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Alcools (Apollinaire) : analyse littéraire

Publié le 16/11/2010

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«L'esprit nouveau qui s'annonce prétend avant tout hériter des classiques un solide bon sens, un esprit critique assuré, des vues d'ensemble sur l'univers et dans l'âme humaine, et le sens du devoir qui dépouille les sentiments et en limite ou plutôt en contient les manifestations. Il prétend encore hériter des romantiques une curiosité qui le pousse à explorer tous les domaines propres à fournir une matière littéraire qui permette d'exalter la vie sous quelque forme qu'elle se présente.« (conférence prononcée en 1917)

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« vocabulaire simple et sa forme harmonieusement rythmée rendent immédiatement compréhensible.

Quelle différenceavec «Le Brasier», poème difficile, d'inspiration rimbaldienne, en vers libres non rimés, et constamment allusif ! «Dansl'Emigrant de Landor Road», l'une des pièces maîtresses du recueil, l'aventure cosmopolite, doublée chez Apollinairede préoccupation amoureuse, est restituée en d'abrupts vers, inégaux et déchirants, tandis que «Signe», l'un destextes les plus poétiques, les plus chantants de l'ouvrage, est formé de deux quatrains d'alexandrins rimés.

Seul lien formel entre tous ces textes : la disparition totale de la ponctuation, à laquelle Apollinaire se décida trèspeu de temps avant la parution d'Alcools.

La confrontation, au sein d'un même recueil, de pièces en apparence sidifférentes, apparaît pourtant fructueuse.

C'est que l'esprit d'Apollinaire donne à l'ensemble une puissantecohérence.

Ainsi se trouvent fédérés sous une commune signature les éléments a priori disparates qui composent lerecueil.

«Ébriété»: lyrisme, intimisme verlainien ou fantaisie dans le merveilleux ; la voix qui parle est une voix quipossède «un effet de suggestion et d'émotion extraordinaire» (Paul Léautaud). 3.

UN «MIRACLE» POÉTIQUE «La Chanson du Mal-Aimé» est exemplaire de ce pouvoir d'évocation.

C'est sans doute le chef-d'oeuvre d'Alcools etpeut-être celui d'Apollinaire.

En deux cent quatre-vingt-quinze vers, le poète chante son désespoir et son délireaprès le départ de la femme aimée, son errance dans la ville à la recherche du fantôme de l'amour.

Cette pièce — àl'instar du recueil — tout à la fois disparate et d'une admirable unité, a pu faire qualifier de «miracle» le gestepoétique apollinarien, et de «talisman», au sens d'un charme magique immédiat, cette strophe récurrente : «Voix lactée ô soeur lumineuseDes blancs ruisseaux de ChanaanEt des corps blancs des amoureusesNageurs morts suivrons-nous d' ahanTon cours vers d'autres nébuleuses» «La Chanson du Mal-Aimé» concentre tout l'art d'Apollinaire.

Les allusions raffinées à l'histoire et aux légendes ycôtoient la simple expression d'une douleur presque naïvement traduite.

L'ensemble est magnifiquement musical.Aujourd'hui encore, l'influence de cette pièce, comme celle de l'ensemble du recueil, est loin d'être épuisée.

Et laforce vitale d'Apollinaire tout autant que sa faculté à «combler ce Voeu d'imprévu qui signale le goût moderne»(André Breton) justifient pleinement ce jugement d'André Rousseaux : «Jamais peut-être un poète n'a mieux été lecréateur d'un monde nouveau, à partir de ce que le nôtre a de plus authentique et de plus savoureux».. »

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