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Tours, congrès de

Publié le 21/02/2013

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Tours, congrès de, congrès de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) qui s’est tenu du 25 au 30 décembre 1920, au cours duquel a été créé le Parti communiste français (PCF).

Privée de son chef historique Jaurès, assassiné en 1914, touchée par un échec retentissant aux élections de 1919 où elle a perdu la moitié de ses députés, minée par les dissensions nées de la participation à l’Union sacrée durant la guerre, et qui opposent les réformistes aux partisans d’une révolution à l’image de celle qui vient de triompher en Russie, la SFIO joue, lors de ce congrès, son orientation future. Aux tenants d’une reconstruction modérée dans le cadre de la SFIO — représentant la quasi-totalité des élus avec des personnalités aussi marquantes que Léon Blum, Jean Longuet, le petit-fils de Marx, ou Paul Faure — s’opposent les partisans d’une adhésion à la IIIe Internationale, créée à Moscou par Zinoviev et Lénine. Cette adhésion implique une révolution complète des statuts du parti avec, en particulier, l’allégeance aux instructions de Moscou et la mise en place du centralisme démocratique. Elle est, en particulier, soutenue par Ludovic Oscar Frossard, secrétaire de la SFIO, et par Marcel Cachin, directeur de l’Humanité, qui reviennent alors de Russie où ils ont rencontré les principaux dirigeants bolcheviques.

Les débats sont extrêmement vifs. Les partisans d’une adhésion à la IIIe Internationale sont soutenus par les représentants de la SFIO des colonies comme Hô Chí Minh pour l’Indochine ; ils notent le reflux des blancs face aux rouges et le succès de la révolution bolchevique ; ils dénoncent l’échec des socialistes à imposer la paix dans le cadre parlementaire, et leur échec à imposer des réformes sociales alors même qu’ils ont participé au gouvernement dans le cadre de l’Union sacrée ; ils affirment, enfin, que les plus contraignantes des « 21 conditions « imposées pour l’adhésion à la IIIe Internationale sont purement formelles. Face à eux, Blum développe la défense de la « vieille maison «, de son indépendance, de son caractère national spécifique et, dénonçant dans le bolchevisme un « blanquisme à la sauce tartare «, répond aux attaques contre les « petits-bourgeois « lancées par le jeune Maurice Thorez.

En fait, une majorité assez hétéroclite se dégage pour adhérer à la IIIe Internationale, alors qu’autour de Longuet se tient un centre favorable à la reconstruction d’une Internationale fusionnant la IIe et la IIIe. Mais, à la suite d’un télégramme envoyé par Zinoviev et réclamant l’exclusion de Longuet, seule l’aile gauche des reconstructeurs rejoignent la majorité et 68 p. 100 des mandats se prononcent en faveur de l’adhésion à la IIIe Internationale. Le vieux Parti socialiste français doit changer de nom et devient le Parti communiste ou Section française de l’Internationale communiste (SFIC) ; il change aussi de fonctionnement, adoptant le système du centralisme démocratique qui en fait une machine de combat révolutionnaire et reprend l’Humanité. Minoritaires, les opposants à la IIIe Internationale reprennent le nom de Parti socialiste SFIO, se donnant pour nouvel organe le Populaire.

Désormais, la gauche française restera divisée. Le congrès de Tours appartient à un ensemble européen : en Allemagne, en Angleterre, en Italie, les partis socialistes se scindent de la même façon. Les échecs des grandes grèves de 1919-1920, des pacifismes pendant la Grande Guerre, des réformismes depuis la fin du XIXe siècle expliquent largement cette épidémie de scissions qui marque aussi, pour le monde entier, l’entrée dans un siècle politique nouveau où la question soviétique sera l’un des enjeux majeurs.

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