Traoré, Moussa

Traoré, Moussa (1936- ), général et homme politique malien, qui est arrivé au pouvoir au Mali par un coup d’État militaire en 1968 et a été renversé en 1991.

Né à Kayes, dans l’ouest du Mali, Moussa Traoré suit une formation militaire dans l’armée française, à Fréjus. De retour au Mali en 1964 avec le grade de lieutenant, il est porté au pouvoir en 1968 par le coup d’État militaire mené par le Comité militaire de libération nationale (CNLM) contre le régime du président Modibo Keita.

Bien accueilli en raison de sa réputation d’intégrité, Moussa Traoré rompt avec la politique non-alignée de son prédécesseur et parvient à se rapprocher suffisamment des Occidentaux sans rompre pour autant avec le bloc de l’Est. Cependant il concentre peu à peu tous les pouvoirs et sa dérive autoritaire le coupe peu à peu de la population. La Constitution de 1974 institue le parti unique, et sa réélection est assurée en 1979 et en 1985. Parallèlement, il fonde en 1979 l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), dont il devient le secrétaire général.

Dans les années 1980, Moussa Traoré autorise une certaine ouverture démocratique (organisation de forums publics sur l’avenir de la démocratie au Mali par exemple), sans pour autant céder aux revendications de multipartisme. Face à la corruption du régime et à la grave crise économique qui persiste tout au long de la décennie, les grèves et les manifestations antigouvernementales se multiplient. En mars 1991, à la suite de la répression brutale par l’armée des manifestations populaires en faveur de la démocratisation, Moussa Traoré est renversé par un coup d’État mené par Amadou Toumani Touré.

En février 1993, Moussa Traoré est condamné à mort pour « assassinats, coups et blessures « au cours d’un grand procès qui est aussi celui de son régime. Il bénéficie de l’indulgence du président Alpha Oumar Konaré, qui commue sa condamnation à mort en prison à perpétuité en 1997. Toutefois, en 1999, Moussa Traoré et son épouse sont condamnés à la peine capitale pour crimes économiques (en particulier pour enrichissement illicite). De nouveau, Alpha Oumar Konaré commue les sentences en détention à perpétuité.

En mai 2002, l’ex-couple présidentiel est gracié « pour des raisons humanitaires « par le président Alpha Oumar Konaré, alors que celui-ci s’apprête à quitter le pouvoir. Cette libération s’inscrit dans le cadre de la transition politique en œuvre à l’occasion de l’élection présidentielle d’avril-mai 2002. En effet, alors que la « réconciliation nationale « s’est unanimement imposée comme l’un des grands thèmes de campagne, la libération du général Moussa Traoré est interprétée comme un gage de la volonté de l’ensemble de la classe politique malienne d’œuvrer à la réconciliation. Elle n’est cependant pas sans créer de vifs débats au sein de l’opinion publique malienne, dans la mesure où elle ouvre la voie à la réhabilitation de l’ancien dictateur. Celui-ci exige en effet sa réhabilitation et la restitution de ses biens.