Devoir de Philosophie

Un bonheur sans illusion est-il possible?

Publié le 15/04/2005

Extrait du document

illusion
Cesse donc enfin de te tourmenter.Mais peut-être ce qui cause ta peine, c'est le lot d'événements que t'a départi l'ordre universel du monde ? Remets-toi en mémoire cette alternative : ou il y a une providence, ou il n'y a que des atomes ; ou bien rappelle-toi la démonstration que le monde est comme une cité.Mais les choses corporelles, même après cela, te feront encore sentir leur importunité ? Songe que notre entendement ne prend aucune part aux émotions douces ou rudes qui tourmentent nos esprits animaux, sitôt qu'il s'est recueilli en lui-même et qu'il a bien reconnu son pouvoir propre, et toutes les autres leçons que tu as entendu faire sur la douleur et la volupté, et aux-quelles tu as acquiescé sans résistance. Serait-ce donc la vanité de la gloire qui viendrait t'agiter dans tous les sens ? Regarde alors avec quelle rapidité l'oubli enveloppe toutes choses, quel abîme infini de durée tu as devant toi comme derrière toi, combien c'est vaine chose qu'un bruit qui retentit, combien changeants, dénués de jugement, sont ceux qui semblent t'applaudir, enfin la petitesse du cercle qui circonscrit ta renommée. Car la terre tout entière n'est qu'un point ; et ce que nous en habitons, quelle étroite partie n'en est-ce pas encore ? Et, dans ce coin, combien y a-t-il d'hommes, et quels hommes ! Qui célébreront tes louanges ? Il reste donc que tu te souviennes de te retirer dans ce petit domaine qui est toi-même.

Le bonheur semble être la chose la plus communément recherchée par l’ensemble des hommes. Il peut être défini comme le but de l’existence. Relativement à son sens étymologique, le bonheur se définit comme un état stable et durable de satisfaction. En ce sens, il mêle nos plaisirs, nos besoins, et nos désirs à la réalité. Cependant, la question que pose le sujet nous invite à réfléchir sur la réalité ou l’effectivité de ce bonheur. Autrement dit, ceci nous invite à reconsidérer la conception que nous nous faisons de notre bonheur. Radicalement, l’interrogation porte sur la définition du bonheur, différenciant des bonheurs illusoires et peut-être un bonheur réel devant être recherché ; voire la possibilité même d’un bonheur que l’on pourrait qualifier de pur, c’est-à-dire n’étant pas soumis à l’illusion au risque sinon de ne plus trouver de sens à l’existence, donc de voir émerger la question « à quoi bon ? « et de verser dans le pessimisme. Il s’agit donc de ne pas s’abuser (illusion vient de illudere en latin = s’abuser, se jouer de…) relativement à la conception de notre bonheur ce qui engage dès lors nos choix de vie et le mouvement de notre existence. C’est alors que la question « un bonheur sans illusion est-il possible ? « prend toute son acuité, c’est-à-dire l’exigence d’un bonheur hic et nunc (ici et maintenant) et non dans un autre monde, ou après la mort. Or quand bien même un tel bonheur serait possible, on pourrait de demander s’il ne serait pas l’objet d’une illusion relativement à l’existence d’un bonheur même qui ne serait peut-être qu’une ruse pour nous inciter à aller de l’avant. En d’autres termes, le concept de bonheur constituerait lui-même une illusion, mais une illusion vitale, impliquant alors une différentiation entre les divers illusions.

illusion

« la société et il peut le réaliser ici et maintenant sans craindre le futur ni un quelconque châtiment divin.

En ce sens,le bonheur est non seulement possible sans illusion mais il n'y a que de cette manière qu'il peut exister [2]. Transition : Cependant, si l'on observe bien le mécanisme qui conduit à la production du concept de bonheur on peut voir qu'il apartie liée avec le désir.

Désir et bonheur se fécondent mutuellement car ce que je définis comme mon bonheur estl'objet de mon désir.

Or comme totalité le bonheur représente une somme de désirs et une stabilité dans leursatisfaction.

Dans ce cas, on pourrait radicalement se demander s'il n'y aurait pas un désir de bonheur et dès lorsprise avec l'illusion ? II – L'illusion sous-jacente au bonheur : impossibilité ou relativité du bonheur (inclusion conceptuelle) a) Mais comme le remarque Schopenhauer , dans le Monde comme Volonté et comme représentation « le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir… ».

En ce sens, si le bonheur est un état stable de plénitude, ce dernierne peut jamais être atteint et c'est pourquoi il utilise la métaphore del'aumône pour comprendre notre condition.

Si elle sauve la vie au mendiantaujourd'hui ce n'est que pour prolonger sa détresse jusqu'à demain et ainsi desuite ; or comme il le remarque, « sans repos, le véritable bonheur estimpossible ».

Résolument il s'agit d'un pessimisme et dans ce cas, le conceptde bonheur apparaît alors comme une illusion pour nous permettre de vivre,c'est-à-dire d'avoir un horizon d'attente dans l'espoir ou la croyance en desjours meilleurs. b) Il s'agit donc d'une ruse de notre nature ayant un effet psychologique etl'exemple le plus frappant nous est fourni par Schopenhauer lui-même dans son ouvrage : Métaphysique de l'Amour .

Développant une analogie entre un insecte recherchant une fleur et l'homme une femme pour faire son bonheur,Schopenhauer montre que l'homme sacrifie son réel bonheur par un mariageinsensé, uniquement pour servir l'espèce de la manière la plus appropriée etconformément à la volonté partout souveraine de la nature, même si c'est audétriment de l'individu.

La nature implante donc dans l'individu des buts qu'ilne suivrait pas lui-même rationnellement comme celui d'avoir des enfants etc.Ainsi pour Schopenhauer il s'agit d'un « mirage voluptueux ».

La définition quenous formons généralement du bonheur aurait donc comme sous bassement un instinct biologique : celui deconserver l'espèce. c) Le seul bonheur non illusoire possible serait alors celui de ne plus vouloir, puisque vouloir consiste à agir toujoursen vue d'un désir qui entraînera nécessairement une déception.

Et c'est bien ce que développe Schopenhauer dans les Fondements de la Morale .

En effet, tout acte de volonté est balancé entre inquiétude et désir.

Le bonheur n'est que négatif ; en lui, rien de positif.

Il n'y a pas de satisfaction qui, d'elle-même et comme de son propre mouvement,vienne à nous, il faut qu'elle soit la satisfaction d'un désir.

« Le désir, en effet, la privation, est la conditionpréliminaire de toute jouissance.

» Or, avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent la jouissance aussi.Donc la satisfaction, le contentement, ne sauraient être qu'une délivrance à l'égard d'une douleur.

Le fait immédiatpour nous, c'est le besoin tout seul, c'est-à-dire la douleur.

Vouloir est donc un fardeau.

Un bonheur sans illusion,comme état stable serait donc un état de non volonté dont on pourrait trouver un exemple dans la contemplationesthétique. Transition : Cependant, dans ce cas peut-on parler de bonheur ? Ou plus radicalement, une telle attitude sur le plan pratiquen'est-elle pas impossible et cela d'autant plus que ce que nous propose Schopenhauer semble être un exerciced'équilibre impossible à tenir car ne pas vouloir serait ne pas agir, ne pas vivre.

Le question serait alors à quoi bon ?En ce sens, c'est après cette extrémité peut-être qu'il faut réenvisager le rapport entre bonheur et illusion et lapossibilité même d'un bonheur au-delà de l'illusion.

III – redéfinition du bonheur, la nécessité de l'illusion comme illusion vitale.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles