Comment comprendre la recherche de la vérité ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
par une finalité externe la recherche du bonheur.
Si la recherche de la vérité coïncide avec le bonheur, on peutdire que sa finalité est éthique, c'est à dire qu'elle constitue la meilleure manière de vivre.
Autrement dit, larecherche de la vérité ne vaut pas pour elle-même, il n'y a pas d'intérêt théorique qui puisse suffire à orienter larecherche.
Ainsi Epicure subordonne la recherche de la vérité qu'est la physique à la poursuite du bonheurcomme il le précise au § 85 de sa Lettre à Pythoclès : « la connaissance de ces phénomènes célestes (…) ne peut avoir qu'un but, l'ataraxie ».
La physique qui est la recherche théorique des phénomènes célestes estorientée par la recherche de l'ataraxie, qui désigne l'état de l'âme dépourvue de troubles.
Par conséquent larecherche de la vérité est subordonnée à la sagesse qui constitue l'art de vivre._ En ce sens, la philosophie est moins une recherche de la vérité qu'une recherche du bonheur.
Tous leshommes désirent en effet être heureux, mais bien peu le sont effectivement à cause de la peur.
La raison deshommes est troublée par des maux qui n'ont de réalité que dans leur esprit : ils craignent la colère des dieux, lamort, la douleur et se croient incapables d'atteindre le bonheur.
Face à ces maux, la philosophie constitue unethérapeutique, c'est à dire une médecine chargée de soigner l'âme.
L'antidote à ces quatre craintes est cequ'on appelle le tetrapharmakon , c'est à dire le quadruple remède : il n'y a rien à craindre des dieux, il n'y a rien à craindre de la mort, on peut atteindre le bonheur, on peut supporter la douleur.
Le quadruple remède chez EPICURE
Il n'y a rien à craindre des dieux.Imaginant que leur avenir dépend des caprices des dieux, les hommes nepeuvent vivre sereinement.
L'étude rationnelle de la nature dissipe lasuperstition, en montrant que les dieux ne jouent aucun rôle, ni dansl'univers (le monde résulte du mouvement et de la combinaison aléatoiredes atomes, non de la volonté des dieux) ni dans nos vies (leur seulefonction est de fournir aux hommes le modèle du bonheur : l'ataraxieparfaite).
Il n'y a rien à craindre de la mort.Contre l'angoisse de la mort, Épicure nous invite à penser qu'« elle n'estrien pour nous ».
La mort détruit la combinaison d'atomes qui nousconstitue et supprime toute sensibilité.
Quand on meurt, on ne sent plusrien, on ne peut plus ni jouir ni souffrir : la mort ne peut faire l'objetd'aucune expérience vécue.
Elle n'est donc pas à craindre parce qu'ellen'existe pas : la crainte de la mort est sans objet.
On peut supporter la douleur.Tous les êtres vivants fuient la douleur et l'homme la craint plus quetout.
Il s'agit d'une donnée inévitable de la vie : personne, pas même lesage, ne peut échapper à la maladie ou à la vieillesse.
Mais la douleur peut être surmontée par la pensée : alorsque le corps n'éprouve le plaisir et la douleur qu'au présent, l'âme peut embrasser le passé (se remémorer lesmoments heureux qu'elle a vécus) et l'avenir (anticiper sur la fin de la douleur, nécessairement limitée).
Le sagepeut endurer les pues souffrances, comme Épicure lui-même à l'heure de sa mort, parce qu'il a su atteindre lebonheur dans sa vie et se constituer une réserve de plaisirs que rien ne pourra effacer.
On peut atteindre le bonheur.Contrairement aux animaux, les hommes ne savent pas spontanément comment réaliser leur fin naturelle : leplaisir.
I rompes par leur imagination, ils poursuivent des biens illusoires.
L'usage de la raison, qui enseigne « cequ'il faut choisir et ce qu'il faut éviter », permet à l'homme d'adopter une conduite propre à le rendrevéritablement heureux.
_ Toute la science est donc orientée par cette thérapeutique de l'âme si bien si les hommes n'étaient pascontaminés par ces maladies de l'esprit, la recherche de la vérité pourrait tout simplement êtreabandonnée comme le dit la maxime fondamentale XI : « si nous n'étions pas troublés par la crainte des phénomènes célestes et de la mort, inquiets à la pensée que cette dernière pourrait intéresser notre être etignorants des limites assignées aux douleurs et aux désirs, nous n'aurions pas besoin d'étudier la nature ».
L'artde vivre est par conséquent la science suprême qui est supérieure à la science elle-même.
Mais si la recherchede la vérité est effectivement subordonnée à la recherche du bonheur, est-il bien certain que la connaissancede la vérité assure le bonheur ? III La recherche de la vérité doit-elle être abandonnée si elle empêche le bonheur ? _ La recherche de la vérité assure t-elle le bonheur ? Pour atteindre le bonheur, il faudrait être absolumentcertains de posséder la vérité.
Ainsi au chapitre XII de ses Hypotyposes pyrrhoniennes , Sextus Empiricus qui veut décrire la fin du scepticisme, relate le parcours de pensée qui mène un dogmatique à devenir sceptique.
Ledogmatique, c'est à dire l'homme qui affirme la vérité de ce qu'il dit recherchait l'ataraxie.
Or les contradictionsqu'il a rencontrées l'ont rendu incapable de juger, il adonc spontanément suspendu son jugement et est ainsidevenu sceptique.
La fin dans les deux cas est identique, c'est au niveau des moyens qu'un changement a eulieu.
Le dogmatique croyait obtenir l'ataraxie par l'affirmation de ce qu'il pensait être la vérité, or cette vérités'est montrée contradictoire, ce qui a démultiplié son inquiétude.
En effet « celui qui croit qu'une chose est.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Il est assez difficile de comprendre, comment il se peut faire que des gens qui ont de l'esprit, aiment mieux se servir de l'esprit des autres dans la recherche de la vérité, que de celui que Dieu leur a donné.
- « Il est assez difficile de comprendre comment il se peut faire que des gens qui ont de l'esprit aiment mieux se servir de l'esprit des autres dans la recherche de la vérité que de celui que Dieu leur a donné. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674.
- La recherche scientifique est elle une recherche de la vérité
- RECHERCHE DE LA VÉRITÉ (DE LA), 1674-1675. Nicolas Malebranche (résumé)
- RECHERCHE DE LA VÉRITÉ (De la) de Nicolas Malebranche