Devoir de Philosophie

En Attendant Godot de Beckett: ACTE I - DIVISION 1

Publié le 09/11/2010

Extrait du document

godot

Vladimir. - «Voyons, Gogo, il faut me renvoyer la balle de

temps en temps. [.,.]

Estragon. - Qui ?

Vladimir. - Comment ?

Estragon. - Je ne comprends rien... Engueulé qui ?

Vladimir. - Le Sauveur.

Estragon. - Pourquoi ?

Vladimir. - Parce qu'il n'a pas voulu les sauver.

Estragon. - De l'enfer?

Vladimir. - Mais non, voyons! De la mort.

Estragon. - Et alors ?« (page 15)

 

godot

« et du dialogue.

Un coup d'oeil au texte suffit à y constater la place du texte descriptif.

Bon nombre de répliquessont accompagnées de l'indication expressive de l'intonation ou du geste qui viennent moduler la parole.

Le textedonne autant à entendre qu'à voir. Roger Blin, le premier metteur en scène de la pièce semble avoir fixé les types de Vladimir et d'Estragon en lesassociant physiquement aux deux mimes Chaplin (Vladimir) et Keaton (Estragon).

Le texte invite à l'exagérationexpressive du mime.

Suivons, pages 9 et 10 le fil intermittent des didascalies.

Nous voyons leurs visages et leurscorps s'animer successivement des expressions du recueillement, de la réflexion, de la tendresse, de la froideur, del'étonnement, etc.

De ces parents proches, ils ont hérité les masques, mais aussi le chapeau melon, l'allure gaucheet le dénuement.

Cousins germains des clowns, ils leur doivent les dialogues de sourd, la conversation versatile etdésinvolte où se mêlent les motifs les mieux éprouvés de cette tradition : insistance sur le bas corporel, jambes écartées et démarche raide, odeurs de pieds, page 12: «Je vais le (mon pied) laisser respirer un peu», et allusionsau bas ventre, p.

11: «ce n'est pas une raison pour ne pas te boutonner».

Ils leurs doivent aussi nombres de gags, comme cette pantomime où tous deux exécutent symétriquement les mêmes gestes, l'un avec sa chaussure, l'autreavec son chapeau.

Ils affectionnent le jeu, font de leur conversation une partie de balle : Vladimir.

- «Voyons, Gogo, il faut me renvoyer la balle de temps en temps.

[.,.] Estragon.

- Qui ? Vladimir.

- Comment ? Estragon.

- Je ne comprends rien...

Engueulé qui ? Vladimir.

- Le Sauveur. Estragon.

- Pourquoi ? Vladimir.

- Parce qu'il n'a pas voulu les sauver. Estragon.

- De l'enfer? Vladimir.

- Mais non, voyons! De la mort. Estragon.

- Et alors ?» (page 15) Le tragique Mais En attendant Godot n'est pas une pièce comique; l'élément comique n'en est qu'un aspect.

Il est le mode sur lequel sont traités les thèmes de la pièce, ces thèmes sont tragiques.

Ils sont explorés au cours de ces premièrespages et reparaîtront tout au long de la pièce : ennui, souffrance et velléité d'y échapper dans le suicide, mort,culpabilité et espoir en la venue d'un sauveur. Gogo souffre d'un pied enflé, des inconnus l'ont battu; Vladimir, lui aussi revendique que l'on reconnaisse qu'il a «eumal».

Vladimir qui désespère de rien trouver à faire, qui a tout essayé, regrette de ne pas s'être suicidé quand ilétait encore temps (page 10): «Il fallait y penser il y a une éternité, vers 1900»: et Estragon, à qui la vie ne semblepas si précieuse, répond «Et après» à l'hypothèse que sans son ami «il ne serait plus qu'un petit tas d'ossements àl'heure qu'il est.» Une farce métaphysique Il s'établit alors une oscillation caractéristique entre le comique et le tragique, le physique et le spirituel.

Estragon,aux prises avec sa chaussure, ouvre la pièce, puis contrastant aussitôt avec cette présence des parties les moinsnobles du corps, Vladimir se lance dans une réflexion portant sur la nature de l'existence humaine, le désir et lacrainte de la mort.

Le dialogue se meut sur un axe qui relie le physique au spirituel; le rire de la farce est associé àla détresse de vivre.

L'expression «Rien à faire», qui, au seuil de la pièce, en figure l'enseigne, assure le trait d'union entre la chaussure d'Estragon et la vacuité de l'existence.

L'expression du découragement d'Estragons'acharnant à ôter la chaussure qui le blesse est détournée et reprise par Vladimir au compte de sa nostalgie d'uneaction impossible.

Ce premier pont entre les deux univers est le prototype d'une relation partout affirmée dans lapièce.

On le retrouve page 11, où le terme disjonctif « dernier moment » assure le transfert des malheurs urinairesde Vladimir à l'angoisse de la mort. Le salut C'est dans ce contexte qu'est introduit le thème de la rédemption.

Le spectacle de la souffrance qu'il a sous lesyeux éveille en Vladimir l'espérance du salut.

Le pied enflé d'Estragon devient symbole des douleurs terrestres.

Laconnexion entre les misères du corps et l'épisode biblique est particulièrement visible page 14, lorsque Vladimir,ayant perdu le fil de son exposé, demande :. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles