Violence et société
Publié le 30/03/2014
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• Violence et société
J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant dou¬blée d'une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagré¬ger cette société. L'homme a un penchant à s'associer car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions natu¬relles. Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher, car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vou¬loir tout diriger dans son sens ; et, de ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu'il se sait lui-même enclin à résister aux autres. C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse, et, sous l'impulsion de l'am¬bition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayer une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer [...]. Remercions donc la nature pour cette humeur peu concilian¬te, pour la vanité rivalisant avec l'envie, pour l'appétit insatiable de posses¬sion ou même de domination. Sans cela toutes les dispositions naturelles excellentes de l'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil.
E. Kant, Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique,
Ive proposition, Bordas, 1988.
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