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Comment décider qu'un acte est juste ?

Publié le 24/01/2004

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« Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre « rappelait Spinoza dans son Éthique. La majorité des gens est d'accord sur le fait que les sentiments gênent, obscurcissent plus qu'ils ne fournissent un soutien aux raisonnements de toutes sortes et en particulier aux questions d'éthique. Agir de manière juste en tout, porter sur les actions d'autrui un regard assez pertinent pour avoir le sentiment de savoir à coup sûr si son action est juste et nécessaire est considéré tout d'abord comme une chose facile et qui va de soi — les êtres humains ayant besoin de porter des jugements rapides pour pouvoir adopter une attitude — puis ensuite comme une difficulté insurmontable : le temps passe et ils sont envahis par le remords et se rendent compte de leurs erreurs. Beaucoup alors se conforment à la loi, à la coutume, solution de facilité tandis que d'autres à l'aide de leur raison objective élèvent leurs propres tables de lois. Or est-on libre de voir le juste et de décider ce qu'est une action juste, est-ce en accord avec le tempérament humain ?

 

    La réponse peut sembler simple : ne suffirait-il pas de se fier à ce que dit la loi ?

    Mais le problème rebondit alors : à quelle condition une loi peut-elle être considérée comme juste ?

    Et si l'on parvient à déceler les conditions en question, comment garantir que la loi juste correspond bien à la totalité de ce que l'on peut entendre par « justice « ?

 

« Une action foncièrement juste est une action en accord avec un droit naturel non écrit qui fournit des axiomes enquelque sorte.

À partir de situations, de faits qu'on juge nécessaires strictement à tout être humain pour qu'il puissevivre convenablement, qui peuvent être le droit à la vie, au bonheur, on procède à une délibération conforme à laRaison aidée par la mémoire qui lui présente des expériences à partir desquelles peut se former un jugement Décidersi une action est juste ou pas s'apparente alors à une démonstration mathématique.

Ce jugement est d'autant pluspossible que la Raison est présente en quantité égale chez tout homme comme le rappelle René Descartes dès lespremières lignes de son Discours de la méthode.

Néanmoins la qualité du jugement est tributaire d'autres facteurs denature sensible : alors que la volonté est illimitée l'entendement ne saisit que par degrés.

Il faut donc éviter laprécipitation et la prévention qui empêche l'objet qu'on tente de saisir de devenir clair.

La justice suppose doncconstance et fermeté du raisonnement et par là tempérance, sagesse et courage, qualités d'un héros.

Car comme lesouligne Nietzsche dans un aphorisme de Fragments posthumes : même le plus courageux d'entre nous a rarement lecourage d'assumer tout ce qu'il sait.

Un jugement d'éthique repose également sur des expériences individuelles etnon sur les préceptes d'une loi.

Ainsi les tables d'Hammourabi qu'on a baptisées pompeusement premier code de loisdu monde, ne sont en réalité qu'un recueil de décisions, de jugements du roi qu'il faut méditer mais pas un recueil delois intransigeantes à observer stricto sensu.

Une action juste est donc une action rationnelle qui on a jugée bonneen soi c'est-à-dire délivrée des intérêts sensibles et qu'on juge digne d'être imitée et qui participe au bien deshommes.Même si cette action peut défavoriser certaines personnes, si elle est en accord avec l'intérêt et la dignité deshommes en général, on peut considérer que l'action est juste.

Par contre, le proverbe qui édicte que « la fin justifieles moyens » est à rejeter comme étant dangereux et servant à justifier des situations d'exceptions qui pour laplupart sont reconduites et qui n'avantagent aucunement les hommes en général.

Cette manière de décider si uneaction est juste fait appel à une raison froide et objective.

Malheureusement, à chaque jugement, à chaqueraisonnement, à chaque décision correspond un sentiment de joie, de victoire peu conforme avec l'Idée d'une raisondélivrée du sensible. Décider qu'une action est juste ou injuste malgré tout exige un recours à la sensibilité.

Ainsi pour être juste, il fautle vouloir.

Or nous sentons bien que la volonté est le dernier terme d'instincts qui luttent en profondeur : nos idéesviennent seules, la conscience n'a qu'un rôle minime.

D'autre part dans tout raisonnement, la domination estprésente : ergreifen par exemple veut dire en allemand à la fois comprendre et saisir.

Une part importante desubjectivité est donc présente dans tout jugement d'autant plus qu'on peut se demander si la fluidité de la vie peutse conceptualiser.

Par exemple le temps et ses intensités n'existaient pas avant que l'homme n'apparaisse sur lasurface de la Terre.

De plus l'imagination qui est faculté de de former des images est une faculté nécessaire à toutsavant et à tout philosophe.

Par conséquent dans tout raisonnement l'homme fait violence au réel.

La parfaiteobjectivité est un leurre.

Il faut donc accepter de juger en ayant conscience que l'homme ne pourra pas se délivrerde sa sensibilité.

Il faut accueillir les faits antagonistes avec la même sympathie et le même manque de haine et deressentiment qui sont les vrais ennemis de toute décision libre.

« Nos ennemis ont comme nous droit de vie ! » Décider qu'un acte est juste s'apparente à une véritable oeuvre créatrice.

Ne pas créer, c'est-à-dire obéiraveuglement à la loi peut conduire aux pires crimes Il faut au contraire en partant des droits que l'on jugeinaliénables de l'homme bâtir un raisonnement sans craindre de faire preuve de subjectivisme pour autant qu'onéchappe à la haine et au ressentiment.

Penser sans sentiment, c'est être une machine.

La loi ne doit servir qued'aide-mémoire et est nécessaire uniquement aux hommes incapables de créer qui ne peuvent découvrir le justed'eux-mêmes, la loi étant l'expression du Droit qui naît du conflit de deux personnes incapables de s'entendre.. »

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