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Anthologie poétique sur la solitude

Publié le 05/11/2012

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« Le nid solitaire « est un poème de Marceline Desbordes-Valmore tiré du recueil Poésies inédites (1860) Marceline Desbordes-Valmore est une poétesse française, née le 20 juin 1786 à Douai et morte le 23 juin 1859 à Paris. Les nombreux drames dont elle fut victime lui valu le surnom de « Notre-Dame-Des-Pleurs «. Entrant dans le monde de l’art grâce au théâtre, elle se met à écrire des poèmes pour gagner sa vie, et obtient plusieurs distinctions académiques et la pension royale grâce à son lyrisme et à l’hardiesse de sa versification. Première des poètes du romantisme, elle fut admirée par de nombreux écrivains comme Balzac, Baudelaire ou Verlaine qui déclara sur elle : « Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement [...] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles [...] « Le nid solitaire Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe, Ainsi qu’un libre oiseau te baigner dans l’espace. Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché Le rêve… mon beau rêve à la terre caché. Moi, je veux du silence, il y va de ma vie ; Et je m’enferme où rien, plus rien ne m’a suivie ; Et de son nid étroit d’où nul sanglot ne sort, J’entends courir le siècle à côté de mon sort. Le siècle qui s’enfuit grondant
devant nos portes, Entraînant dans son cours, comme des algues mortes, Les noms ensanglantés, les vœux, les vains serments, Les bouquets purs, noués de noms doux et charmants. Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe, Ainsi qu’un libre oiseau te baigner dans l’espace. Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché Le rêve… mon beau rêve à la terre caché ! « La solitude sainte aux faibles est fatale « est un poème de Victor Hugo tiré du recueil Dernière Gerbe (1902) Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un poète, romancier, dramaturge, critique, et homme politique français considéré comme l'un des plus importants écrivains romantiques de langue française. Ses romans, pièces de théâtre et ses discours politiques sont célèbres, mais c’est ici ses poèmes qui nous intéressent. A la fois poète lyrique, engagé ou épique, il a fortement contribué au renouvellement de la poésie. Souvent admiré, mais parfois contesté par des auteurs modernes, il a profondément ému ses contemporains, exaspéré les puissants et inspiré les plus grands poètes. La solitude sainte aux faibles est fatale. Voyez, il part, il fuit, il se cache, il s'installe Dans un bois, dans un trou, loin de tout grand chemin. Le voilà seul. Bonsoir ! Voir
un visage humain? Pourquoi ? qui? Non! plutôt, que le soleil périsse ! Vivent les ours ! L'ennui le tient et le hérisse. Il ne se peigne plus, il ne se'rase plus: Son âme est cùl-dejatte et son coeur est perclus. Fermez la porte. Il vit, fauve, dans sa tanière. N'ayant pas autre chose, il prend sa cuisinière. Il devient triste, froid, lascif, méchant, petit Son esprit par degrés dans la chair` s'engloutit. En lui la brute monte et gagne sa cervelle ; Le néant sous son front lentement se nivelle ; I1 boit,- il mange, il marche ; autrefois ça, pensait. Vit-il? on ne sait plus au juste ce que c'est, Et le vieux loup Satan rit dans ses nuits funèbres De voir cette lueur sombrer dans les ténèbres. « À une heure du matin « est un poème de Charles Baudelaire tiré du recueil Le Spleen de Paris (ou Petits Poèmes en Prose) publié en 1869 Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Poète controversé et violemment attaqué de son vivant, Charles Baudelaire a été salué après sa mort comme "le vrai Dieu" (Rimbaud), "le premier surréaliste" (Breton), "le plus important des poètes" (Valéry), "le plus grand archétype du poète à l’époque moderne et dans tous les pays" (TS Eliot). Baudelaire est aussi considéré comme
le chef de file des décadents (Charles Cros, Germain Nouveau, Huysmans), le maître à penser des symbolistes (Ghil, Samain, Moréas). En bref, par son oeuvre novatrice et provocante, Baudelaire incarne à lui seul la modernité littéraire. À une heure du matin     ENFIN! seul! On n'entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enin! la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même.     Enfin! il m'est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres! D'abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde.     Horrible vie! Horrible ville! Récapitulons la journée: avoir vu plusieurs hommes de lettres, dont l'un m'a demandé si l'on pouvait aller en Russie par voie de terre (il prenait sans doute la Russie pour une île); avoir disputé généreusement contre le directeur d'une revue, qui à chaque objection répondait: « C'est ici le parti des honnêtes gens«, ce qui implique que tous les autres journaux sont rédigés par des coquins; avoir salué une vingtaine de personnes, dont quinze me sont inconnues; avoir distribué des poignées de main dans la même
proportion, et cela sans avoir pris la précaution d'acheter des gants; être monté pour tuer le temps, pendant une averse, chez une sauteuse qui m'a prié de lui dessiner un costume de VÉNUSTRE; avoir fait ma cour à un directeur de théâtre, qui m'a dit en me congédiant: « Vous feriez peut-être bien de vous adresser à Z...; c'est le plus lourd, le plus sot et le plus célèbre de tous mes auteurs; avec lui vous pourriez peut-être aboutir à quelque chose. Voyez-le, et puis nous verrons«; m'être vanté (pourquoi?) de plusieurs vilaines actions que je n'ai jamais commises, et avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j'ai accomplis avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain; avoir refusé à un ami un service facile, et donné une recommandation écrite à un parfait drôle; ouf! est-ce bien fini?     Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m'enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. mes de ceux que j'ai aimés, âmes de ceux que j'ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde; et vous, Seigneur mon Dieu! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que
je méprise! « Les solitaires « est un poème de Renée Vivien tiré du recueil Evocations (1903) Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 «, est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Presque intégralement de nature autobiographique à peine voilée, sa poésie suscite, tout comme les œuvres de Natalie Barney (son amante), un intérêt croissant au sein d’un public grandissant. Ceux-là dont les manteaux ont des plis de linceuls Goûtent la volupté divine d’être seuls. Leur sagesse a pitié de l’ivresse des couples, De l’étreinte des mains, des pas aux rythmes souples. Ceux dont le front se cache en l’ombre des linceuls Savent la volupté divine d’être seuls. Ils contemplent l’aurore et l’aspect de la vie Sans horreur, et plus d’un qui les plaint les envie. Ceux qui cherchent la paix du soir et des linceuls Connaissent la terrible ivresse d’être seuls. Ce sont les bien-aimés du soir et du mystère. Ils écoutent germer les roses sous la terre Et perçoivent l’écho des couleurs, le reflet Des sons... Leur atmosphère est d’un gris violet. Ils goûtent la saveur du vent et des ténèbres, Et leurs yeux sont plus beaux que des torches funèbres.

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