Mahmoûd le Ghaznévide par Louis Bazin Ecole Pratique des Hautes Etudes, section

Mahmoûd le Ghaznévide par Louis Bazin Ecole Pratique des Hautes Etudes, section des Sciences historiques et philosophiques, Sorbonne, Paris La chronologie du premier des grands conquérants musulmans de l'Inde a été longtemps faussée, en Occident, par des erreurs d'appréciation sur le comput islamique et turc des années d'âge, si bien que la date de sa naissance se trouve avancée de trois ans dans de nombreux ouvrages. C'est, en réalité, le 14 novembre 970 de l'ère chrétienne que Mahmoûd naquit à Ghazna, ville d'Afghanistan située dans les montagnes au sud de Kaboul. Son père, Sèbuk-Tègin, " le Prince aimé ", fils de Kara-Arslan, " le Lion Noir ", était un esclave turc qui devint gouverneur, et pratiquement souverain, de Ghazna et de sa région, par la faveur de son maître et prédécesseur Alp-Tègin, lui-même Turc et ancien esclave favori d'un souverain samanide. Sèbuk-Tègin, comme Alp-Tègin, était nominalement vassal des Samanides iraniens de Boukhara. C'est en 977 qu'il recueillit la succession d'Alp-Tègin, dont il épousa la fille. Certes d'ascendance turque, Mahmoûd appartenait à une génération déjà islamisée et iranisée. A la différence de ses père et grand-père, il ne porte pas de nom turc, mais des noms et titres purement islamiques (arabes). L'éducation qu'il reçut à la cour d'Alp-Tègin, puis à celle de son père Sèbuk-Tègin, fut celle en honneur dans l'aristocratie samanide : initiation poussée à l'Islam " orthodoxe ", sunnite, et connaissance de sa langue sacrée, l'arabe, mais aussi formation littéraire persane, et, bien entendu, préparation intense à l'équitation, à la fauconnerie, à l'archerie, au maniement du sabre et de la lance, à l'art militaire dans son ensemble. A dix-sept ans, Mahmoûd participa, sous la direction de son père, à une importante campagne contre les " i...