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Les Pays Scandinaves par Pierre Jeannin Directeur d'Études à l'École pratique des Hautes Etudes (VIe Section), Paris Du IXe au XIe siècle, les peuples scandinaves sont entrés dans l'histoire de l'Europe par un double mouvement.

Publié le 05/04/2015

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Les Pays Scandinaves par Pierre Jeannin Directeur d'Études à l'École pratique des Hautes Etudes (VIe Section), Paris Du IXe au XIe siècle, les peuples scandinaves sont entrés dans l'histoire de l'Europe par un double mouvement. Les incursions des Vikings furent suivies par une sorte de choc en retour, la pénétration du christianisme en Scandinavie. Après l'assaut maritime contre l'Empire carolingien, les Normands, installés dans la province qui a gardé leur nom, partagèrent son destin. Les Iles britanniques, en revanche, étaient englobées dans le monde scandinave autour de l'an 1000. Des chefs norvégiens dominèrent assez longtemps les Celtes dans les principautés d'Irlande. Knut le Grand (10181035) régna sur les rives opposées de la mer du Nord ; résidant souvent en Angleterre, il tenait en respect, au sud du Danemark, l'expansion allemande commencée sous les Ottons ; son autorité s'étendit un moment en Norvège, sinon sur la Suède qu'il faisait figurer dans sa titulature. Le monde scandinave, c'était aussi les terres découvertes : l'Islande où le Landnamabok, rédigé à la fin du XIIe siècle, conserve les noms des quelque quatre cent cinquante chefs de famille qui s'étaient partagé le sol ; le Groenland, c'estàdire des stations côtières destinées à succomber au XVe siècle à la détérioration du climat et à la régression des communications. Ce monde nouveau construit à l'extrémité du monde, l'Islande, devait conserver comme un musée vivant bien des traits originels de la civilisation scandinave ; preuve d'un triomphe durable sur la distance océanique, elle devint rapidement un extraordinaire foyer de création culturelle. Ses sagas évoquent les aventures héroïques de ces siècles obscurs. On peut y voir une querelle née en Islande se régler entre les intéressés à Constantinople. Elles renseignent mieux sur le temps où elles furent rédigées, jusqu'au XIIIe siècle, que sur l'époque où elles situent les événements racontés. L'incertitude des détails n'empêche pas d'y discerner le fond des réalités sociales et des mentalités. Une étape peut être datée comme point de départ : vers le milieu du XIe siècle, le plus ancien accord connu de délimitation des trois royaumes, chacun représenté par six hommes. Apparaissent alors constitués trois ensembles dont l'individualité ne doit pas faire oublier les parentés étroites. Les missionnaires envoyés de l'Empire franc, depuis le IXe siècle, avaient posé quelques jalons dans le Nord, d'abord aux points de contact commerciaux : Hedeby (Haithabu) au Slesvig, et Birka. Les Vikings convertis outremer ne restèrent pas toujours chrétiens une fois rentrés ; chrétiens de nom, dit au début du XIe siècle le moine anglodanois Aelnoth, et que la moindre adversité fait retourner à leurs idoles. La résistance fut parfois persécutrice ; souvent aussi il y y eut des contaminations syncrétiques : dans des tombes, la croix se trouve associée à des symboles païens. Les activités concurrentes des missions allemandes et anglaises conquirent le terrain de haut en bas, des chefs à leurs hommes. Au Danemark, trois évêchés, suffragants de Hambourg, existaient vers 950. Peu après, Harald à la Dent Bleue se convertit avec sa famille et ses fidèles. Son fils se tourna vers les Anglais, à qui la Norvège doit son premier roi baptisé. L'Église de Nidaros (Trondhjem) était fondée avant 1000 Mais contre Knut le Grand, c'est sur des clercs allemands que s'appuya Olaf, ce chef tombé en 1030 dans un combat de Vikings, qui devint rapidement le saint national. En Islande, l'Althing se prononça pour le christianisme au début du XIe siècle, mais il n'y eut pas d'Église organisée avant l'arrivée d'un évêque consacré à Hambourg (1056). La Suède fut longtemps peu perméable. Le grand temple d'Upsal subsista jusqu'à la fin du XIe siècle, presque cent ans après le premier baptême d'un roi. A ce moment, le réseau de paroisses était devenu assez dense, sauf en Suède. Alors que le vocabulaire cultuel médiéval révèle des origines anglaises, l'implantation des églises progressa selon un modèle allemand, le patronage d'un propriétaire fondateur. La carte épiscopale comporta, au XIIe siècle, vingtdeux sièges établis dans des villes ou au cheflieu d'un ancien thing, quelques communautés suivant la règle de saint Augustin. Étant donné le milieu où se développaient ces Églises, les formes canoniques étaient souvent ignorées ou maltraitées. Nommés par le roi, les évêques ne prirent du poids en face de lui qu'au milieu du XIIe siècle. Entre l'évangélisation et les luttes de puissance, les interférences furent continuelles à l'intérieur ; elles se prolongèrent au sujet de la primatie du siège de BrêmeHambourg, enjeu de conflit intéressant Rome et l'Empereur. L'émancipation définitive se fit par l'érection, en métropoles de leurs pays respectifs, des archevêchés de Lund (1139), Nidaros (1152) et Upsal (1164). Entrant dans la chrétienté, les Scandinaves découvrirent une culture nouvelle, l'écriture latine, la langue savante. Au XIe siècle, le clergé se formait surtout à l'école de Hildesheim. Sous le pontificat de Grégoire VII, des liens s'établirent avec Rome par les pèlerinages, en attendant que les croisades réveillent le goût des grands voyages. Paris s'imposa ensuite comme foyer intellectuel attirant les clercs du Nord, les Norvégiens par exemple, à l'abbaye de SaintVictor. Enrichissement aussi d'une architecture encore rustique, utilisant la pierre au Danemark avant 1100, mais lo...
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