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Le besoin d'illusion

Publié le 15/01/2004

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illusion
On peut avancer au contraire que sans illusions, la vie ne serait pas supportable. Tout au long de ses Pensées (1670), Pascal décrit la situation misérable de l'homme dans l'univers. Égaré dans un «canton détourné de la nature », « abîmé dans l'infinie immensité des espaces » qu'il ignore et qui l'ignorent, l'homme est irrémédiablement voué à l'ignorance et à la mort. S'il peut cependant goûter quelque bonheur en cette vie, c'est grâce au divertissement, qui lui permet de se fuir lui-même. « Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser », écrit Pascal. Les jeux, la guerre, la chasse, le travail - tous les divertissements sont bons pour détourner les hommes de la pensée de leur propre misère. B. L'illusion vitaleL'illusion est donc nécessaire. C'est aussi ce que pense Nietzsche. Mais alors que Pascal trouve refuge dans la religion, en opposant à la « misère de l'homme sans Dieu » la « félicité de l'homme avec Dieu », Nietzsche, de son côté, nie l'existence de tout refuge, de tout « arrière-monde ».


illusion

« doute supprimée mais non l'imagination...

».Il n'en demeure pas moins que le prisonnier de l'illusion refuse de reconnaître son impuissance, refuse de croire à sonignorance et refuse d'admettre son impotence.

Ou du moins préfère son impuissance à toute espèce de puissance,sa croyance à toute espèce de sciences et son illusion à toute espèce de réalité.

Comment dès lors peut-onespérer l'inciter à renoncer à ses propres illusions ? Ne le voyons-nous pas, tel l'homme de la Caverne, s'abandonnerà l'illusion avec le désir de s'accomplir en dépit de son irréalité et malgré elle ?Force est de constater que l'illusion et le besoin ne font qu'UN.

Il s'agit précisément de se demander en quel sens etdans quel sens, il en est de l'illusion comme de quelque chose que l'on doit s'approprier pour compléter notre être oupour combler un manque réel.Comble du paradoxe : comment peut-on espérer combler un vide par un autre vide ? Comment peut-on avoirréellement besoin de quelque chose d'irréel ?Ce paradoxe est au cœur du contenu explicite de l'énoncé.Ce que l'on demande c'est précisément de l'éclairer en dégageant ses réseaux de significations. 2.

DEUXIÈME MOMENT : CONTENU IMPLICITE DE L'ÉNONCÉ On peut éclairer le contenu implicite de l'énoncé en se référant directement à la thèse ou aux présupposésphilosophiques concernés.Dans sa logique de l'apparence, Kant distingue trois sortes d'apparences : 1.

L'apparence empirique : l'illusion d'optique ou illusion des sens.

Elle procède de l'influence de l'imagination surl'entendement et elle est d'après Kant facile à surmonter.

On peut à juste titre invoquer plus d'un exemple del'apparence empirique ou de l'illusion des sens :• Percevoir comme brisé un bâton à demi plongé dans l'eau.

Illusion nécessaire, produite par la différence des indicesde réfraction de l'air et de l'eau.

Mais une fois « muni d'une telle connaissance, je me garde bien d'affirmer que lebâton est brisé ».

La reconnaissance de l'illusion ne modifie pas ma perception mais rectifie mon jugement.• Percevoir le soleil à deux cents pieds du sol tournant autour de la terre.

Seul l'homme instruit d'astronomie et touten continuant à percevoir la même chose, pense autrement. 2.

L'apparence logique : l'attention aux règles de la logique suffit pour venir àbout des pseudo-syllogismes des paralogismes et des sophismes :• Par exemple, l'équivoque qui consiste à prendre dans le raisonnement un même mot en plusieurs sens différents.• Ou le sophisme de la fausse analogie qui consiste à conclure d'un objet à l'autre malgré leur différence essentielle,en se fondant sur une de leurs ressemblances. 3.

L'apparence transcendantale : Elle est nécessaire et inévitable.

C'est une illusion naturelle à l'homme.

On ne peutla surmonter parce qu'elle répond à «unbesoin » de notre esprit.Cette thèse correspond précisément à notre thèse implicite.

Dans quelle mesure et en quel sens ?La dialectique transcendantale de Kant est une analyse des illusions fondamentales et indéracinables de l'homme.

Onne peut les éviter car elles réapparaissent toujours et on ne peut s'en passer parce qu'elles sont constitutives denotre propre raison.

Inévitables et nécessaires, ces illusions sont inséparables de l'homme.

L'homme a besoind'illusion dans la mesure même où il a besoin de connaissance.

Il ne s'agit pas de n'importe quelle illusion, mais d'uneillusion transacendantale.

Ni de n'importe quelle connaissance mais d'une connaissance intégrale.

Besoin d'illusion etbesoin de transcendance, sur le plan théorique, celui de la raison pure, cela revient au même.

Qui dittranscendantale, dit rupture avec la nature et dit en même temps l'aspect surnaturel de l'objet auquel on cherche àaccéder.

L'esprit ne se contente jamais de l'expérience.

La chaîne des raisons et l'enchaînement des conditions nelui suffisent pas.

Il prétend avoir accès à l'inconditionné, au fondement premier, à l'absolu.La raison raisonne, la raison se passionne et désire en vain accéder à l'absolu.

S'y soumettre ou le connaître.

Et sondésir nous fait croire à la possibilité de ce que nous désirons et on finit par prétendre (illusoirement) à l'Absolu et parprétendre (dérisoirement) à une compréhension entière.

La raison désire l'infini et prétend à un savoir entier.« Nous ne savons le tout de rien » d'où l'illusion.

De ce qui dépasse les cadres de l'expérience et de ce qui surpassele pouvoir de notre entendement «nous n'en savons rien » et pouvons rien savoir.

Cette limite est inavouée etinavouable.

Cela n'empêche pas la raison de se passionner pour la vérité, l'au-delà du sensible, l'au-delà de cettevie, l'immortalité, Dieu et la liberté.Kant : « Comme l'entendement, la raison est susceptible d'un double usage, l'un logique, l'autre transcendantal.L'usage logique n'est autre que le raisonnement : il consiste à rattacher un jugement à sa condition, quelles quesoient la valeur et l'origine de cette condition et comme la raison ne se contente jamais d'une explication prochaineà rechercher la condition de la condition, et ainsi de suite à l'infini, sans que nous puissions jamais atteindrel'inconditionné.

L'usage transcendantale, au contraire, exige un arrêt dans la régression de raison en raison ; il tendà suspendre le conditionné à un inconditionné ; il embrasse la série entière des conditions qui, évidemment doit êtreinconditionnée.

De là, le caractère inévitable de la RAISON MÉTAPHYSICIENNE : Cette tendance INVINCIBLE de laraison est de concevoir, avant de l'avoir achevée, la synthèse la plus haute des conditions.

De là ce besoin deréaliser, hors de toute intuition possible, l'inconditionné sous forme d'un être d'un objet déterminé ; de là l'ILLUSIONtranscendantale ; de là ces concepts de la raison pure auxquels ne peut correspondre aucun objet sensible».Par exemple l'illusion qu'offrent ces propositions :— «le monde a un commencement dans le temps et il est aussi limité dans l'espace».— « Il n'y a pas de liberté, mais tout dans le monde arrive suivant des lois naturelles ».— « Il n'existe nulle part aucun être absolument nécessaire ni dans le monde, ni hors du monde comme en étant la. »

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