théâtres antiques

théâtres antiques, édifices non couverts conçus pour divers spectacles et composés de trois parties : les gradins, l'orchestra, le bâtiment de scène.

Dans le théâtre grec, les gradins (koilon, cavea), établis sur une pente naturelle, formaient un demi-cercle prolongé en U. La circulation s'effectuait grâce à des passages horizontaux et à des escaliers déterminant des kerkides, secteurs en « coins «. Les spectateurs (14 000 à Épidaure, 20 000 à Argos) disposaient de 40 cm sur les gradins, hauts de 40 cm environ ; les privilégiés avaient droit à des sièges dits de « proédrie «, trônes ou bancs à dossier et accoudoirs, installés notamment au premier rang. Le koilon entourait en partie l'orchestra, aire circulaire plane en terre battue prévue pour les évolutions des chœurs.

L'édifice scénique juxtaposait la skéné, bâtiment allongé à un étage, et le proskénion était un portique haut de trois mètres environ, peu profond, sur le toit duquel jouaient les acteurs ; des décors peints s'inséraient entre ses colonnes. Le mur de scène, derrière les acteurs, fut d'abord percé d'une ou trois portes, puis de grandes baies qui restaient ouvertes ou recevaient des décors ; le rez-de-chaussée de la skéné abritait les coulisses. Les théâtres étaient équipés de machines ; parfois, un passage souterrain, pour les apparitions, reliait la skéné à l'orchestra (Argos, Érétrie, Sicyone). Des portes fermaient les parodos, passages entre les gradins et le bâtiment de scène.

Ce type de construction, représenté notamment par le théâtre d'Épidaure (vers 300 av. J.-C.), se répandit à l'époque hellénistique; il succéda aux édifices à gradins rectilignes, orchestra polygonale (Thorikos, en Attique), ou à édifice scénique simple (Athènes), construits à partir du milieu du V^e siècle av. J.-C., et aux échafaudages de bois primitifs (VI^e siècle av. J.-C.). Le théâtre accueillait aussi des assemblées politiques.

À Rome, le premier théâtre en pierre fut inauguré par Pompée en 55 av. J.-C., mais ce type de théâtre romain existait déjà en Italie vers 100 av. J.-C. Les gradins semi-circulaires étaient construits sur des murs rayonnants et des voûtes rejoignaient l'édifice scénique. Les spectateurs accédaient aux gradins par des bouches, les vomitoires. Des couloirs praecinctiones divisaient la cavea en niveaux (maeniana), on parle de cavea ima, inférieure, media, moyenne, summa, supérieure. Les secteurs verticaux délimités par les escaliers sont les cunei (coins). Devant l'orchestra en demi-cercle, occupée par des sièges mobiles, le pulpitum formait un plateau bas et profond ; la frons scaenae (front de scène) était percée de trois portes, souvent situées dans des niches, et décorées de deux ou trois ordres de colonnes. Des voiles accrochés à des mâts, le velum, abritaient les spectateurs. Le théâtre pouvait être complété par un portique supérieur et d'autres installations, temple au sommet de la cavea, portique derrière la skéné, etc. Les constructions les plus nombreuses datent du II^e siècle apr. J.-C. En Grèce particulièrement, on a surtout remanié les édifices existants, en adaptant l'orchestra (podium, bassin) aux spectacles de l'amphithéâtre, chasses, combats de gladiateurs, ballets nautiques. En Gaule, le type classique côtoyait le type gallo-romain, marqué par une réduction de l'édifice scénique et parfois par l'adaptation de l'orchestra aux chasses etc., ainsi que des édifices mixtes dérivés de l'amphithéâtre.

Outre les exemples cités, de nombreux théâtres gréco-romains sont connus, en Grèce (Corinthe, Délos, Delphes, Dodone, Mégalopolis, Oiniadai, Oropos, Sicyone, Sparte), en Asie Mineure (Alinda, Aspendos, Assos, Éphèse, Magnésie, Pergame, Pergé, Priène, Sidé), en Italie (Rome, théâtre de Marcellus ; Herculanum, Pompéi), en Sicile (Ségeste, Syracuse, Taormine), en Libye (Leptis Magna, Sabratha), en France (Arles, Autun, Berthouville, Lyon, Orange, Vaison-la-Romaine, Vienne), en Espagne (Mérida). L'odéon, théâtre plus petit et couvert, accueillait des concerts, conférences, récitations, mais aussi des représentations dramatiques quand le théâtre était affecté à des spectacles plus grands.