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ACTE 1 - DIVISION 2 (PAGES 16 À 28) - En attendant Godot de Samuel Beckett

Publié le 14/09/2018

Extrait du document

godot

Godot, figure d’un salut terrestre

 

Les deux amis, larrons est-on tenté de dire, attendent un dénommé Godot, duquel ils espèrent un bonheur tout matériel : dormir «au chaud, au sec, le ventre plein, sur la paille» (page 25). Cet espoir est des moins fondés, incertains qu'ils sont tant du lieu que du jour du rendez-vous, et jusqu'au consentement de Godot à accéder à des suppliques dont ils ont du reste oublié le contenu. L'inconséquence d'un espoir si peu fondé les apparente à ces gens dont Estragon disait inconsidérément qu'ils étaient «des cons» (de croire à un salut peu vraisemblable).

 

Godot participe de la sphère du divin : on a devant lui te rôle d'un suppliant, page 24. En effet, ayant «bazardé» leurs «droits», Vladimir et Estragon sont vis-à-vis de Godot, dans un tel état de sujétion que seules suppliques et prières leur sont permises.

COMMENTAIRE

Composition

 

L'intrigue d'une pièce appartenant à la tradition psychologique est aisée à suivre. Les actes des personnages sont tous déterminés par les fins qu'ils se proposent. Dans une bonne pièce de cette convention, rien n'est gratuit. Avec Godot, c'est le contraire, rien n'est motivé. L'attente condamne tout acte à l'insignifiance, à n'être que futile passe-temps : «Qu'est-ce qu'on fait maintenant? On attend. Oui, mais en attendant? Si on se pendait?» (page 21). Il n'y a aucune raison de parler d'une chose plutôt que d'une autre, aucune ne peut influer sur la venue de

godot

« Godot.

Les dialogues et les actions de Vladimi r et Estr agon ne construi­ sent rien, et par ce qu'ils sont immotivés, ils errent sans fil dir ecteur.

L'absence de finalité est visible dans la str ucture du texte qui s'orga­ nise en blocs, juxtaposés et discontinus.

Le défaut d'une logique organi­ sant les séquences (logique psychologi que, pas dramatique) , et qui per­ mettrait d'en comprendre l'agencement et d'en suivre le développement est compensé dans la pièce par la cla rté des articulations.

Les mouve­ ments du dialogue sont balisés.

Entre les blocs qui composent le texte, pr esque systéma tiquement, Beckett a disposé de courts échanges qui signalent les ruptures : Est ragon.

-"Taisons-nous un peu, tu veux 7, (page 19) Vl adimi r.-«Q u'e st-ce qu'on fait? Estra gon.

-On attend.

Vl adi mir.

-Oui, mais en attendant 7, (page 21) Vl adi mir.

-«Alors, quoi faire ? Est ragon .

-Ne faisons rien.

" (page 22) Puis, plus loin, cet échange, encadrés de deux silences : Estra gon.-«A llons-nous-en.

Vl adi mir.

-Où? ...

Ça vaut la peine qu'on attende, Non? Est ragon .

- Pas toute la nuit.

Vl adim ir.

-Il fait encore jour.,, (page 25) Ces jeux de répliques disposés dans un souci de clarté, jouent le rôle de seuils.

Beckett nous indique par là que l'on va pas ser à autr e chose.

Suit toujour s l'a nnonce du sujet qui va occuper Didi et Gogo : Estra gon.-"S i on se pendait 7, (page 21) Vl adimi r.

-"Attendons voir ce qu'il va nous dire." (page 23) Est ragon.

-"J 'ai faim.

" (page 26) C'est souvent une question qui introduit le nouveau thème de la conversation : Est ragon.

-«T u es sûr que c'est ici? Vla dimir .

-Quoi ? Est ragon .

-Q u'il faut attend re.

" (page 16) De même, page 18: «Qu'e st-ce que nous avons fait hier 7,- «Tu es sûr que c'était ce soir ?", et page 24: «E t nous ? ...

Quel est notre rôle là- dedans ? ".

Les questions sont toujours incom plètes, incompréhensibles : "e t nous ?".

Im manquablement suit une demande d'éclaircissement : «Pla ît­ il ? ...

Je ne comprends pas".

Celui des deux qui a posé la question doit l'e xpliq uer: "Quel est notre rôle là-dedans ?" Dans cet échange, per-. »

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