CHATEAUBRIAND: anthologie

CHATBAUBRIABD (1768-1848). - Né à Saint-Malo; d'une vieille famille

bretonne. Elevé dans la solitude du chl\teau de Combourg, au milieu

d'une nature sauvage, auprès d'une soeur mélancolique et exaltée. Il va

ensuite aux collèges de Dol et de Rennes, puis se prépare à la carrière

militaire. Jeune officier, il séjourne à Paris, mais les voyages l'attirent;

il part pour l'Amérique et contemple là des horizons qui séduisent fortement

son imagination. Il en revient au début de .la Révolution et repart

pour l'armée des émigrés. Il prend part à quelques combats et est même

bleBI!é au siège de Thionville. Il passe ensuite en Angleterre où il se

débat avec la misère et comme.nce à écrire. C'est là qu'il apprend la

mort de sa mère et se. déc_ide à composer le Génie d.u Christianisme.

Rentré en France grâce au Consulat qui favorise le retour des émigrés,

il est très bien accueHli et connatt une période d'activité et de succès.

Chargé d'un poste dans la diplomatie, il donne sa démission au moment

de l'exécution du duc d'Enghien. Il voyage, écrit, et se montre ouvertement

partisan des Bourbens. A la Restauration, il joue un rôle politique,

ministre, ambassadeur; il s'oppose cependant aux directives de Louis XVIII.

Il ne se rallie pas au gouvernement de Louis-Philippe, mais reste, pendant

ses dernières années, le centre d'un grand mouvement de pensée et

de littérature. Il a écrit : l'Essai sur les Révolutions, Atals, René, le Génie

du Christianisme, les Natchez, le Dernier des Abencérages, les Martyrs,

l'Itinéraire de Paris à Jérusalem, de Buonaparte et des Bourbons, la Vie

de Rancé, les Mémoires d'outre-tombe.

L'influence .de Chateaubriand sur la premi~re partie du

XIXe siècle a été capitale. D'abord, par sa rêveuse et libre

enfance, dans les solitudes bretonnes de Combourg, il donne

au Romantisme son caractère essentiel de lyrisme mélancolique

et le pénètre des traditions de la poésie celtique. Puis, par son

origine aristocratique, son rôls dans l'émigration et ses idées

monarchistes, il transforme cette littérature, née de Rousseau,

et la caractérise en réaction politique et religieuse du début de

la Restauration. Il en augmente ainsi .Je prestige et en accentue·

le succès. Et surtout, il communique aux théories nouvelles

l'éclat et la séduction de sa propre personnalité.

Non seulement son oeuvre, par la magie du style et l'art des

descriptions, par la prenante mélancolie des thèmes, par l'exa·ltation

constante du moi, nous intéresse et nous émeut, mais

nous trouvons dans cette oeuvre une portée générale sur les

mouvements d'esprit et les goÛtS de tout le XIXe Siècle :

Dans le Génie du Christianisme, il a édifié, non pas tant

une apologétique nouvelle (assez faible d'ailleurs) qu'une véritable

critique littéraire, fondée sur l'émotion et sur la communion

avec la personnalité de l'auteur.