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Versailles, traité de

Publié le 21/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Versailles, traité de, traité de paix signé le 28 juin 1919 dans la galerie des Glaces, entre les Alliés et l'Allemagne, qui a mis fin à la Première Guerre mondiale.

2   DES NÉGOCIATIONS DIFFICILES

Le traité de Versailles est négocié pendant la conférence de la Paix de Paris, qui siège à Versailles à partir du 18 janvier 1919. Vingt-sept pays y participent, mais les décisions importantes sont, en fait, prises au sein d'un Conseil des Quatre composé de la France, représentée par Georges Clemenceau, des États-Unis, avec le président Wilson, du Royaume-Uni, avec Lloyd George et de l’Italie, avec Orlando. Les représentants de la République de Weimar, qui a remplacé l'Empire allemand à la fin de la guerre (9 novembre 1918), sont exclus des discussions. L'élaboration du texte final, un document volumineux de 440 articles, nécessite six mois de travail et la mise en place d'une organisation importante, avec de multiples commissions et la présence de centaines de diplomates et d'experts.

Les négociations du traité ne se font pas sans heurts : les Alliés ne partageant pas la même logique face à l'instauration de la paix en Europe, le traité est un compromis entre les parties en présence. La France, exsangue et soucieuse d’assurer avant tout sa sécurité, veut annexer la rive gauche du Rhin, contrôler la Ruhr et obtenir des réparations financières considérables. Elle s'oppose aux Anglo-Saxons qui, essentiellement pour des raisons commerciales, ne veulent pas écraser l'Allemagne. L'Italie quitte un temps la conférence après avoir essuyé un refus à sa volonté d'annexer Fiume et la Dalmatie — annexion prévue par un traité secret signé à Londres en 1915, mais que Wilson ne reconnaît pas. La Chine quitte également la conférence après le déclenchement d'un confit avec le Japon à propos des concessions allemandes de la province chinoise de Shandong. Les Alliés parviennent enfin à adresser le texte du traité au gouvernement allemand le 17 juin 1919.

3   LA SOCIÉTÉ DES NATIONS

L'un des aspects les plus originaux et nouveaux du traité de Versailles est l'instauration, par l'article premier, d'une Société des Nations (SDN). Il s'agit de la première organisation constituée en faveur du maintien de la paix. Elle est chargée non seulement de l'exécution des termes des différents traités signés après la Première Guerre mondiale (voir traité de Trianon ; traité de Sèvres ; traité de Saint-Germain ; traité de Neuilly), mais aussi de régler les différents problèmes diplomatiques pouvant se produire sur le plan international.

4   CLAUSES TERRITORIALES

L'Allemagne reconnaît la souveraineté de la Belgique, de la Pologne, de la Tchécoslovaquie et de l’Autriche, et dénonce les traités de Brest-Litovsk et de Bucarest. De plus, elle perd quelque 67 000 km2, soit un peu plus de 10 p. 100 de son territoire et quelque 6,7 millions d’habitants, soit le dixième de sa population.

L'Alsace-Lorraine revient à la France, et le bassin de la Sarre est placé sous la gestion de la Société des Nations pour une durée de quinze ans. Au terme de cette durée, la Sarre pourra choisir, par plébiscite, entre la France — qui obtient la propriété du bassin houiller — et l'Allemagne.

La Belgique reçoit les districts d'Eupen et de Malmedy.

Des plébiscites ont lieu en 1920 pour déterminer le statut du nord et du centre du Schleswig. La région septentrionale, d'une superficie de 3 981 km2, est alors réunie au Danemark. Le territoire du Centre revient à l'Allemagne.

La Pologne reconstituée obtient la Posnanie et une grande partie de la Prusse-Occidentale. Lors des plébiscites organisés en 1920, le sud-est de la Prusse et la région de Marienwerder (Prusse-Occidentale) optent pour l'Allemagne avec une majorité importante. Le plébiscite qui se déroule en haute Silésie en 1921 accorde également une majorité à l'Allemagne, mais ce résultat est controversé, et le Conseil de la Société des Nations, choisi comme arbitre, tranche en attribuant la partie la plus riche de la région à la Pologne. L'autre partie de la haute Silésie (aujourd'hui dans la République tchèque), autour de Teschen, est cédée à la Tchécoslovaquie en 1920.

Le port de Memel et les territoires adjacents reviennent aux Alliés et sont plus tard intégrés à la Lituanie.

