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1970 – 1979 : LA Télévision

Publié le 29/11/2018

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VERS LA CONCURRENCE (1970-1974)

 

Au début des années soixante-dix, la télévision française commence une mutation décisive. En janvier 1970, Maurice Cazeneuve est nommé directeur de la deuxième chaîne, Pierre Sabbagh de la première. Ce timide début de concurrence est accompagné de multiples réformes de gestion. La loi du 3 juillet 1972 donne un président-directeur général, Arthur Conte, à l'ORTF. Celui-ci supprime les unités autonomes d'information créées par Jacques Chaban-Delmas en 1969, invoque les <> avant d'être renvoyé par le ministre de l'Information.

 

L'élection de Va léry Giscard d'Estaing en 1974 précipite une nouvelle réforme brutale, concrétisée par la loi du 7 août 1974: l'ORTF éclate en sept sociétés. Pour la télévision, TDF (Télédiffusion de France) est responsable de la diffusion. L'INA (l'Institut national de l'audiovisuel) a quatre missions : la recherche (technique et sciences sociales), la production, la formation et l'archivage. La SFP (Société française de production) hérite de l'équipement de production lourd. C'est dans ces trois sociétés que se maintient le plus vivement l'esprit de service public. Le programme est désormais confié à trois sociétés anonymes distinctes : Télévision française 1 (TF 1), Antenne 2, France-Régions 3 (FR 3, héritière de la troisième chaîne lancée en 1973). La concurrence est résolument ouverte pour conquérir l'audience du public. Limitée par la loi à 25 % des ressources de l'audiovisuel public, la publicité se développe et représente bientôt la moitié du budget de TF 1 et d'Antenne 2.

« La loi de 1974 entraîne une certaine stabilité à la télévisio n.

Ainsi , aucune réforme majeure n'aura lieu dans les années soixante­ dix , et les grèves s'atténuer ont.

Pour l'essent iel, les dirigeants restent en place de 1974 à 1981 : Jean-Louis Guillaud est directeur général puis président de TF 1; Xavier Larère, directeur général d'Antenne 2, voit Marcel Jullian et Maurice Ulrich se succéder à la présidence de la chaîne ; Claude Contamine est président de FR 3.

L' INFOR MATION L'éclatement de l'OR TF ne calme pas les hommes poli­ tiqu es.

Les directeurs de l'Inf ormation se succèdent à un rythme accéléré .

En 1977, est nommé sur Antenne 2 Jean-Pierre Elkabbach , grand professionn el, qui est parfois contesté, comme en octobre 1979 lorsqu'il relève de la revue de presse Claude Sérillon qui souhaitait la consacrer à l'affaire des reçus en cadeau par le président de la Républi que.

En même temps, l'information change de nature .

Le jou rnal télévisé , qui reçoit de plus en plus d'images d'actualités internatio­ nales par le biais des échanges Eurovision et grâce au satellite , est devenu la grand-messe quotidienne des França is.

Le présentateur du journal de 20 heures est désormais une vedette .

Roger Gicquel, au style ému, vibrant , est en poste à TF 1 de 1975 à 1980.

Pour les dirigeants politiques, pour tous les groupes organi­ sés , passer devant le petit écran est la .

En 1970- 1972, c'est le débat en direct qui triomphe avec À armes égales.

Mau­ rice Clavel s'y fait remarquer le 13 décembre 1971; il quitte le studio au début de l'émission après un retentissant : Lors de l'élection pr ésidentielle de 1974 a lieu le premier face à face entre deux candidats .

De 1977 à 1981, sur Antenne 2, Alain Duhamel et Jean-Pierre Elkabbach interrogent en direct les hommes politiques à Cartes sur table.

Outre les vedettes, les partis politi ques et les organisations professionnelles peuvent s'exprimer dans les émissions de Tribune libre prévues par la loi de 1974, et programmées quotidiennement sur FR 3 ju squ'en 1983 .

LA GRIL LE PROGRAMMES La télévision étoffe également ses programmes: de 100 heures hebdomadaires en 1968 , elle en diffuse 204 en 1980 .

Elle occupe de nouvelles tranches horaires.

En 1976, Marcel Jullian, le président d'Antenne 2, lance un nouveau type de programmati on: la ; TF 1 et Antenne 2 programment alors des magazines pour le public de l'après-midi : les femmes au foyer, les retraité s.

En 1979 , Antenne 2 crée un journal de la mi-joumée pour concurrencer TF 1.

Cette extension contribue à changer la nature des émissio ns.

Il devient plus difficile de repérer celles qui font date dans la mémoire du public .

On parle désormais de grille des programmes plus que d'ém issions individuelles.

Les critiques de télévision ne font plus dé­ sormais le bilan de la saison télévisée comme dans les années soixante , ils rendent compte de la présentation de la nouvelle grille de rentr ée.

Pour les chaîn es, les émis sions relativement peu coûte uses, fabriquées sur les plateaux , se multiplie nt.

Du côté du débat en direct , les Dossiers de l'écr an, émission hebdomadaire, reste depuis leur lan­ cement en 1967 l'émission de référence .

Les magazines de la vie pratique et quotidienne prennent une importance croissante: Au­ jourd'hui Madame (Antenne 2, 1970), C'est la vie pour les consomma­ teurs (Antenne 2, 1977).

Dans l'élaboration de la grille des pro­ gramm es, certaines émissions se maintiennent au fil des ans: le débat littéraire , avec Apostrophes de Berna rd Pivot (Antenne 2, dès 1975), et l'émission de variétés autour d'un invité vedette , le Grand É chiquier de Jacques Chancel (Antenne 2, depuis 1976).

