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Sébastopol, siège de

Publié le 13/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Sébastopol, siège de, épisode clef de la guerre de Crimée, qui s’est tenu du 17 octobre 1854 au 10 septembre l855.

2   LE SIÈGE DE SÉBASTOPOL

À la suite de la victoire des alliés (France-Royaume-Uni, Crimée) à la bataille de l’Alma (20 septembre 1854), la place de Sébastopol — quartier général de la flotte russe en mer Noire — sert de repli aux troupes de l’amiral russe Menchikov. Le maréchal Saint-Arnaud, commandant en chef de l’armée d’Orient et vainqueur de l’Alma, ayant été emporté par le choléra fin septembre, le commandement français revient au général Canrobert qui n’ose se risquer à prendre de force la place dès septembre : la ville, défendue par Gortchakov et Totleben, semble alors imprenable ; Napoléon III est même dissuadé par ses généraux de venir commander les opérations.

Le premier assaut du 17 octobre 1854 reste vain, comme les contre-attaques russes et les assauts suivants, tel celui du 25 octobre (connu sous le nom de « bataille de Balaklava «). Le conflit s’enlise avec l’arrivée de l’hiver qui arrête les opérations actives. En mars 1855, le général Canrobert abandonne le commandement des troupes alliées, remplacé par le général Pélissier.

3   LA PRISE DE SÉBASTOPOL

Avec une stratégie « jusqu’au-boutiste «, Pélissier multiplie pour sa part les assauts, grignotant progressivement du terrain sur les Russes. Le 7 juin, il prend le Mamelon vert et les Ouvrages blancs, deux édifices avancés de la défense russe ; le 16 août, il défait les Russes sur la Tchernaïa ; enfin, le 8 septembre, il lance l’assaut final sur le fort Malakoff, le Grand et le Petit Redan. L’ultime bataille dure deux jours (8-10 septembre 1855), au cours desquels le général Mac Mahon, s’étant emparé du fort, prononce son célèbre mot : « J’y suis, j’y reste «. Les Russes évacuent la ville dès le 11 septembre.

Le coût humain de près d’un an de siège est des plus lourds : 95 000 morts dans les rangs français, 20 000 chez les Anglais et 110 000 pour les Russes. Les alliés s’avèrent incapables de poursuivre l’offensive et l’accession au trône d’Alexandre II de Russie offre l’occasion d’achever une guerre profondément enlisée.

4   LA LÉGENDE DE SÉBASTOPOL

La victoire franco-anglaise permet à Napoléon III de contraindre la Russie à l’armistice le 18 janvier 1856, puis à signer, avec le Royaume-Uni, l’Autriche et l’Empire ottoman, le traité de Paris du 30 mars 1856.

Malgré l’enlisement du siège, la prise de Sébastopol apparaît donc comme une victoire capitale en France, aussitôt popularisée et instrumentalisée. En témoignent le défilé des soldats rentrant Crimée dans leurs uniformes usagés, portant civières et blessés dans le Paris bondé de l’exposition universelle (1856) ; le nom du récent axe nord-sud de la rive droite à Paris, baptisé boulevard Sébastopol ; enfin et plus profondément, la toponymie rurale — Sébastopol servant fréquemment à désigner de nouvelles exploitations.

De même, la prise de Sébastopol favorise la naissance d’une nouvelle légende militaire impériale dont la représentation biaisée est le fruit d’une habile manœuvre de l’empereur. De fait, Napoléon III a cherché à fonder sa propre saga militaire, en activant le lien symbolique que la mémoire collective n’a pas manqué d’établir avec les glorieuses campagnes russes de Napoléon Ier. Efficace propagande plus que grande victoire, la prise concluant le siège de Sébastopol n’en demeure pas moins une des grandes dates de l’histoire de France.

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