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ACTE II - DIVISION 1 (PAGES 79 À 95) - En attendant Godot de Samuel Beckett

Publié le 14/09/2018

Extrait du document

godot

Le lendemain, même heure, même endroit, seul au rendez vous, Vladimir arpente fébrilement la scène. Il entonne une chanson; Estragon, l’humeur sombre, ( il a été battu) paraît sur scène. L’attente reprend, mais il y a du nouveau, l’arbre est couvert de feuilles. Mais pour Estragon, l’arbre n’était pas là la veille. Il a aussi oublié Pozzo et Lucky. Et qu’ils ont attendu à cet endroit la veille. Cette fois-ci Vladimir détient des preuves qu’ils y étaient: la plaie à la jambe d’Estragon (le coup de pied de Lucky), et ses chaussures qui sont restées là où il les avait déposées la veille.

COMMENTAIRE

Ressassement et accélération

 

Beckett avait placé en tête de l’acte I l’équivalent bibSque du motif que la pièce reproduit sous de multiples famés : l’espérance en la venue d'un sauveur. Les trois premières pages de ce second acte se voient confier un même rôle d'avertissement. S’y trouvent brilamment exprimées, au cours de deux mimodrames et d'une chanson (pages 79 à 81), les deux formules en quoi tout l'acte se résume : le ressassement et l'accélération résultant de l’épuisement des ressources de la représentation.

godot

« Deux mimod rames L'entrée de Vladimir (page 79) trahit un accroissement d'anxiété.

Il se livre fiévreusement à l'e xplor ation de son domaine et de ses maigres richesses.

Le texte insiste sur la préci pitation («V iveme nt", "Précipité ", "b rusquement ") des allées et venues entre l'arbre et les chaussures, la coulisse droite et la gauche.

Il s'immobilise et entonne une chanson.

Puis il recommence le même manège, s'arrêtant aux mêmes postes, parcourus dans le même ordre, exactement.

Mais sa curiosité est main­ tenant satisfaite, il n'accorde plus à ces objets qu'une attention négli­ gente.

L'allure déjà enfiévrée du premier mimodr ame s'accélère, mêmes stat ions, arbre, chaussures, coulisses, mais il court, la panique semble s'emp arer de lui.

Il appa raît tel un oiseau encagé qui prend conscience des barreaux de sa prison.

L'acte s'annonce sous le signe de la répéti­ tion, répétition accélérée en raison de l'épuisement des motifs qui l'ali­ mentent.

Le deuxième mimodrame subit à l'é gard du premier la même altération que l'acte Il par rapport à l'a cte 1.

La chanson : le temps cyclique La chanson qu'encadrent les deux gesticulations est circulaire, cercle à l'intérieur d'un autre cercle, puisqu'encadrée d'une réitéra tion.

Sa structure en abîme la referme sur elle-même.

La fin ramène au début, il n'y a ni développement ni progressi on, mais éternel ressassem ent.

On y retrouve les thèmes de la pièce : il y est question d'une faute et d'u n châ­ timent.

La croix, symbole ambivalent de souffrance et d'e spoir, perd sa valeur d'espo ir; chaque cycle est cycle de mort : la chanson dégrade la résurrection en réitération du même, le salut en renouveau de la mort.

La forme circulaire de cette chanson semble bien condamner ce nou­ veau jour d'attente à n'ê tre que la répétition de la veille, à faire rétrogra­ der chaque séquence à son point de départ, l'attente de Godot.

Quant aux deux pantom imes, elles annoncent que cette répétition se fera dans l' angoisse grandissante d'une déperdition.

L'association de ces trois passages dessine la figure géométrique d'une spirale et annonce les orientations principales de l'acte.

É chec de la mémo ire et temps immobile Deux passages occupent l'effort de remémoration du passé dans cette partie.

Plus exactement, il n'y a là qu'un seul passage, commencé page 84 («il y a du nouveau ici,), interrompu par le poème sur les voix et repris, pages 91 à 95, lorsque Vladimir propose de renouer avec le fil. »

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