments naturels de «Sur les lagunes« sont la nuit et la mer, réunies dans une même image : celle du «linceul «. Les éléments naturels de « Au cimetière« sont la « tombe « et l'« if« au soleil cou¬chant, auxquels s'ajoutent les «belles de nuit «, «le fantôme« et «la colombe« qui pourrait représenter l'âme de la bien-aimée.

Q

Écrire

5. Le corpus des Nuits d'été peut suffire à exprimer un point de vue sur la poésie sépulcrale. Les adolescents d'aujourd'hui ayant volon¬tiers des goûts macabres, on peut leur demander d'effectuer eux-mêmes une recherche de poésies de cimetière. Quelques pistes, pour l'époque romantique : Théophile Gautier et d'autres poèmes extraits de la Comédie de la mort, Pétrus Borel (Rhapsodies, 1832) et Baudelaire, qui, comme toujours, sacrifie au genre en le parodiant : « Sépulture «, « Une gravure fantastique «, « Le Mort joyeux «.