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BAUDELAIRE: La vocation du naufrage

Publié le 07/09/2013

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baudelaire

 

Le poète et son double

Une influence foudroyante

Alors que Baudelaire a peu écrit et peu publié au cours de la

période marquée par son engagement dans les luttes sociales,

c'est sous le second Empire qu'il donnera toute sa mesure.

Cela confirme une loi générale à laquelle obéit la création

littéraire et artistique.

Les époques de turbulence et d'agitation politique sont

rarement fécondes pour celle-ci, car l'utopie s'investit dans

l'action. On constate au contraire que la stabilité, voire la

stagnation engendrée par les régimes autoritaires sont propices

à l'explosion d'une énergie qui ne peut s'extérioriser et

qui, devant la déception causée par Je monde réel, tend à

constituer un pôle de résistance dans l'imaginaire. Il y a donc

un rapport de compensation et d'opposition à la fois entre la

réalité matérielle et la vie de l'esprit. On constate cette tension

dans la relation entre Baudelaire et son temps.

Il n'a laissé que de rares confidences sur ses sentiments à

l'égard des changements apportés par Je coup d'Etat. Il est,

d'ailleurs, significatif que dans sa correspondance il se livre

sur ce sujet en fonction de ses interlocuteurs.

Dans la lettre à sa mère du 27 mars 1852, il décrit longuement

les misères de sa vie avec Jeanne laquelle, dit-il, est

devenue «un obstacle au perfectionnement de mon esprit«.

Et il termine sur ces lignes à la fois révélatrices autant qu'évasives:

«Des événements politiques et de l'influence foudroyante

qu'ils ont eue sur moi, je te parlerai un autre jour.«

Mais la générale Aupick n'en apprendra jamais plus car il

négligera par la suite de revenir sur la situation qui s'est créée

dans le pays après le 2 décembre 1851.

Pourtant, dans une lettre à Ancelle du 5 mars de la même

année, il s'était montré plus explicite :

«Vous ne m'avez pas vu au vote; c'est un parti pris chez

moi, écrivait-il à son conseil judiciaire. Le 2 décembre m'a

physiquement dépolitiqué. Il n'y a plus d'idées générales.

Que tout Paris soit orléaniste, c'est un fait, mais cela

ne me regarde pas. Si j'avais voté, je n'aurais pu voter

que pour moi. Peut-être l'avenir appartient-il aux hommes

déclassés? «

Désormais Baudelaire se détournera de l'action politique

pour se réfugier dans une patrie spirituelle dont la réalité

historique s'éloigne de plus en plus. Dans cette deuxième

phase de son parcours il se donnera deux initiateurs pour

accéder à cette communauté idéale: un poète, Edgar Poe, et

un philosophe, Joseph de Maistre.

Dans la lettre qu'il adresse le 20 mars 1852 à PouletMalassis,

le futur éditeur des Fleurs du Mal, il laisse entendre

à mots couverts, mais de manière indubitable, que Joseph de

Maistre a pris dans sa pensée la place qu'occupaient hier

encore Fourier et Proudhon :

«Parmi toutes les personnes que je connais«, écrivait-il

à son alter ego, avec qui il pouvait s'exprimer de plainpied,

« il n'y a que sottise et passions individuelles. Personne

ne consent à se mettre au point de vue providentiel.

Vous devinez de quoi je veux parler.«

baudelaire

« Dans la lettre à sa mère du 27 mars 1852, il décrit longue­ ment les misères de sa vie avec Jeanne laquelle, dit-il, est devenue «un obstacle au perfectionnement de mon esprit».

Et il termine sur ces lignes à la fois révélatrices autant qu'éva­ sives: «Des événements politiques et de l'influence fou­ droyante qu'ils ont eue sur moi, je te parlerai un autre jour.» Mais la générale Aupick n'en apprendra jamais plus car il négligera par la suite de revenir sur la situation qui s'est créée dans le pays après le 2 décembre 1851.

Pourtant, dans une lettre à Ancelle du 5 mars de la même année, il s'était montré plus explicite : «Vous ne m'avez pas vu au vote; c'est un parti pris chez moi, écrivait-il à son conseil judiciaire.

Le 2 décembre m'a physiquement dépolitiqué.

Il n'y a plus d'idées générales.

Que tout Paris soit orléaniste, c'est un fait, mais cela ne me regarde pas.

Si j'avais voté, je n'aurais pu voter que pour moi.

Peut-être l'avenir appartient-il aux hom­ mes déclassés? » Désormais Baudelaire se détournera de l'action politique pour se réfugier dans une patrie spirituelle dont la réalité historique s'éloigne de plus en plus.

Dans cette deuxième phase de son parcours il se donnera deux initiateurs pour accéder à cette communauté idéale: un poète, Edgar Poe, et un philosophe, Joseph de Maistre.

Dans la lettre qu'il adresse le 20 mars 1852 à Poulet­ Malassis, le futur éditeur des Fleurs du Mal, il laisse entendre à mots couverts, mais de manière indubitable, que Joseph de Maistre a pris dans sa pensée la place qu'occupaient hier encore Fourier et Proudhon : «Parmi toutes les personnes que je connais», écrivait-il à son alter ego, avec qui il pouvait s'exprimer de plain­ pied, « il n'y a que sottise et passions individuelles.

Per­ sonne ne consent à se mettre au point de vue providen­ tiel.

Vous devinez de quoi je veux parler.» Et un peu plus loin, il confirmait sa volonté de désengagement: «Tout cela me divertit beaucoup.

Mais je suis décidé à rester désormais étranger à toute la polémique humaine, et plus décidé que jamais à poursuivre le rêve supérieur de l'application de la métaphysique au roman.». »

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