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STRUCTURE D'ENSEMBLE DES CARACTÈRES

Publié le 17/01/2022

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    Les différents chapitres des Caractères ont un titre qui précise leur contenu, le sujet de la réflexion qui y est développée :

 

    I - Des ouvrages de l'esprit  : La Bruyère définit son projet d'écriture (à la fois esthétique et satirique), il évoque son travail d’écrivain, ses exigences (il mentionne les écueils à éviter : manque de clarté et de précision) ; il apporte son jugement sur les différents genres littéraires et sur les modèles à honorer (les Anciens) comme ont su le faire certains de ses contemporains, auxquels il rend hommage : Racine, Corneille).

 

    II - Du mérite personnel : Remise en cause de la société qui n'accorde pas d'importance aux valeurs personnelles de l'individu (l’assemblage de vertus qui définit le « mérite personnel «), qui ne considère l'individu qu'à travers ce qu'il paraît et non pas ce qu'il est, et qui  repose sur le hasard de la naissance. Portrait de « l'honnête homme «.

 

    III - Des femmes : En éternel célibataire, La Bruyère présente les femmes comme très superficielles, très attachées à leur apparence :  elles sont coquettes, futiles, vaniteuses et en vieillissant, elles deviennent bigotes et prudes. Il compare ici l'amour et l'amitié et trouve des arguments pour ne pas succomber à l'asservissement conjugal.

 

    IV - Du cœur : Très brèves remarques qui vantent les mérites du véritable amour et de l'amitié sincère et qui constatent que l'homme est rarement heureux parce qu'il se trompe de cible et qu'il se laisse dominer par ses passions. Évocation de la peur de la mort, puisque l'homme sait que le temps passe et qu'il n'en est pas maître. Pourtant, le bonheur est simple : « être avec des gens qu'on aime, cela suffit. «. 

 

    V - De la société et de la conversation : Chapitre consacré à l’art de la conversation, art de la sociabilité qui régit les rapports humains. La Bruyère critique les discours hypocrites et dénonce les pouvoirs abusifs de la parole du beau parleur, de celui qui pervertit l’usage de la parole en voulant dominer les autres (par le mensonge l’exagération, l’intrigue). Mais si la recherche de la vérité n'est pas propre au mondain, peut-être est-elle celui de l'honnête homme ?

 

    VI - Des biens de fortune : L'argent est ce qui confère de l'importance à l'individu ; tout est soumis à l'argent : la gloire, la puissance, les relations familiales. La Bruyère décrit les parvenus en montrant à quel point les grands biens matériels font les grandes décadences, et souligne comment la course après la fortune apparaît aussi comme une manifestation désespérée de la course effrénée après le temps qui passe.

 

    VII - De la ville : C'est le lieu où la bourgeoisie imite la cour. La ville est un vaste théâtre où chacun se met en scène, une micro-société où toutes les classes cohabitent, où les castes s'affrontent lamentablement; où chacun vend son âme pour des apparences flatteuses mais trompeuses. Et les femmes sont dans ce domaine pires encore que les hommes. La Bruyère regrette un âge d'or où la société n’était pas corrompue par le progrès et la civilisation.

 

    VIII - De la cour : La Cour est un lieu dominé par l'intérêt égoïste de chacun. Le courtisan a un seul objectif : obtenir la faveur d'un grand seigneur, quel qu'en soit le prix.  La Cour est comme un théâtre où l'apparence et la naissance dominent, et où les destins peuvent se faire ou se défaire au gré de faveurs aléatoires et précaires.

 

    IX - Des grands : Vanité et dureté des Grands – maîtres dans l'art du paraître – qui méprisent ceux qui leur sont inférieurs alors qu'en fait ils ne doivent leur grandeur qu'à leur naissance. La Bruyère ne dénonce pas seulement  l'injustice de la Fortune, mais aussi le fait que les Grands sont confortés dans leur rôle dominant par des petits qui se laissent écraser sans mot dire, telles des victimes consentantes d'un système bien rôdé, où on méprise le mérite personnel.

 

    X - Du souverain ou de la république : Selon La Bruyère, le meilleur gouvernement c'est celui du pays dans lequel on vit, sans que pour autant il y ait un gouvernement idéal. Dans ce chapitre il fait un réquisitoire contre les guerres de conquête, puis, après avoir évoqué la solitude du chef de l'état, il fait le portrait du bon souverain, c'est-à-dire, celui qui est le « PERE DU PEUPLE ; enfin, il insiste sur les devoirs du souverain envers le peuple et réciproquement. C’est ainsi une remise en cause de la tradition plénipotentiaire et la dénonciation des abus de Louis XIV, notamment des guerres excessives et inutiles : un tel système suscite la présence de favoris, de courtisans pour entourer un roi trop solitaire.

 

    XI - De l'homme : Ce qui caractérise et  détermine l'homme, c'est son imperfection : le mal est inhérent à la nature humaine, tout comme son inconstance. Par ailleurs la Bruyère peint un portrait plutôt négatif de l'homme et décline ses défauts tels l'amour de soi, l'ingratitude, l'injustice, l'indifférence... Il faut donc être indulgent à l'égard de nos semblables. Ces défauts leur permettent sans doute d'oublier leur triste condition de mortels.

 

    XII - Des jugements : La plupart des jugements sont faux ou ridicules d'autant qu'il n'y a pas forcément relation de cause à effet entre la faute et le jugement. Dénonciation d'une société fondée sur les apparences, où tout jugement ne peut qu'être hâtif, a priori, erroné. L’homme se trompe, sur lui-même et sur les autres.

 

    XIII - De la mode : La Bruyère montre les méfaits de la mode sur l'homme, qui se laisse dominer par des considérations superficielles et éphémères. L'homme est ridicule de céder aux caprices de la mode, même si elle peut être perçue comme une échappatoire de plus à la fuite du temps : la curiosité (comme le divertissement chez Pascal) fait oublier à l'homme qu'il est voué à la mort. Parmi les « modes «, La Bruyère dénonce la fausse dévotion.

 

    XIV - De quelques usages : Qu'ils appartiennent au domaine social, religieux, familial, financier, médical... la plupart des usages et des coutumes sont ridicules, arbitraires et pernicieux pour l'homme, tant ils bafouent la raison. Ils témoignent de sa perversité, qu’il soit magistrat ou gentilhomme, et des intrigues qui régissent les relations avec autrui. Seule la raison peut venir à bout de ces mauvais usages (y compris dans l'usage de la langue, et l'on retrouve là l'empreinte des règles classiques).

 

    XV - De la chaire : La Bruyère évoque la perversion des hommes de Dieu : eux aussi succombent au règne des apparences et de la tromperie. Les prédicateurs chrétiens devraient prêcher plus simplement et mettre leur talent à se faire comprendre de chacun, à rechercher le salut de l'âme de leurs auditeurs, et non à utiliser leur éloquence pour leur seule réputation.

 

    XVI - Des esprits forts : Ce titre, par antiphrase, désigne en fait les esprits qui se prétendent forts et sont les véritables esprits faibles, ceux qui nient Dieu, l'âme et la Providence ; dénonciation de la fausse dévotion. La Bruyère affirme sa foi en l'existence de Dieu : l'harmonie de l'univers, notre existence, notre pensée distincte de la matière supposent un principe spirituel. En ne parvenant pas à lutter contre la peur de mourir, d'être surpassé, d'être oublié, l'homme se trompe et passe à côté de la vérité et de la vertu.

 

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