Solon

Solon (638-559 av. J.-C.), homme politique et législateur grec.

Solon, l’un des Sept Sages de la Grèce, est considéré comme le fondateur de la démocratie athénienne.

Issu d'une noble famille d’Athènes, Solon s'engage très tôt dans le commerce avec d’autres cités et devient un négociateur expérimenté. Il est élu archonte (magistrat supérieur) en 594 av. J.-C., en pleine récession économique. À Athènes, la crise agraire est telle que de nombreux petits agriculteurs libres ne parviennent plus à payer leurs dettes et sont vendus comme esclaves.

Solon interdit la servitude pour dettes et annule toutes les hypothèques en cours : c’est la seisachtheia ou « levée du fardeau «. Le législateur encourage également ceux qui ne peuvent vivre de l'agriculture à exercer d'autres métiers, ce qui donne un nouvel élan au commerce et aux professions libérales.

Tout aussi importantes sont les réformes constitutionnelles de Solon. Il conserve l'ancienne subdivision de la population en classes mais l'établit selon la richesse : les « pentacosiomédimnes «, c'est-à-dire ceux qui possèdent un revenu annuel égal à 500 médimnes (1 médimne = 1,5 boisseau ou 6 setiers) de grain, de vin ou d'huile ; les chevaliers (en grec, « hippeis «), qui peuvent fournir un cheval pour le service militaire et dont le revenu annuel s'élève à 300 médimnes ; les « zeugites « qui peuvent fournir des bœufs d'attelage et ont un revenu de 200 médimnes. Il ajoute une quatrième classe, les « thètes « (salariés), qui, en général, ne possèdent rien.

Solon impose certaines obligations à chacune des quatre classes : les trois premières forment l'armée de terre de l'Attique, tandis que les thètes servant comme rameurs sur les trirèmes (bateaux équipés de trois rangs de rameurs) forment la plus grande partie de la flotte — qui a par la suite assuré le salut de la Grèce et la prédominance de l'Empire athénien.

Cette nouvelle répartition prévoit que les charges politiques sont ouvertes uniquement aux membres des trois premières classes, mais Solon donne aux thètes le droit de siéger dans les assemblées. Il s'agit d'une étape importante dans le développement d'un gouvernement populaire, car l'élection de l'assemblée à partir de l'ensemble des citoyens donne au peuple le contrôle du gouvernement. Un nouveau conseil, la boulê, composé de 400 membres, est mis en place afin de préparer les propositions à débattre lors de l'assemblée générale. Le conseil remplit ainsi bon nombre des fonctions législatives auparavant traitées par l'aréopage.

Au-delà des réformes institutionnelles, les lois de Solon touchent tous les domaines de la vie, notamment le mariage, l'adoption, les vêtements, l'agriculture et le calendrier. Solon permet sans nul doute l'émancipation de l'individu et fait le premier pas décisif dans le sens d'une démocratie complète et véritable. Le point clé de ses réformes est la modération, et il croit que chaque classe peut se voir accorder des privilèges en fonction des charges publiques qu'elle est à même de supporter. C’est ainsi que le philosophe Aristote entend les réformes de Solon lorsqu’il lui fait dire dans sa Constitution d’Athènes (IV^e siècle av. J.-C.) : « Au peuple j'ai donné autant de puissance qu'il suffit, sans rien retrancher ni ajouter à ses droits. Pour ceux qui avaient la force et en imposaient par leurs richesses, pour ceux-là aussi je me suis appliqué à ce qu'ils ne subissent rien d'indigne. «

Ces réformes, trop démocratiques pour plaire aux riches aristocrates et pas assez pour enthousiasmer le peuple, entraînent toutefois un mécontentement. La tradition rapporte même que Solon rencontre une telle opposition que, l'année suivant sa charge d'archonte, il quitte Athènes pour une période d'environ dix ans.

Celui qui est considéré comme l’un des Sept Sages de la Grèce (aux côtés de Bias de Priène, Chilon de Sparte, Cléobule de Lindos, Périandre de Corinthe, Pittacos de Mytilène et Thalès de Milet) est également l'auteur de vers, dont les quelques fragments retrouvés témoignent de ses visées politiques.