Le port de Dantzig est placé sous le contrôle des principales puissances alliées, qui déclarent Dantzig (aujourd'hui Gdańsk) ville libre administrée par la Société des Nations, mais assujettie à la juridiction polonaise pour les questions de douane et les relations internationales. Ce fameux couloir de Dantzig, qui sépare la Prusse-Orientale du reste de l'Allemagne, assure à la Pologne un accès à la mer Baltique. Mais ce territoire est l'objet de tensions entre la Pologne et l'Allemagne, qui toutes deux le revendiquent en se référant chacune à une conception différente du droit des nationalités. Les Polonais insistent sur le fait que les Kachoubes, qui habitent le « corridor «, parlent un dialecte polonais, tandis que les Allemands rappellent qu'avant la guerre, ces régions élisaient toujours des candidats allemands. L'Allemagne ne reconnaît pas ses frontières orientales. Les désaccords avec la Pologne sur les questions de Dantzig et de la haute Silésie demeurent une source de conflits.

Conformément à la partie IV du traité, l'Allemagne perd la totalité de son empire colonial (en Afrique, dans le Pacifique et en Chine). La SDN les confie, sous forme de mandat, aux principales puissances victorieuses : la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Union sud-africaine et le Japon. Cette décision du traité est un moyen à la fois de sanctionner l'Allemagne pour le fait de guerre et de la priver des ressources qui auraient permis une rapide reconstruction.

5   RÉPARATIONS ET DÉSARMEMENT

Le traité de Versailles impose à l'Allemagne d'abolir le service militaire obligatoire, de supprimer le grand état-major, de réduire son armée à 100 000 hommes, dont 5 000 officiers, de démilitariser tous les territoires situés sur la rive gauche du Rhin et le long de la rive droite sur 50 km ; elle doit également cesser toute importation ou exportation et pratiquement toute production de matériel de guerre, limiter sa marine militaire à 24 navires, sans aucun sous-marin, et le nombre de ses marins à 16 000 hommes ; il lui faut renoncer à son aviation de guerre, à son artillerie lourde et à ses tanks, le tout avant le 1er octobre 1919. Contrainte de se livrer, la flotte de guerre se saborde à Scapa Flow, au nord de l'Écosse, le 26 juin 1919. L'Allemagne accepte également que l'ancien empereur Guillaume II soit jugé par une cour internationale pour « offense suprême contre la morale internationale «. Le procès n'a cependant jamais eu lieu.

L'article 231 du traité rend l'Allemagne responsable de la guerre ; elle doit donc payer les dommages subis par les puissances alliées et s'engager à acquitter d'importantes réparations financières. Les réparations comprennent également la livraison de navires, de trains, de marchandises et de ressources naturelles. L'Allemagne perd la propriété de tous ses brevets. Ses fleuves (Rhin, Elbe, Oder) sont internationalisés. Elle doit accorder aux Alliés la clause de la nation la plus favorisée (droits de douane minimaux sur les importations de marchandises), et accepter les marchandises en provenance d'Alsace-Lorraine et de Posnanie sans droits de douane.

6   LES CONSÉQUENCES DU TRAITÉ DE VERSAILLES

Le traité de Versailles, censé établir une paix durable en Europe, se révèle être un échec. Dès sa signature, il est attaqué par les Britanniques, notamment par Keynes, l'un des experts de la délégation anglaise, qui critique le principe des réparations comme dommageable à la reconstruction économique de l'Europe, et de l'Allemagne en particulier. Les Américains également se montrent hostiles à ce traité, à la fois parce qu'ils le jugent trop dur envers l'Allemagne et parce qu'il rompt avec la position traditionnelle d'isolationnisme des États-Unis. Aussi, le Sénat américain rejette-t-il l'internationalisme du président Wilson et refuse-t-il de ratifier le traité. Les États-Unis signent un traité séparé, le traité de Berlin, le 2 juillet 1921.

En Allemagne, où il est qualifié de « diktat «, le traité de Versailles soulève un vent de protestation qui sert la propagande nationaliste, dont celle d'Adolf Hitler. L'Allemagne, qui souligne la contradiction du traité avec les Quatorze points de Wilson élaborés avant l'armistice, est incapable de faire face aux exigences des vainqueurs et négocie une révision à la baisse des conditions économiques et financières imposées par l'« humiliant traité «. Comme en Italie, le régime parlementaire allemand est tenu pour responsable de l'humiliation nationale, et doit céder la place à un régime autoritaire.

Les clauses territoriales du traité créent, d'autre part, de nouveaux problèmes de minorités dans l'est de l'Europe, bientôt exacerbés par la montée des nationalismes.

La création de la SDN ne donne pas à la nouvelle organisation les pouvoirs nécessaires pour qu'elle puisse faire respecter ses décisions. En particulier, aucune force armée internationale n’est à la disposition de l'organisation. En définitive, le traité de Versailles, en provoquant une nouvelle flambée des nationalismes, a contribué à provoquer une nouvelle guerre mondiale vingt ans plus tard.

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