DIV ERTISSEMENT ET FICTION Fabriquées à peu de frais, drainant l'audience , les émissions de variétés , de jeu x, d'hu mour prennent une part croissante dans le temps d'anten ne.

Sur TF1, Jacques Martin triomphe le dimanche midi avec le Petit Rapporteur (1975) qui devient la Lor gnette (1977) : dessinateurs et humoristes y croquent l'actualité de la sema ine.

C'est aussi en 1977 que Jacques Martin est chargé des après-midi du di­ manche sur Antenne 2, avec Bon Dimanch e.

La faveur du jeu est symbolisée par la reprise du jeu clas­ sique de Pierre Bellemare , la Tête et les Jambes , sur TF 1 en 1975- 20 1976.

Sur Antenne 2 en 1972 , Des chiffr es et des lettres d'Armand Jammot succède au Mot le plus long avec un égal succès.

En 1976, FR 3 décide de concurrencer les journaux des deux chaînes à 20 heures avec les Jeux de 20 heur es.

Cependa nt, à 20 heures 30, la télévision recourt plus que ja mais à la ficti on.

Plutôt que la dramatique , comme dans les années soixante , ce sont les grandes séries qui sont à l'honneu r.

Après le Pa in noir (197 3- 1974 , adapté de Georg es-Emmanuel Clancier, mis en scène par Serge Moati), la télévision recueille ses plus grands succès avec les Rois maudits (1975 , adapté de Maurice Druon et mis en scène par Claude Barma), et surtout Au plaisir de Dieu (1977 , adaptation de l'œuvre de Jean d'Ormesson mise en scène par Robert Mazoyer).

Suivant sa tradit ion, la télévision française explore les milieux et les époques : la royauté , les ouvr iers, l'aristocrat ie.

Ces succès ne doivent cependant pas dissimuler la crise de la production originale française.

En 1973 , la télévision produit près de 500 heures de créations ; en 1980, moins de 350 heur es.

Cette crise est vécue durement par les prof essionnels de la société de production, qui font grève sept semaines en 1979, mais doivent accepter de nombreux licenc iements .

La fiction originale est d'abord supplantée par le film .

La télévision a diffusé 382 films en 1970 ; elle en diffuse 524 en 1979 .

Ces films bénéficient d'une programmation de plus en plus favorable .

La part des séries et des feuilletons américains croît également : ils re mplissent les cases de l'après-midi , comme dans l'émission La une est à vous , le samedi après-midi , où Guy Lux propose aux spectateurs de composer eux-mêmes leur progr amme .

Des mini-séries améri­ caines font l'événeme nt.

En 1978 , la diffusion d'Holocauste, série de Marvin Chomsky traitant du génocide des juifs à travers l'histoire d'une famille pendant la guerre , a un immense retentissement .

L'im­ portati�n touche aussi de façon croissante les programmes pour en­ fants.

A la fin des années soixante -dix, on découvre les dessins animés ja ponais , avec Goldorak (1978), héros-robot qui devient populaire et se commercialise sous forme de livres et de jeux.

Enfin , la concur­ rence entre les chaînes porte sur le sport .

La télévision donne une plus grande place au tennis : en 1978 , TF 1 retransmet tous les après-midi le tournoi de Roland-Garr os.

En 1979 , tous les record d'audience sont battus pour la finale Borg-Pecci , retransmise dans vingt-trois pays.

SoND AGES ET PUBLICS Les sondages deviennent de plus en plus des critères d'ap­ préciation des émissions .

La télévision réalise, à partir de 1967 , des enquêtes quotidiennes par panel postal qui permettent de connaître le taux d'écoute .

À partir de 1974, TF 1 et Antenne 2 comparent sans cesse leur taux d'écoute .

Pour tant, le comportement des télespecta­ teurs évolue peu durant toute cette période.

Après une légère crois­ sance dans les premières années, due à l'a ccr oissement des heures de diffusion l'après-midi et aux heures de midi , la durée d'écoute quoti­ dienne par individu de plus de quinze ans est stable , autour de deux heures dix minut es.

C'est surtout pour connaître les réactions des annonceurs publicitaires que les taux d'écoute sont impor tants.

Ce­ pendant , les enquêtes du Centre d'études d'opinion sont réservées aux dirigeants des chaînes, et les annonceurs doivent recourir à leurs propres enquêtes.

Ils protestent contre les attitudes restrictives· des régies publicitaires des chaînes et jugent le nombre d'écrans publici­ taires disponibles insuffisant.

DANS I.:ATTENTE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES Pourtant la télévision publique croit que son monopole est menacé .

En 1973 , le gouv ernement lance une expérience de câblage dans sept villes pilotes; mais Valéry Giscard d'Estaing décide d'y mettre fin en 1975 .

Le satellite prendra-t-il le relais ? En 1979, les gouvernements français et allemand signent un accord pour le lance­ ment de trois satellites de diffusion directe (projet TDF 1).

À plus court terme, l'apparition du magnétoscope sur les marchés peut bou­ leverser les habitu des.

Mais en 1980, le taux d'équipement des mé­ nages est à peine supérieur à 2 %.

La télévision ferait peut -être bien de regarder du côté de la radio.

Arrivées en 1975- 1976, les premières radios privées ou pirates foisonnent bientôt, et le gouvernement doit renforcer les sancti�ns contre les infractions au monopole par une loi du 28 juillet 1978.

A cette date, on sait que le monopole de la télé­ vision va disparaître bientôt, mais nul ne soupçonne encore de quelle manière .. »

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