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Un deuxième mandat historique pour les travaillistes britanniques

Publié le 17/01/2022

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7 juin 2001 Abstention record et effritement de la majorité. Avec quelques sièges de moins que les 418 (sur 659) qu'ils contrôlaient depuis 1997, Tony Blair et sa formation ont, comme prévu, remporté un second « mandat historique » pour le parti travailliste qui n'avait jamais réussi, jusqu'à ce jour, à gouverner pendant deux législatures de suite. Mais, comme le soulignaient vendredi tous les commentateurs, l'abstention, qui frôle pour la première fois depuis 1918 - sauf en Irlande du Nord - le niveau record de 40 % (contre 28,6 % en 1997) a de quoi inquiéter un premier ministre dont l'une des ambitions proclamées était, depuis quatre ans, de « reconnecter les gens à la politique, de renouveler leur foi en nos institutions ». Pour la première fois au Royaume-Uni, il y a pratiquement autant d'abstentions que d'électeurs pour le parti au pouvoir. Cette baisse de participation est particulièrement importante dans les circonscriptions traditionnellement travaillistes. En attendant, comme c'est normal, le premier ministre s'est félicité que « le peuple souverain » lui ait permis, largement, de poursuivre la mise en oeuvre d'un programme qui vise « à marier la tête et le coeur » de l'opinion. Tous les ténors du « nouveau travaillisme » ont été réélus, la plupart avec des majorités réduites par rapport à 1997. Peter Mandelson, le confident, l'ami, le « découvreur » en quelque sorte du « phénomène Blair » a retrouvé son siège de Hatlepool dans le nord de l'Angleterre, se remettant ainsi en selle pour un éventuel retour dans un gouvernement qu'il a dû quitter par deux fois à la suite de controverses non résolues. Conscient des frustrations et des désillusions accumulées lors du premier mandat, Tony Blair a invité, vendredi matin, ses partisans à « se souvenir que le pays veut que nous le servions et qu'il est maintenant l'heure de faire ce que nous avons promis. Il veut que nous soyons très clairs quant à la nature du mandat que nous recevons aujourd'hui ». Sobre, comme l'est d'ailleurs son parti qui souhaite éviter tout triomphalisme, le premier ministre - qui a lui-même été réélu dans son imprenable circonscription de Sedgefield (Nord de l'Angleterre) avec plus de 60 % des voix, score en baisse de quelques points sur celui de 1997 - devrait rapidement présenter son nouveau gouvernement. Le premier ministre semble avoir bien reçu le message de l'électorat : « Il y a quatre ans, a-t-il dit, nous avons été élus dans l'euphorie après dix-huit ans de pouvoir conservateur. Nous sommes maintenant réélus. (...) Le jugement est plus modéré, l'ambiance est différente, mais c'est un jugement plus raisonné parce qu'il est basé sur nos performances au pouvoir. » SERVICES PUBLICS Absence totale de suspense, désillusion, manque d'intérêt pour une campagne souvent ennuyeuse de quatre longues semaines et qui n'a, à aucun moment, influé sur les sondages. L'abstention, a avancé Gordon Brown, directeur de campagne et chancelier de l'Echiquier, « s'apparente à la tendance que nous constatons dans tous les grands pays industrialisés, notamment les Etats Unis. L'important, a-t-il ajouté, est que l'écart entre nous et les conservateurs soit resté très large. » De fait, la formation tory, réputée avoir été, pendant tout le dernier siècle, le « parti naturel de gouvernement », reproduit à peu de choses près le score lamentable enregistré il y a quatre ans (autour de 31 % des voix). Avec à sa tête le jeune président William Hague - qui a démissionné dès vendredi matin -, il paye pour une stratégie totalement ratée qui a consisté à tout parier sur le rejet de la monnaie unique européenne. Le slogan de campagne choisi par M. Hague - « Votez conservateur, c'est votre dernière chance de sauver la livre sterling » - est tombé complètement à plat dans une opinion qui sait que Tony Blair a promis un référendum national sur le sujet dans les deux ans. Tout au long de la campagne, ce sont les services publics, leur déshérence et ce qu'il faut faire pour les remettre au niveau de la quatrième puissance économique mondiale qui ont figuré en tête des préoccupations de l'opinion. Sur ce point, les tories n'avaient pas grand- chose de crédible à proposer. En revanche, les libéraux-démocrates, qui campent désormais solidement à la gauche du « nouveau travaillisme » et qui étaient les seuls à proposer une légère hausse des impôts pour financer la refonte de ces services, se retrouvent en quelque sorte grands vainqueurs de la campagne sinon des élections. Le parti de Charles Kennedy, dont l'ambition proclamée est de remplacer le Parti conservateur en tant qu'opposition officielle au gouvernement de Sa Majesté, est le seul à progresser en voix (18 %) sinon en sièges par rapport à son score de 1997. Preuve, s'il en était besoin, de l'immense attente des électeurs sur la santé publique, les transports et l'éducation.

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